Il ne reste plus que cinq manches dans le Championnat du monde de Formule 1 (Japon, Russie, Texas, Brésil, Abou Dhabi) pour départager les deux pilotes de l'écurie Mercedes-AMG, Lewis Hamilton et Nico Rosberg, que trois points séparent depuis la victoire d'Hamilton à Singapour.

Depuis son KO technique à Singapour (abandon de Rosberg), l'Anglais a repris, de justesse, les commandes de la course au titre: 241 points à 238, grâce à 7 victoires en 14 Grands Prix pour Lewis l'attaquant, qui n'avait plus mené au score depuis l'Espagne en mai.

De son côté, Rosberg n'a gagné que quatre fois (Australie, Monaco, Autriche, Allemagne) mais il a mené de mai à septembre, et il a fait deux fois le break, quand son avance a culminé deux fois à 29 points: d'abord fin juin, après l'abandon d'Hamilton au Canada et le doublé des Flèches d'Argent en Autriche, puis fin août, après le fameux accrochage de Spa dont il a ensuite assumé la responsabilité.

A chaque fois, Hamilton est revenu, à la réussite et au courage. Il a gagné à Silverstone, en profitant aussi du premier abandon de Rosberg, et surtout il est remonté du fond de grille en Allemagne et en Hongrie, après des qualifications calamiteuses, et a terminé sur le podium de ces deux courses remportées par Daniel Ricciardo (Red Bull), ce qui a bien préservé le suspense.

Derniers épisodes en date, ce GP d'Italie où Rosberg a tiré tout droit à la chicane, tout seul comme un grand, sous le pression de son coéquipier, et ce GP de Singapour en nocturne où l'Allemand a abandonné et où Hamilton a encore gagné, ce qui a quasiment remis les compteurs à zéro. Et si l'on regarde de plus près le nombre de podiums, victoires comprises, on a une égalité parfaite: 11-11.

Le match au meilleur des cinq manches commence dimanche à Suzuka, au pays de Kei Nishikori, le récent finaliste-surprise de l'US Open, et tout indique qu'il va aller au bout du suspense. Car la dernière manche, fin novembre à Abou Dhabi, comptera double (50 points au vainqueur, etc.), une idée de Bernie Ecclestone le grand argentier de la F1, pour éviter un sacre avant terme de... Sebastian Vettel.

Red Bull et Williams à l'affût

Suzuka, c'est l'arène idéale pour un duel de haut vol, agrémenté de passages à 300 km/h dans les courbes baptisées «130R» et «Spoon» (cuillère) où un gros coeur, un pied lourd, et si possible de bons pneus italiens sont fortement recommandés. Il y en a déjà eu beaucoup en terre nippone, des duels pour le titre, notamment entre Alain Prost et Ayrton Senna, à l'époque dorée où le Japon clôturait la saison de F1.

Quand Rosberg a parlé d'Hamilton en disant «l'autre», le samedi soir à Singapour, les experts de la F1 se sont souvenus que ce terme était parfois utilisé par les duettistes de chez McLaren, en guerre ouverte à la fin des années 80. Quant aux fans, ils espèrent juste que la bagarre, sur la piste, ne sera pas gâchée par des incidents mécaniques ou des accrochages malheureux.

Derrière les pilotes Mercedes-AMG qui visent un 8e doublé de l'année, dans un sens ou dans l'autre, grâce à la puissance évidente de leur moteur allemand, deux écuries seront comme d'habitude à l'affût pour ramasser les miettes du festin: Red Bull, avec ses moteurs Renault, et Williams, avec ses moteurs Mercedes «client» et de très bon châssis, dotés pour Suzuka d'importantes améliorations aérodynamiques.

Si la marge des Flèches d'Argent sur la concurrence s'est un peu réduite, une hypothèse évoquée à Singapour, sur un circuit en ville, rien de tel qu'un circuit bien classique, comme Suzuka, pour le vérifier. Et rien de tel que des conditions météo changeantes, avec des températures plus fraîches que d'habitude à cette époque, pour ajouter un élément d'incertitude à cette 15e manche de 2014.

Pour l'instant, dans le duel des titans entre gérants haut de gamme de budgets illimités, entre les duos Niki Lauda-Toto Wolff d'un côté, Christian Horner-Adrian Newey de l'autre, Mercedes-AMG mène 11-3 face à Red Bull (trois victoires de Daniel Ricciardo, aucune de Sebastian Vettel). Quant au match dans le match entre Hamilton et Rosberg, il ne fait que commencer...