Attendu comme le messie par Ferrari, l'Allemand Sebastian Vettel a déjà réussi, en trois mois, au siège de Maranello et sur la piste, à Jerez et Barcelone, à faire l'unanimité autour de lui et à relancer l'intérêt de nombreux «tifosi» pour la prestigieuse Scuderia.

C'est déjà un joli résultat, car le quadruple champion du monde est arrivé à la fin novembre dans un véritable champ de mines, dévasté par le manque de résultats: aucune victoire en 2014, pour la première fois depuis 1993, et deux maigres podiums pour Fernando Alonso, l'idole déchue.

Heureusement pour Vettel, la plus grosse partie du déminage a été effectuée, avant son arrivée, par Maurizio Arrivabene, en suivant à la lettre les instructions de Sergio Marchionne, le pape à col roulé du groupe Fiat-Chrysler. Dans la charrette d'Alonso, plusieurs cadres techniques (Pat Fry, Nikolas Tombazis) sont partis aussi, remplacés par des hommes neufs.

Jean Todt n'a pas procédé autrement quand il a créé la dernière «dream team» de la Scuderia, il y a près de 20 ans, autour d'un autre champion du monde allemand, Michael Schumacher, déjà deux fois sacré chez Benetton (1994-1995). Sauf qu'il a alors débauché, en plus de «Schumi», les cerveaux de l'écurie italienne, Ross Brawn et Rory Byrne.

Vettel, surnommé «Baby Schumi» à ses débuts, est arrivé seul, à la fin novembre, dès que son contrat avec Red Bull a pris fin. Et pour commencer il a roulé sur la piste privée de Fiorano avec une F1 de 2012, celle qui avait permis à Alonso de le menacer jusqu'au bout (3 points d'écart) d'une saison épique, celle qui aurait pu tout changer pour le champion espagnol et la Scuderia.

Puis Vettel a travaillé tout l'hiver, avec une constance totale, une modestie absolue, pour fédérer la Scuderia autour de lui, les anciens et les modernes, et fignoler, dans le simulateur et les ateliers, la préparation de la SF15-T qui allait participer aux essais hivernaux, à Jerez et Barcelone.

«"Seb" est différent, très professionnel. Il me rappelle un autre gars venu d'Allemagne...», a plaisanté Arrivabene quand on lui a demandé de résumer les premiers mois de Vettel à Maranello. Il est bien placé pour comparer Vettel et Schumacher car il dirigeait Philip Morris, principal sponsor de Ferrari, quand le glorieux aîné a enchaîné cinq titres, de 2000 à 2004.

Ferrari, la deuxième force?

«J'ai été impressionné par sa concentration et comment il travaille sur les moindres détails de la voiture. Il prend des notes et parle de ces notes pendant les briefings. Il est totalement intégré à l'équipe, il fait partie de la famille, à 120%».

«Il est aussi très drôle. Il a les pieds sur terre. Il est très humble, mais je ne suis pas surpris qu'il ait déjà remporté quatre titres mondiaux», a ajouté Arrivabene, très heureux aussi de pouvoir compter sur Kimi Räikkönen. Le seul véritable ami de Vettel dans le paddock avait apporté à la Scuderia son 15e et dernier titre pilotes, en 2007. Il en est aujourd'hui le complément idéal.

«C'est bien pour la F1 que Ferrari revienne», a tout de suite jugé Toto Wolff, le patron de Mercedes-AMG. Ses pilotes ont fait attention, pendant les deux premières sessions d'essais, de ne pas rouler trop vite, pour ne pas gâcher le début de printemps italien. Puis tout est rentré dans l'ordre, avec les Flèches d'Argent loin devant, mais le message était passé: Ferrari va mieux.

«Je souhaite que Ferrari s'établisse comme la deuxième force derrière Mercedes», a dit Vettel avant d'embarquer pour l'Australie. «À ce stade, c'est évidemment difficile de dire si nous pouvons gagner une course dès cette saison, mais on espère bien pouvoir rattraper Mercedes», a ajouté le jeune père de famille.

Vettel n'a que 27 ans, et déjà quatre titres à son actif, donc le temps joue pour lui. «J'ai déjà été champion du monde avant, c'est le type de pression que je m'impose moi-même», a-t-il souligné, sûr de sa force. Il est convaincu qu'il ramènera le titre à Maranello, à court ou moyen terme, «sinon, je n'aurais pas franchi le pas». Il a franchi le pas et il avance, sur les traces de «Schumi».