Avec Jenson Button (McLaren), 34 ans, qui va prendre dimanche le départ de son 250e Grand Prix, c'est une certaine idée de la Formule 1 qui perdure depuis l'an 2000, quand un jeune Anglais talentueux, issu de la Formule 3, a débuté dans la catégorie reine du sport automobile.

«J'ai beaucoup appris, vous pouvez l'imaginer, en courant pendant 14 ans en F1», a dit Button jeudi. «Et ça a passé très vite: il y a cinquante courses, j'étais en Hongrie pour fêter mon 200e GP (ndlr: en 2011), et d'ailleurs je l'avais remporté!», a-t-il souri en conférence de presse.

La Hongrie, c'est l'un des GP préférés de Jenson, car c'est là qu'il avait remporté sa première victoire en F1, en 2006, à sa 113e tentative. Car même si ses débuts ont été prometteurs, chez Williams, la suite a été plus compliquée, chez Benetton, Renault et Honda. Il a dû attendre 2009 pour devenir champion du monde, chez Brawn GP (ensuite rebaptisée Mercedes-AMG).

Quand un journaliste lui a demandé jeudi quelle était sa F1 la plus mémorable, Button a hésité: «J'aimais bien celle de 2009, l'année où j'ai été champion, avec ses gros pneus avant. Je me suis bien amusé aussi en 2011, à cause du "diffuseur soufflé", difficile à apprivoiser. Il générait tellement d'appui aérodynamique que c'était incroyable».

«Si on regarde bien, 2004 était aussi une super année: des moteurs V10, 900 chevaux de puissance, à 20 000 tours/minute, avec en prime la guerre des pneus (entre Michelin et Bridgestone). La plupart des meilleurs tours de cette époque n'ont jamais plus été battus, en dix ans. C'était vraiment spécial».

Jenson transpire la course automobile depuis qu'il a fait ses premiers tours de roue en karting, couvé par son père, John, disparu brutalement en janvier. La F1, il peut en parler pendant des heures, d'un ton calme et posé, sans langue de bois, en prenant le temps de jauger la question pour apporter une réponse adéquate, avec des anecdotes en prime.

Amoureux du Japon 



«J'ai encore beaucoup à apprendre et je ne serai jamais un pilote parfait. C'est ce qui rend ce sport excitant», a-t-il aussi confié jeudi, toujours modeste et lucide. En 2013, il a vécu une saison «pourrie» (zéro podium), mais ce n'était pas la première de sa carrière, alors il a fait face. Il a aussi repoussé les attaques brouillonnes du Mexicain Sergio Pérez, son coéquipier plus jeune de dix ans. Et Pérez est reparti, trouvant refuge chez Force India.

En quinze ans de carrière, Button a gagné 15 fois, dont trois fois en Australie et deux fois en Hongrie. Il a soigné son palmarès en s'imposant sur les plus beaux circuits, à Spa-Francorchamps et Suzuka, à Montréal et Monaco, dans la Principauté où il a élu domicile. La dernière victoire, c'était à Interlagos, au Brésil, en clôture du championnat 2012.

Cette saison, il va entrer dans le Top 3 des pilotes les plus capés en F1. Avec 250 GP au compteur, dimanche soir, il se rapprochera encore des Italiens Riccardo Patrese (256 GP) et Jarno Trulli (252 GP), mais à distance du Brésilien Rubens Barrichello (323 GP) et de l'Allemand Michael Schumacher (307 GP).

Jenson a 34 ans mais une forme physique parfaite, entretenue par ses années de pratique du triathlon aux quatre coins du monde. En juillet prochain, dans la campagne anglaise, après la course de Silverstone, il organisera à nouveau le triathlon de sa Fondation destinée à recueillir des fonds pour la recherche contre le cancer.

En 2015, Honda redeviendra le partenaire moteur de McLaren, comme à l'époque glorieuse des bagarres entre Alain Prost et Ayrton Senna. Button aime le Japon, sa culture, et va bientôt épouser un mannequin japonais, Jessica Michibata.

Il a piloté pour BAR-Honda (2003-2005) puis Honda (2006-2008), laissant une belle empreinte dans le coeur des fans japonais. Il rêve de belles retrouvailles...