Le Grand Prix de Monaco de Formule 1, prévu dimanche en Principauté, est l'occasion de tester l'intérêt de la F1 auprès des fans, de plus en plus présents sur les réseaux sociaux pour la suivre en temps réel, gratuitement, et de moins en moins dans les tribunes des circuits, trop chères.

Deux sondages ont été lancés cette semaine, l'un mercredi par le magazine Autosport, l'autre jeudi, en 12 langues, par l'association des pilotes (GPDA): le serveur a sauté quelques heures plus tard, en raison de l'enthousiasme des fans qui ne veulent rien rater du Grand Prix le plus «glamour» de l'année et souhaitent donner leur avis sur l'avenir de la F1.

À l'heure où les écuries de F1 s'agitent, souvent en vain, pour trouver des solutions sportives et techniques susceptibles de redorer le blason de la F1, une transition digitale est en route, pour de bon, malgré les réticences initiales de la FOM (Formula One Management), qui assure la promotion du Championnat du monde de F1 et gère désormais, tant bien que mal, les «médias en ligne».

Chaque écurie, chaque pilote de F1, dispose d'un compte officiel sur Facebook, Twitter, Instagram, ou les trois. Total, présent depuis 40 ans en F1 sous son nom ou celui d'Elf, est allé encore plus loin et a innové l'an dernier avec The Pretender, un feuilleton en 14 pastilles sur YouTube, dans lequel Romain Grosjean, le pilote Lotus, faisait partager son univers.

Cette semaine, avant le Grand Prix de Monaco, le plus suivi de la saison, le pétrolier a encore joué la transparence, le lien social et la réactivité, en temps réel, dans une série de sept nouvelles expériences interactives et intuitives, une véritable aubaine dans cette F1 en perte de vitesse.

L'objectif est de découvrir les sensations et le jargon d'un pilote (réflexes, rapidité, importance de l'aérodynamique) tout en partageant les détails (découverte du volant d'une F1) avec une communauté numérique passionnée de F1 mais pas seulement.

D'un écran à l'autre, d'une catégorie à l'autre

«En début d'année, on m'a proposé ces expériences digitales, avec l'idée de partager avec tous nos fans», résume Grosjean. «C'est assez génial d'en avoir autant (1 million d'abonnés sur Facebook), d'avoir les sensations. La F1 est un milieu assez fermé où on n'arrive pas encore à rendre l'effet de vitesse comme on le voudrait. On a travaillé sur pas mal de choses, on a créé un concept assez unique».

Lundi soir à Paris, des bloggeurs d'horizons différents ont répondu présent, lors d'une soirée au Numa, lieu de ralliement des start-ups parisiennes au coeur du «Silicon Sentier». Ils ont rencontré Grosjean et certains ont longuement discuté avec Philippe-Franck Girard, délégué à la Direction scientifique chez Total, de la recherche en matière de carburants.

La planète F1 va-t-elle s'inspirer du pétrolier français et poursuivre son effort pour se «connecter» mieux à un public toujours plus friand de nouveautés, de technologie? Un public qui zappe sans arrêt d'un écran à l'autre, d'une catégorie à l'autre, en fonction de la qualité de l'offre, sur le fond et dans la forme.

À côté de la F1, de l'endurance, du rallye, la Formule Électrique a démarré sur les chapeaux de roues et teste des solutions digitales inédites comme le FanBoost, qui permet à trois pilotes, suite à un vote des internautes, de bénéficier d'un surcroît de puissance, en course, pendant quelques secondes.

Felipe Nasr, 22 ans, le Brésilien de chez Sauber, a un avis bien tranché sur la question de la transition digitale. Il souhaite que les jeunes puissent bientôt suivre les Grands Prix de F1 sur leur tablette, sans les contraintes imposées par la diffusion à la télévision, payante ou pas. Ça va prendre encore un peu de temps...