La course au championnat des pilotes de Formule Un a été relancée, dimanche, après que Nico Rosberg ait été contraint d'abandonner, ouvrant la porte toute grande pour la victoire de son coéquipier chez Mercedes Lewis Hamilton au Grand Prix de Grande-Bretagne.

En l'emportant à Silverstone, Hamilton a du même coup rétréci l'avance de Rosberg au championnat des pilotes de 29 à quatre petits points seulement.

«Nous avons entamé la course sur les gommes dures et nous ne pouvions croire le rythme que nous avions, a relaté Hamilton. Je déteste voir un coéquipier connaître des ennuis, je voulais un doublé, mais j'avais vraiment besoin d'un résultat comme celui-ci.»

Le Britannique, champion en 2008, s'est élancé de la sixième place et a gagné deux rangs dès le premier tour, au cours duquel le drapeau rouge a été agité pour un accident impliquant le pilote Ferrari Kimi Raikkönen et son rival de Williams, Felipe Massa, en queue de peloton. En conséquence, la course a été interrompue pendant une heure afin de réparer une glissière de sécurité endommagée par la violence de l'impact.

Hamilton s'est emparé des commandes de l'épreuve après 29 tours, lorsque Rosberg a dû se ranger en bordure de piste en raison d'un problème de boîte de vitesses.

«J'ai ressenti quelque chose avant le début de la course, puis au 21e tour, a dit Rosberg. Quand j'ai réalisé qu'on avait un problème, j'ai cru que je pourrais réinitialiser mes paramètres de course et atteindre le fil d'arrivée même si je laissais Lewis me dépasser - mais c'était impossible.»

Il a franchi le fil d'arrivée environ 30 secondes devant le Finlandais Valtteri Bottas, sur Williams, qui avait pourtant pris le départ de la 14e position. L'Australien Daniel Ricciardo, sur Red Bull, a complété le podium devant le Britannique Jenson Button, vainqueur de l'épreuve en 2009.

«Je ne suis habituellement pas excité par une troisième place, mais c'est le cas aujourd'hui, a déclaré Ricciardo, vainqueur du Grand Prix du Canada en juin. Nous n'avions pas la meilleure voiture, mais nous l'avons bien exploitée et avons bien géré notre course avec un seul arrêt aux puits.»

Le quadruple champion du monde, Sebastian Vettel, a complété le top-5 à bord de sa Red Bull.

C'était la cinquième victoire de Hamilton cette saison, sa deuxième devant ses partisans et sa 27e en carrière, lui permettant de rejoindre son compatriote et triple champion Jackie Stewart dans le livre des records.

«Angleterre! C'est une sensation indescriptible les gars, je ne pourrais être plus heureux. Je suis désolé pour hier (samedi), mais on a fait un boulot fantastique aujourd'hui, comme toujours!», s'est écrié Hamilton dans la radio d'équipe.

Hamilton avait commis une erreur en qualifications samedi après avoir décidé de lever le pied en fin de séance, croyant à tort qu'il ne pourrait améliorer son temps à cause de la chaussée détrempée.

«Ça prouve qu'il ne faut jamais abandonner! En ce moment, j'ai des émotions partagées, mais nous avons les meilleurs partisans ici. C'est vous qui m'avez motivé. Au départ, je lui (Rosberg) ai permis de creuser l'écart afin de préserver mes gommes.»

Raikkönen a été impliqué dans un spectaculaire accident dès le premier tour. «Iceman» a perdu le contrôle de sa monoplace à très haute vitesse, a dérapé et a heurté les glissières de sécurité avant d'entrer en contact avec la Williams de Massa, qui disputait son 200e Grand Prix en carrière.

Les deux pilotes n'ont pas été blessés grièvement, mais Raikkönen, dont la voiture fut lourdement endommagée, s'est extirpé du bolide en sautillant. Il a ensuite subi un test d'imagerie par résonance magnétique au niveau de sa cheville droite. Massa a été contraint à l'abandon, tout comme Rosberg, mais les deux hommes sont demeurés dans les garages afin d'encourager leur équipe jusqu'à l'issue de l'épreuve.

La recrue danoise Kevin Magnussen (McLaren) a terminé septième, devant l'Allemand Nico Hulkenberg (Force India), la recrue russe Daniil Kvyat (Toro Rosso) et le Français Jean-Éric Vergne (Toro Rosso).

Lewis Hamilton: «Je pense que je la méritais»

Le Britannique Lewis Hamilton (Mercedes), vainqueur dimanche à Silverstone de son 27e Grand Prix de Formule 1, a estimé qu'il «méritait» cette victoire, se comparant à un joueur de tennis mené deux sets à zéro.

Qu'est-ce que ça vous fait de gagner ici pour la deuxième fois, devant votre famille et vos fans?

«Ce week-end montre bien qu'il ne faut jamais abandonner. Hier, je n'ai pas abandonné, j'ai juste pensé que ce n'était pas la peine de faire un tour de plus (en qualifications), je ne pouvais pas imaginer que la dernière portion du circuit serait aussi rapide, à la fin de la séance. Je suis revenu très concentré, j'ai senti les encouragements de tout le monde pendant la course et ça m'a vraiment motivé. Nous avons les meilleurs fans du monde ici. Sans eux, et sans ma famille, qui m'a bien remonté le moral hier soir après les qualifications, qui m'a permis de retrouver une énergie positive, je n'y serais pas arrivé. Ce n'est pas comparable à ma victoire de 2008, car c'était une autre époque, et il pleuvait, mais ça reste spécial de gagner ici. Je pense aussi à l'histoire de ce circuit, à tous les grands pilotes qui ont gagné ici dans le passé, au fait que j'avais mené l'an dernier, et je me sens privilégié. Ca me rend humble».

Comment avez-vous vécu cette course de l'intérieur, et surtout l'abandon de Rosberg?

«En début de course, Nico a réussi à creuser un bon écart et moi j'ai fait de belles manoeuvres, après j'essayais juste de ménager mes pneus et j'ai réussi à les faire durer plus longtemps que d'habitude. Avant qu'il abandonne, je revenais sur lui au rythme d'une seconde au tour, avec mes pneus durs, et je n'arrivais pas à croire que je pouvais aller aussi vite. Je l'ai chassé comme jamais auparavant, j'avais une voiture bien équilibrée, même si je n'avais pas pu faire de longs relais aux essais libres 2, et je me sentais très à l'aise. On ne souhaite jamais que son coéquipier abandonne et j'avais hâte de pouvoir me battre contre lui, roue dans roue, mais on aura à nouveau l'occasion de le faire à l'avenir. On travaille tous pour continuer à faire des doublés, mais je dois avouer que j'avais vraiment besoin de ce résultat donc je suis vraiment heureux de l'avoir obtenu. Je pense que je la méritais».

Est-ce que vous estimez que le championnat est complètement relancé?

«Je crois que je suis revenu à quatre points. J'ai entamé ce week-end en me disant que ce serait bien de le finir comme ça. J'ai même pensé que les fans pourraient souffler dans mes voiles et me pousser dans le bon sens, pour que la tendance se renverse en ma faveur. En fait, je suis à la poursuite de Nico depuis que j'ai perdu des points en début de la saison (ndlr: abandon en Australie), et j'ai dû repartir à la chasse après mon deuxième abandon (au Canada), donc c'est très difficile, un peu comme un joueur de tennis qui serait mené deux sets à zéro. Maintenant je peux me reconcentrer sur la deuxième moitié de la saison».

Propos recueillis par l'AFP sur le podium et en conférence de presse