Lewis Hamilton a émergé du chaos engendré par la crise financière de la Formule 1 en remportant le Grand Prix des États-Unis de Formule 1 devant son coéquipier Nico Rosberg et devant 107 778 spectateurs ravis de leur dimanche au soleil sur le Circuit des Amériques.

Sur le podium, le probable futur champion du monde, de très bonne humeur, a d'abord voulu piquer le chapeau de cowboy de Mario Andretti, le champion du monde 1978 et ambassadeur du circuit, venu l'interroger à chaud: «-Tu me le prêtes ? -Non, car là je suis encore en mission officielle. -Ah oui, c'est vrai, tu es le shérif !», a rigolé Hamilton.

C'était drôle et ça faisait du bien, après trois jours de discussions sans fin sur l'état de santé de la F1, suite à la faillite de Caterham et Marussia, et sur l'avenir très flou de la catégorie reine du sport automobile. Marussia, l'équipe de Jules Bianchi, toujours hospitalisé au Japon dans un état «critique» un mois après son accident sur le circuit de Suzuka.

En 2012, après sa victoire dans une McLaren, Lewis avait reçu en cadeau, sur le podium, un grand Stetson. Cette fois-ci encore, il a remis de l'ordre dans la maison F1, comme un «shérif» sûr de sa force, en produisant une course de haute volée au volant de la meilleure voiture du plateau, sa Mercedes W05. Et en dépassant Rosberg sans coup férir, au 24e tour.

Comparé ensuite, en conférence de presse, à un chevalier Jedi, Lewis a apprécié le compliment: «J'aime cette référence, c'est cool». Dans Star Wars, les chevaliers Jedi savent maîtriser la Force et l'utilisent uniquement pour faire le bien. Ils s'entraînent beaucoup pour arriver à l'harmonie parfaite entre le corps et l'esprit. Comme Hamilton.

Wolff: «Lewis est très fort»

Dix victoires en 17 GP de 2014, dont cinq d'affilée, depuis Monza. Hamilton peut compter sur 24 points d'avance au classement. Rosberg n'a pas abdiqué.

«Je vais continuer à attaquer au fond, jusqu'à la fin», a-t-il promis, mais il a encore fait une petite erreur dimanche, au bout de la grande ligne droite, et l'Anglais a sauté sur l'occasion.

«À ce moment-là, je n'ai pas fait exactement ce qu'il fallait pour disposer d'un supplément d'énergie tout de suite, au moment du freinage», a expliqué Rosberg après le «débriefing» technique avec ses ingénieurs. Hamilton était derrière lui depuis le départ, prêt à bondir. Il y avait la place, il a plongé à l'intérieur du virage 12, il est passé.

Même si Hamilton gagne une nouvelle fois au Brésil dimanche prochain, et que Rosberg ne finit pas dans les points, il n'aura que 49 points d'avance avant la grande finale d'Abou Dhabi, le 23 novembre, qui rapportera 50 points au vainqueur. Le suspense sera donc intact jusqu'au bout, car un incident mécanique n'est jamais à exclure. Ce serait profondément injuste pour Hamilton, mais c'est possible.

«Lewis est très fort», a résumé Toto Wolff, le gérant de Mercedes-AMG. Il domine cette fin de saison comme Sebastian Vettel l'an dernier, dans sa Red Bull. Il a pris l'ascendant sur Rosberg, à la régulière, et son titre n'en aura que plus de valeur, car il l'aura obtenu, à armes égales, face à un sacré pilote, aussi rapide que propre.

Autre signe du destin, cette victoire au Texas, la 32e d'Hamilton en F1, est arrivée six ans, jour pour jour, après son premier sacre à Interlagos, en 2008. Une victoire obtenue avec la manière, celle d'un champion authentique, serein, populaire, bien dans sa tête et redoutable sur la piste. Chapeau, cowboy !