Ce n'est pas encore un duel au sommet, surtout au vu des écarts dimanche au Grand Prix d'Australie, mais tous les ingrédients sont réunis pour qu'en 2015 Mercedes et Ferrari sauvent la F1 de l'ennui.

Le premier Grand Prix de l'année s'est conclu sur les deux premières places du duo de Mercedes, Lewis Hamilton et Nico Rosberg. Un podium complété par un pilote Ferrari, Sebastian Vettel, quadruple champion du monde régénéré par son transfert retentissant cet hiver, de Red Bull Racing à la Scuderia.

L'écurie allemande a ainsi signé avec la manière un nouveau doublé, dans la foulée des o11 de 2014.

En performance pure, les Mercedes semblent toujours loin devant les autres monoplaces: en qualifications, il y avait une seconde et demie d'écart au tour entre Hamilton (qui a pris la pole devant son coéquipier Rosberg) et la première monoplace d'une autre écurie que Mercedes, la Williams de Felipe Massa (troisième temps).

Mais en course, où bien d'autres paramètres entrent en ligne de compte, l'écart était nettement moins tranché, puisque les deux Ferrari n'étaient qu'à une demi-seconde au tour des Flèches d'Argent.

Le circuit permanent de Malaisie, le 29 mars lors du prochain Grand Prix, donnera une idée plus précise des forces en présence.

Guerre psychologique

En attendant, on peut compter sur Ferrari pour assurer le service après-vente d'une F1 qui reste en crise... et pour chauffer à blanc une presse italienne regonflée à bloc après sept saisons sans titre mondial.

Vettel, qui en connaît un rayon sur la guerre psychologique, a décoché ses premières attaques dimanche soir, en conférence de presse, en lançant à Rosberg: «Vous finissez avec 30 secondes d'avance sur nous et tu dis que tu aimerais bien qu'on soit plus proches? C'est sérieux? OK, alors je suggère que l'accès à votre stand soit public et je viendrai au "débriefing" du vendredi en Malaisie».

Rosberg, vice-champion du monde et deuxième de ce Grand Prix d'Australie, a répliqué un peu plus tard: «Franchement, tu regrettes l'abandon de ton coéquipier Kimi Räikkönen?» (au 41e tour, pour une roue mal fixée, ndlr). «Absolument, car je pense que pour vous battre il faut qu'on soit deux», a répliqué Vettel, chaud bouillant.

Quelques minutes plus tard, Maurizio Arrivabene, le nouveau patron de la Scuderia, abondait dans son sens.

«Nous devons garder les pieds sur terre, mais nous devons aussi arrêter de réfléchir comme des numéros 2. Nous travaillons beaucoup, avec méthode, et il nous faut aussi de la constance. Ce soir, je suis heureux en tant que "tifoso" de la Scuderia, mais je ne suis qu'à moitié content en tant que Team Principal, car l'une de nos voitures a abandonné».

Ferrari: l'union sacrée

Ce sera peut-être l'un des atouts de Ferrari en 2015: l'union sacrée entre Vettel et Räikkönen... surtout si, en face, Hamilton et Rosberg se déchirent. «On se connaît bien, on se respecte, on se bat sur la piste mais on peut tout se dire», a résumé Vettel, bien décidé à pourrir la saison de Mercedes-AMG, et pas seulement sur la piste.

Toto Wolff, Team Principal de Mercedes-AMG, a adopté après la course un discours plus consensuel: «On ne peut pas dire que c'était une course tranquille, ce serait faux, car la F1 n'est jamais tranquille. Nous étions à 100% et nous n'avons pas fait de faute».

«Notre voiture a bien fonctionné. C'est agréable de voir que tout le travail accompli à l'usine est récompensé, notamment sur la fiabilité et l'aérodynamique, a-t-il poursuivi. La base est fantastique, la motivation n'a pas changé, nous sommes le référentiel. Et quand tous les ingrédients sont réunis, que nos deux pilotes ne commettent pas la moindre faute, on obtient ce genre de résultat».