Un nouveau cocktail détonant, le Vettel-Ferrari, a éclaté au visage des pilotes Mercedes, dimanche au Grand Prix de Malaisie de Formule 1, et déclenché une onde de choc dans le paddock du circuit de Sepang.

Même les deux patrons de l'écurie Mercedes-AMG ont apprécié leur journée: «Ce n'était pas une très bonne journée pour Mercedes, mais c'était une bonne journée pour la F1», a souri le directeur général Toto Wolff. «Vettel n'est plus du tout ennuyeux», a plaisanté Niki Lauda, le président non exécutif, mais très influent, en référence aux quatre saisons de domination de Vettel chez Red Bull Racing, de 2010 à 2013.

Il fallait voir le regard brillant de Lewis Hamilton en direction de Vettel, dimanche sur le podium de Sepang. Il n'y avait pas de jalousie, juste du respect et même un soupçon d'admiration, car Hamilton, comme tous les pilotes du monde, a rêvé un jour de gagner dans une Ferrari. Et Vettel l'a fait, dès sa deuxième course en rouge, avec un cheval cabré sur le capot.

«Ce n'est pas la victoire d'un seul homme, c'est celle de toute l'équipe qui a travaillé impeccablement, à tous les niveaux», a dit Maurizio Arrivabene, au nom prédestiné. Le nouveau patron de la Scuderia, arrivé cet automne, a souligné les mérites de «Seb», qui était «juste incroyable aujourd'hui», et de Kimi Räikkönen, remonté de la dernière à la 4e place.

Il a aussi parlé de «discipline», n'a pas oublié «tous les hommes et femmes de l'usine à Maranello», puis il a conseillé à tout le monde de «rester réaliste et très concentré», et de «garder les pieds sur terre», car «Mercedes reste un rival formidable». Il a aussi évoqué le message de félicitations de Sergio Marchionne, le PDG du groupe Fiat-Chrysler, «qui nous aide beaucoup et qui est un vrai fan de F1».

Allison: «1000 personnes ont travaillé sur cette voiture»

Et James Allison, le directeur technique anglais, a affirmé dans l'euphorie de la victoire que «1000 personnes» ont travaillé sur la SF15-T qui a gagné dimanche. Ça donne une petite idée des moyens financiers et humains déployés pour battre Mercedes.

Ferrari est l'écurie qui reçoit le plus de revenus commerciaux de Formula One Management (FOM), grâce à son statut d'équipe «historique» et un contrat spécifique négocié avec Bernie Ecclestone. C'est une situation souvent critiquée, car jugée inégalitaire, mais quand on voit les retombées de la victoire de Vettel dans la presse et sur les réseaux sociaux, on comprend mieux.

La Scuderia est un formidable catalyseur et son retour au plus haut niveau sera bien utile à une F1 en perte de vitesse depuis plusieurs mois (accident de Jules Bianchi au Japon, faillites de Caterham et Marussia, disparition des GP d'Inde, de Corée et d'Allemagne, etc.). Car un duel Mercedes-Ferrari en 2015, s'il se confirme, c'est un combat de titans et de l'or en barres pour les promoteurs et les diffuseurs.

Surtout si Vettel continue à être aussi humble, dans la victoire, que ses prédécesseurs Michael Schumacher et Fernando Alonso pouvaient être orgueilleux, voire même arrogants, pendant leurs saisons en rouge. «Schumi» a tout réussi, raflant cinq titres mondiaux d'affilée (2000-2004). «Nando» a tout raté, n'échouant qu'à trois points de Vettel en 2012, mais il est resté très populaire.

En tentant de réussir la synthèse ultime, grâce à son intelligence évidente et son goût du travail acharné, Vettel est aussi en train de mettre d'accord ses détracteurs. Le tout en quelques semaines, vêtu d'une mythique combinaison rouge qu'il rêvait de revêtir un jour.

Quant au Dr Helmut Marko, son ancien directeur de conscience chez Red Bull, l'homme qui l'a détecté très jeune, il est reparti plus riche de Sepang: 400 euros pour 100 euros de mise, suite à un pari gagnant... sur la première victoire de Vettel en rouge. Bien joué.