Un mois et demi après son accident effroyable sous la pluie battante de Suzuka, le jeune pilote de F1 français Jules Bianchi a été sorti du coma artificiel et transféré mercredi à Nice, depuis l'hôpital nippon où il était veillé par ses proches.

«Jules n'est plus dans le coma artificiel dans lequel il avait été placé peu après l'accident, mais il est toujours inconscient» et «son état est toujours considéré comme critique», a annoncé la famille du pilote de l'écurie anglo-russe Marussia, dans un communiqué annonçant son arrivée à l'hôpital de Nice.

Sans donner beaucoup de précision sur l'état de santé du jeune pilote de 25 ans, sinon qu'«il respire sans assistance», le communiqué précise que «son traitement entre désormais dans une nouvelle phase, consacrée à l'amélioration de ses fonctions cérébrales».

Une porte-parole de l'établissement a précisé à l'AFP que «l'hôpital ne communiquera pas» et que les seules communications émaneront de la famille.

Plongé dans un coma artificiel dès son accident, l'ancien élève de l'académie Ferrari a quitté l'hôpital japonais de Yokkaichi dans la nuit de mardi à mercredi, après que son état de santé a été jugé «suffisamment stable pour qu'il soit rapatrié en France, son pays».

S'il apparaît prématuré de se prononcer sur le devenir de Bianchi, on peut craindre ou supposer des lésions graves d'après les médecins.

Le précédent «Schumi»

À titre de comparaison, Michael Schumacher, l'ancien maestro allemand de la F1, avait lui été sorti de son coma artificiel fin janvier, à peine plus d'un mois après son grave accident de ski, en décembre 2013, à Courchevel, dans les Alpes françaises.

Interrogé par l'AFP sur les sorties de coma artificiel, un anesthésiste-réanimateur de l'hôpital de Bicêtre (région parisienne) avait alors souligné que la route pouvait «être très longue», la santé du pilote pouvant «s'améliorer entre un an et trois ans après l'accident».

«Schumi» lui était sorti du coma cinq mois plus tard, en juin, après avoir montré pendant plusieurs semaines des «moments de conscience et d'éveil», et avait été transféré de l'hôpital de Grenoble à l'hôpital universitaire de Lausanne en Suisse. Le septuple champion du monde avait ensuite rejoint son domicile suisse de Gland en septembre, où il poursuit depuis sa rééducation. Aucune précision n'a jamais été donnée depuis sur son état de santé.

Jules Bianchi avait vu sa jeune carrière brisée brutalement le 5 octobre, au 42e tour du Grand Prix du Japon. Sous la pluie, le pilote Marussia avait perdu le contrôle de son véhicule dans le virage 7, la courbe «Dunlop», pour finir par s'encastrer sous l'engin d'élevage présent au même endroit pour évacuer la Sauber d'Adrian Sutil sortie au tour précédent.

Bianchi, un héritage familial

Cet accident dramatique avait provoqué une forte polémique, notamment autour de l'intervention de cet engin sans que la course ait été au préalable neutralisée par le commissaire de course. De fait, la voiture de sécurité n'était entrée en lice qu'au 44e tour, après l'accident de Bianchi justement.

Parmi les critiques s'était notamment élevée la voix d'Alain Prost, le quadruple champion du monde de Formule 1, dès le lendemain du drame. «L'entrée de cette grue sans le régime de la voiture de sécurité est totalement inacceptable. C'est une vraie faute à ne pas renouveler», avait accusé l'ancien pilote.

Né à Nice en août 1989, Jules Bianchi a attrapé le virus de la compétition dans une famille originaire de Milan et fanatique du sport automobile qui avait quitté l'Italie en 1950. Mauro, son grand-père, avait été un très bon pilote de F3 et d'endurance, notamment chez Alpine-Renault, et l'une des grandes figures du sport automobile des années 1960.

Mais l'accident de Jules avait surtout fait remonter à la surface un autre drame familial, celui de son grand-oncle, Lucien, qui avait couru 17 Grands Prix de F1, montant sur le podium à Monaco en 1968 et remportant la même année les 24 Heures du Mans, avant de se tuer lors des essais de ces mêmes 24 Heures un an plus tard, prisonnier des flammes de son bolide, à 34 ans.