L'écurie Mercedes-AMG, championne du monde en titre, semble capable d'enchaîner sur le même rythme, après une saison de tous les records (16 victoires, 18 pole positions, 11 doublés et 30 podiums en 2014), et donc de s'imposer dimanche au Grand Prix d'Australie de Formule 1.

Ses deux pilotes, Lewis Hamilton et Nico Rosberg, sont gonflés à bloc par leurs essais hivernaux sur les pistes espagnoles de Jerez et Barcelone. Sûrs de leur force, ils n'ont pas cherché la performance et ont laissé s'illustrer leurs rivaux, petits (Sauber) ou grands (Ferrari), histoire de relancer, à moindres frais, l'intérêt pour la F1.

Lewis le Britannique, désormais double champion du monde, a déjà gagné à Melbourne en 2008, l'année de son premier titre mondial, mais pas l'an dernier, à cause d'un problème de moteur. Quant à Nico l'Allemand, il a bien profité de ces trois mois de vacances pour se refaire un moral et digérer la déception du titre perdu à la dernière manche, fin novembre à Abou Dhabi.

«Lewis et moi, c'est un peu comme Federer et Nadal», a dit Rosberg samedi dans L'Équipe Magazine. La comparaison est osée mais la rivalité est totale entre les deux résidents monégasques qui se battent à armes égales, comme le maître-horloger de Wimbledon et le taulier espagnol de Roland-Garros. Et même s'ils ne sont pas redevenus amis, la tension est retombée.

Hamilton et Rosberg auront encore vingt occasions cette année de montrer qui est le meilleur des deux, comme quand ils roulaient en karting puis tentaient, le soir, de manger plus de pizzas que leur copain. Et Toto Wolff, leur patron, n'a pas l'intention de gâcher la fête en leur infligeant des consignes de course.

Beaucoup de candidats au podium

«Nous ne changerons pas notre philosophie. C'est important qu'ils continuent à se battre, même si ce n'est pas toujours facile à gérer. C'est bon pour la F1 et c'est bon pour Mercedes. Il faut de l'émotion dans ce sport», a dit Wolff à l'AFP. Quant à Hamilton, il a juste confié qu'il trouverait «plus excitant» de se battre contre «plusieurs pilotes», pas seulement Rosberg.

Justement, c'est l'un des sujets du moment: qui va être capable de résister au bulldozer allemand, de monter de temps en temps sur le podium, ou même de gagner un ou deux Grands Prix? Les candidats sont nombreux, mais il y aura peu d'élus. Au premier rang, on trouve forcément Ferrari, car la Scuderia a débauché Sebastian Vettel et tout changé à Maranello pour le satisfaire.

«Nous voulons être la deuxième force et rattraper Mercedes», a annoncé le quadruple champion du monde. Son association avec Kimi Räikkönen, désormais père de famille comme lui, promet beaucoup. Alors que l'autre tandem de champions du monde, constitué par Fernando Alonso (forfait à Melbourne) et Jenson Button chez McLaren-Honda, va connaître un début d'année délicat. Le moteur japonais n'est pas prêt.

Dans le camp Renault, Red Bull Racing mise désormais sur Daniel Ricciardo, trois fois victorieux l'an dernier. L'Australien a un nouveau statut et continue à sourire. Si le motoriste français a comblé une partie de son retard, et si la RB11 est meilleure que la RB10, le natif de Perth aura les moyens de perturber la procession des Flèches d'Argent, voire de toucher encore la cible, de temps en temps.

Pour finir l'état des lieux, il faut mentionner les trois autres candidates au podium, toutes propulsées par des blocs hybrides Mercedes: Williams, Lotus et Force India. En plus d'un bon moteur, elles ont toutes au moins un très bon pilote (Bottas, Grosjean, Hülkenberg) capable de tirer son épingle du jeu si ça se complique devant. Peut-être dès dimanche soir à Melbourne, qui sait?