Deux jeunes pilotes, Carlos Sainz Jr (Toro Rosso) et Daniil Kvyat (Red Bull), ont fait honneur à Jules Bianchi en signant les meilleurs temps des premiers essais libres du Grand Prix du Japon, vendredi sur la piste détrempée de Suzuka.

Issus tous les deux de la filière Red Bull et équipés de moteurs Renault, l'Espagnol le matin, puis le Russe l'après-midi, ont profité d'une brève accalmie, et d'une piste un peu moins glissante, pour passer des pneus intermédiaires et devancer les pilotes Mercedes, dans les deux séances.

C'est Sainz Jr, 21 ans, fils d'un double champion du monde des rallyes, qui a le mieux géré, le matin, ces conditions d'adhérence très piégeuses sur un circuit aussi rapide, en bouclant un tour en 1:49,434, soit une demi-seconde de mieux que Kvyat.

«Il y a beaucoup de choses positives à retirer de cette journée, même s'il a plu tout le temps», a résumé Sainz, qui découvrait cette piste. «J'ai réussi à l'apprendre rapidement et j'ai réussi à rouler vite. Meilleur temps de la 1re séance, c'est spécial, car c'est la première fois pour moi. Ce circuit est incroyable, très exigeant, et encore plus sous la pluie. Je me suis bien amusé».

Puis Kyvat, 21 ans lui aussi, l'a imité au début de la deuxième séance: 1:48,277, soit une seconde et deux dixièmes de mieux que Sainz, en ne bouclant que six tours avant que la pluie redevienne torrentielle.

Les Red Bull aiment la pluie

«Les conditions étaient délicates, ça glissait beaucoup et il y a quelques virages où la voiture a tendance à "aquaplaner". Mais le châssis se comporte bien, il a toujours été efficace en virage, sous la pluie. Ce serait bien pour nous qu'il continue à faire mauvais», a expliqué le Russe.

C'est le deuxième vendredi d'affilée après Singapour, dans des conditions bien différentes, que Kvyat termine la journée en tête du bilan chronométrique. De quoi continuer à doper les ventes de billets pour le Grand Prix de Russie prévu dans 15 jours à Sotchi.

Derrière l'autre Red Bull de Daniel Ricciardo, quatrième chrono de l'après-midi, deux champions du monde en Ferrari, Sebastian Vettel, cinquième temps, et Kimi Räikkönen, sixième temps, ont été plus assidus. Ils ont bouclé respectivement 19 et 16 tours.

Derrière eux, les débutants de Toro Rosso, Sainz Jr et Max Verstappen, ont fait le programme minimum, soit une demi-douzaine de tours, et montré qu'il faudrait encore compter avec eux ce week-end. Comme la semaine dernière à Singapour quand Max, 17 ans, est parti dernier mais a fini 8e, avec Carlos dans son sillage.

Bottas: «C'est terrible»

Moins en vue, comme souvent le vendredi, les pilotes Williams ont été prudents. Interrogé par son équipe sur les conditions de piste, Bottas a répliqué: «C'est terrible» et il est rentré aux puits sans boucler le moindre tour chronométré. Ce n'était pas pour économiser des pneus pluie, car il devrait faire beau dimanche.

La météo, pourrie, le ciel, plombé, et la présence de deux jeunes pilotes courageux devant tous les caïds, a rappelé à tout le monde qu'un autre espoir de la F1, Jules Bianchi, avait été blessé mortellement, il y a moins d'un an, le 5 octobre 2014, sur cette même piste, au 42e tour d'un Grand Prix du Japon que personne n'oubliera.

Dans la courbe Dunlop, ce tragique virage 7, une grue fixe a été placée derrière les rails. De quoi éviter à une monoplace en perdition de percuter à pleine vitesse un engin de levage, comme l'infortuné Jules dans sa maudite Marussia. Et des caniveaux plus grands ont été installés, tout autour du circuit, pour mieux drainer l'eau de pluie.

C'était une journée de deuil à la japonaise, très digne et très triste, avec quelques messages d'espoir par ci par là: ces performances de choix réussies par la jeune garde, sur un circuit que la plupart découvrent. Les petits frères de Jules Bianchi, parti à 25 ans au paradis des pilotes.