À 60 jours du prochain Grand Prix de Formule 1 à Montréal, son promoteur François Dumontier tire la sonnette d'alarme en interpellant les pouvoirs publics. Selon lui, il est urgent qu'ils concluent une entente sur la tenue de l'épreuve pour les années à venir. Sinon, la course du 8 juin pourrait devenir une date funeste dans l'histoire du sport automobile au Canada.

François Dumontier a toujours été discret au sujet des négociations qui entourent l'avenir de la Formule 1 à Montréal. Hier, dans une allocution prononcée devant des membres de la Chambre de commerce et d'industrie de Saint-Laurent-Mont-Royal, il a rompu avec ses habitudes.

«À 60 jours du Grand Prix 2014, il y a urgence. Oui, à 60 jours de son édition 2014, malheureusement, la pérennité du Grand Prix du Canada n'est pas encore assurée», a-t-il dit.

Le promoteur du Grand Prix a non seulement livré hier un plaidoyer à l'appui de l'épreuve, mais aussi rappelé que la prochaine course est la dernière du contrat actuel le liant à la société d'exploitation des droits de la F1, la FOM, présidée par Bernie Ecclestone.

«Nous sommes à négocier un nouveau contrat d'une durée de 10 ans couvrant la période de 2015 à 2024», a ajouté Dumontier. Pour obtenir ce contrat, il faut signer deux principales ententes. Celle qui lie le promoteur à la FOM est en soi une formalité. Mais celle qui lie les différents gouvernements entre eux sur le partage de la facture n'est toujours pas couchée sur papier.

«Le temps a filé, il file encore et aucune signature des partenaires n'a à ce jour été apposée au bas de documents officiels», a affirmé Dumontier.

Les gouvernements fédéral et provincial, la Ville de Montréal et Tourisme Montréal doivent se partager la facture des travaux d'amélioration des installations, évalués dans une fourchette de 25 à 40 millions. Ils doivent aussi se partager le paiement de la prochaine contribution annuelle de 15 millions indexée de 4% par année.

Selon Dumontier, ces partenaires publics se seraient entendus sur la prolongation de l'épreuve, la réalisation des travaux et - élément nouveau - le partage des coûts. Les pouvoirs publics récupéreraient à terme l'argent investi dans les travaux grâce aux 30% de la billetterie qui leur reviennent habituellement. Mais qu'en est-il des 15 millions annuels?

Ces négociations durent depuis deux ans. Celles-ci ont été considérablement ralenties par les nombreux changements d'interlocuteurs. En 18 mois, il y a eu deux changements de gouvernement provincial. Montréal a eu quatre maires en un an.

Le promoteur souhaite que les partenaires publics signent leur entente d'ici un mois. «Il faut rassurer les amateurs, on reçoit un grand nombre de questions sur ce qui va arriver après 2014. Et au lendemain du Grand Prix de juin, les droits de mon entreprise sur la course seront inexistants», justifie Dumontier. Sans compter que la promotion et la vente des billets pour l'édition suivante sont normalement lancées dès le lendemain de la course.

Le maire de Montréal s'est voulu rassurant hier à ce sujet. «On est en train de peaufiner les derniers points. [...] Je suis très confiant que dans les prochaines semaines, on va régler ça. C'est normal que lorsqu'il s'agit d'événements pour lesquels on signe pour 10 ans, il puisse y avoir certains peaufinages. Je veux qu'il y ait un Grand Prix, mais vous comprenez qu'il faut y aller de manière responsable», a réagi Denis Coderre.

Un optimisme qui n'est manifestement pas partagé par Ottawa. «Pour ce qui est du renouvellement de l'entente, nous travaillons en collaboration avec nos partenaires pour voir s'il est possible de conserver cet important événement à Montréal. Mais l'implication du gouvernement fédéral va devoir respecter la capacité des contribuables», nous a indiqué dans un courriel Vincent Rabault, attaché de presse du ministre des Affaires intergouvernementales Denis Lebel.

À Québec, le porte-parole de Philippe Couillard, Harold Fortin, a précisé que «le premier ministre désigné entend faire ce qui est nécessaire afin de voir à la viabilité de l'événement au cours des prochaines années».

Le calendrier provisoire de la saison 2015 sera publié en septembre. Ecclestone n'a pas encore mis le couteau sous la gorge de Dumontier. Cependant, «il faut agir sans tarder», insiste Dumontier.