L'écurie Mercedes-AMG, championne du monde en titre, va continuer à «laisser courir» ses pilotes, Lewis Hamilton et Nico Rosberg, pendant la saison 2015 de Formule 1 qui débute dimanche à Melbourne, a expliqué à l'AFP son dirigeant Toto Wolff.

Q: Qu'allez-vous changer pour animer cette saison 2015?

R: «On ne va pas changer notre approche, notre philosophie de laisser courir les pilotes, même si ce n'est pas toujours facile. Pour nous-mêmes, pour la marque Mercedes, pour la F1, c'était important de les laisser se battre l'un contre l'autre».

Q: Avez-vous pu mesurer les effets positifs du duel Hamilton-Rosberg?

R: «Nous n'avons pas cette statistique du "win on Sunday, sell on Monday" (gagner le dimanche, vendre le lundi) car c'est difficile à mesurer. Modifier la perception d'une marque, ça prend plusieurs années. La F1 participe au changement de perception, grâce à l'angle sportif, au côté dynamique du duel entre Nico et Lewis. Si les gens se rappellent que Mercedes domine la F1, ça veut aussi dire leader technologique, innovation, hybride, et ça aide. Il y a sûrement un impact, mais de combien, je ne sais pas».

Q: Avec le recul, auriez-vous pu gérer mieux, à chaud, l'accrochage de vos pilotes au Grand Prix de Belgique?

R: «Si l'on n'a pas d'émotions dans ce sport, on perd beaucoup. La manière dont on gère l'équipe, c'est aussi avec de l'émotion. Avant Spa, on était tout à fait conscient qu'on pourrait avoir une telle situation. On a eu une approche consciente, à peu près contrôlée, car on savait ce qu'on voulait laisser sortir. Le but, c'était que ça ne se répète plus. Toute la réaction, la communication après Spa, s'est faite en tenant compte de cela. On peut toujours améliorer, mais on ne regrette pas d'avoir parlé. Et on n'a plus perdu une seule course après, on a fait cinq doublés d'affilée».

Q: Les deux titres mondiaux de 2014 (pilotes et constructeurs) ont-ils permis de rallier les derniers détracteurs de la F1 au sein de Mercedes?

R: «Dans un grand groupe multinational, il n'y a pas de fans. Il faut une argumentation professionelle, rationnelle, pour justifier cet engagement, cet investissement, et une stratégie marketing. Les discussions en interne étaient tout à fait justifiables car ça ne fonctionnait pas. Mais quand on est compétitif, quand on se bat pour des victoires et des championnats, la marque en profite. Aujourd'hui, ça fonctionne et ça justifie l'investissement».

Q: Cela vaut-il la peine de fournir des moteurs à des écuries en difficulté qui ne vont pas forcément les payer en temps et en heures?

R: «Notre plan d'affaires est aussi basé sur le fait de pouvoir générer du revenu de la part d'équipes clientes. Aujourd'hui, nous en avons trois (Williams, Force India, Lotus), et jusqu'à maintenant nous n'avons pas eu de problème, même s'il faut être réaliste sur la situation de certaines équipes».

Q: Quel est le prochain défi pour Mercedes-AMG en 2015?

R: «En termes de communication, on pousse sur les réseaux sociaux. On a vraiment beaucoup de succès en termes d'audience, avec 85% d'internautes qui ont moins de 35 ans, et on va continuer à développer cela. La communication change, il y a une transition des spectateurs depuis les médias traditionnels, comme la télévision, vers les réseaux sociaux. Aujourd'hui, ce sont les réseaux sociaux qui donnent accès à la F1».

Propos recueillis à Jerez par Daniel Ortelli