Le circuit de Suzuka, où se disputera dimanche le Grand Prix du Japon de Formule 1, a souvent été le théâtre, depuis plus de 25 ans, de duels mémorables entre grands champions, de quoi motiver un peu plus Lewis Hamilton et Nico Rosberg, candidats au titre mondial 2014.

1re époque: Prost-Senna, les années McLaren

Le circuit a été construit en 1962, pour servir de piste d'essai à Honda, et il a fallu attendre 25 ans pour que le F1 Circus vienne y planter son chapiteau. Deux grands artistes, Ayrton Senna et Alain Prost, lui ont donné ses premières lettres de noblesse en se battant âprement alors qu'ils étaient coéquipiers chez McLaren, puis rivaux quand le Français est parti chez Ferrari. En 1988, Senna a d'abord raté son départ puis il est remonté comme un possédé et a doublé Prost pour remporter une victoire synonyme de premier titre mondial. C'était le début de la grande saga Prost-Senna, de l'époque dorée de McLaren-Honda.

Dès l'année suivante, «Le Professeur» prenait sa revanche sur le téméraire Brésilien qui, à quelques tours de l'arrivée, tentait de le passer à la chicane. Prost fermait la porte, provoquant l'accrochage entre les deux McLaren, puis Senna repartait et gagnait, puis était disqualifié pour avoir coupé la chicane, ce qui permettait à Prost de conquérir son 3e titre de champion du monde. Le divorce était consommé, Prost partait chez Ferrari.

Enfin, en 1990, parti en pole position, Senna se faisait surprendre par Prost, mais percutait la Ferrari au premier virage, volontairement. Les deux pilotes abandonnaient, mais le Brésilien n'était pas disqualifié et coiffait sa deuxième couronne. L'année suivante, Senna se trouvait un nouveau rival pour le titre, Nigel Mansell, mais le Britannique partait à la faute, au Japon, et permettait au Brésilien de rafler sa 3e et dernière couronne mondiale.

2e époque: de Schumacher à Vettel...

«Schumi» a gagné six fois à Suzuka, sur l'un de ses circuits préférés, mais il a dû attendre sa 5e visite pour réussir à gagner, en 1995 dans une Benetton. L'année d'avant, il avait dû se contenter de la 2e place derrière la Williams de Damon Hill, auteur d'une belle résistance ayant retardé le premier sacre de l'Allemand. En 1996, Hill gagna à nouveau, facilement, et profita de l'abandon de Jacques Villeneuve pour conquérir son seul titre de champion du monde, ce GP du Japon clôturant la saison.

Cinq ans après sa première victoire, Schumacher revient à Suzuka dans une Ferrari et assure son 3e titre de champion du monde, le premier chez Ferrari, après les deux titres conquis chez Benetton (1994, 1995). Pour la Scuderia, c'est le premier titre pilote depuis celui du Sud-Africain Jody Scheckter en 1979. Et quatre autres vont suivre, d'affilée, pour le Baron Rouge, de 2001 à 2004, dont trois assortis d'une victoire à Suzuka, pour marquer le coup.

Après un intermède de quelques années, un autre Allemand lui a succédé au palmarès, Sebastian Vettel, victorieux quatre fois lors des cinq dernières éditions: 2009, 2010, 2012, 2013, soit un taux de réussite comparable à celui de son glorieux aîné. Vettel n'a pas gagné en 2011, mais il avait une bonne raison: il n'avait qu'un petit point à marquer, à Suzuka, pour décrocher son 2e titre mondial. Il a fait beaucoup mieux, terminant 3e d'un GP remporté par Jenson Button devant Fernando Alonso. Deux autres champions du monde, toujours en activité, qui apprécient beaucoup Suzuka. À suivre.