La saison de Formule 1 achevée avec le deuxième couronnement mondial de Lewis Hamilton aura connu beaucoup de soubresauts, surtout en coulisses. Ce qu'on peut en retenir offre déjà des perspectives pour l'année prochaine. Cette saison va se prolonger.

HAMILTON, LOGIQUEMENT

Avec 11 victoires, 7 positions de tête et 16 podiums, Lewis Hamilton a logiquement remporté le titre de champion du monde - son deuxième - au regard de ces statistiques. Le Britannique a fait preuve de régularité en montant toujours sur le podium lorsqu'il n'abandonnait pas et en réalisant deux séries de victoires (quatre puis cinq). Il n'a jamais défailli ni commis d'erreurs préjudiciables. Son rival et coéquipier Nico Rosberg l'a surtout dominé en qualifications sans réussir à concrétiser systématiquement en course. Le duel fut intense du premier au dernier Grand Prix. Il laissera des traces psychologiques entre les deux hommes tant la cohabitation fut parfois difficile. L'Allemand a reconnu que le Britannique « a été un peu meilleur que [lui] cette année ». Le scénario se répètera la saison prochaine. Reste à savoir si Vettel, chez Ferrari, et Alonso, sans doute chez McLaren, pourront rivaliser.

CES MOTEURS QUI ONT FAIT TANT JASER

Ils ont fait plus de bruit en coulisses et dans les paddocks que sur les pistes. Les nouveaux moteurs V6 turbo hybrides voulus par la FIA ont été décriés pour leur sonorité discrète. Au nom d'économies d'essence qui auraient pu être réalisées autrement, on a sacrifié un bruit légendaire et mis en péril la F1, ont estimé leurs détracteurs. Ils ont aussi engendré une autre domination sans partage. Les Mercedes ont succédé aux Red Bull, ne laissant que des miettes à la concurrence. On ne reviendra vraisemblablement pas au V8, comme cela a circulé dans les paddocks, mais les motoristes Renault, Ferrari et Honda vont encore réclamer ces prochains mois un assouplissement des règles afin de rattraper leur retard sur Mercedes.

FERRARI, LES TÊTES TOMBENT

À l'issue d'une saison catastrophique, une nouvelle tête est tombée hier chez Ferrari. Marco Mattiacci a été remplacé par Maurizio Arrivabene, vice-président de Philip Morris International et président de la filiale italienne de Marlboro, commanditaire historique de Ferrari. En un an, la Scuderia aura ainsi consommé trois directeurs d'écurie, Mattiacci ayant succédé à Stefano Domenicali en avril. Larguées dès le début de saison par les Mercedes, dotées d'un moteur fiable mais insuffisamment performant, les voitures rouges n'ont décroché aucune victoire ni position de tête et n'ont compté que deux podiums. Un bilan famélique jamais vu depuis 1994. L'image forte de cette débâcle restera le départ hâtif du président de Ferrari, Luca di Montezemolo, du circuit du Bahreïn, découragé par les piètres comportements de ses voitures. Ce dernier paiera pour les mauvais résultats, débarqué et remplacé par Sergio Marchionne lui-même, après 23 ans à la tête de la marque au cheval cabré. Inéluctablement, Fernando Alonso ne pouvait plus rester. Surtout après l'annonce de l'arrivée de Sebastian Vettel. Du mieux est-il à venir ?

L'ACCIDENT DE BIANCHI

Vingt ans après les décès d'Ayrton Senna et de Roland Ratzenberger sur le circuit d'Imola, l'accident de Jules Bianchi à Suzuka a rappelé que le risque zéro n'existait pas en Formule 1. Lorsque l'anniversaire de la disparition du pilote brésilien a été souligné ce printemps, beaucoup ont louangé les progrès effectués en matière de sécurité. Les circonstances de l'accident grave du pilote Marussia ont cependant mis en exergue certaines limites du processus d'intervention d'urgence en bordure de piste. Et ont relancé le débat sur la nécessité de neutraliser les courses à chaque incident. L'idée de doter les F1 d'un cockpit fermé, comme en Endurance, a ressurgi. Jules Bianchi a été récemment rapatrié en France. Sorti de son coma artificiel, le jeune Français est toujours inconscient et dans un état critique. Son traitement consiste à améliorer ses fonctions cérébrales. Il est passé à deux doigts de la mort, le sport automobile est terminé pour lui.

DES ÉCURIES À L'AGONIE

C'était prévisible. Dès le début de la saison, le microcosme de la F1 savait que des équipes ne se rendraient pas au terme de la saison. Les dépenses nécessitées par le nouveau groupe motopropulseur hybride ont fait augmenter les budgets alors que les rentrées d'argent sont restées insuffisantes pour Marussia, Caterham, Sauber, voire Lotus. Si elles n'ont pas derrière elles un constructeur automobile, une grande entreprise ou de gros commanditaires, il leur est difficile de faire face à l'inflation des coûts et à la répartition inégale des revenus, et donc de progresser et d'être compétitives. Marussia a mis la clé sous la porte avant la fin de la saison, Caterham n'est pas sûr de revenir, le problème reste entier pour Sauber. Cette diminution du nombre d'écuries l'an prochain pourrait être compensée par l'apparition d'une troisième voiture chez les quatre plus grosses équipes. Une commission technique statuera là-dessus aujourd'hui. En attendant, les problèmes des «pauvres» ne sont pas réglés.