Lewis Hamilton (Mercedes) s'est encore rapproché d'un 3e titre mondial, comme Ayrton Senna, en remportant dimanche le Grand Prix du Japon de Formule 1 à Suzuka, loin devant son coéquipier Nico Rosberg et Sebastian Vettel (Ferrari).

Auteur d'un nouveau sans-faute, de bout en bout, le double champion du monde égale donc Senna, son idole de jeunesse, avec 41 victoires en F1, sur le circuit où le champion brésilien avait conquis ses trois titres mondiaux (1988, 1990, 1991). Heureux présage.

«Je dois remercier tous ces fans qui sont venus dès vendredi sous la pluie», a dit Hamilton, radieux, sur le podium de cette 14e manche de la saison 2015. «Égaler le record de victoires d'Ayrton Senna sur un circuit où j'aimais le regarder piloter est quelque chose de spécial. Cela semble irréel, je ne sais pas quoi dire».

Parti en première ligne à côté de Rosberg en pole, mais auteur d'un meilleur envol que son coéquipier, Hamilton a pris la tête au virage 2, creusé l'écart puis bouclé sans stress 53 tours sur piste sèche, un an après l'accident qui a coûté la vie au Français Jules Bianchi.

«C'était très important pour nous de nous venger en revenant aux avant-postes. Nous n'avons pas fait du très bon travail à Singapour, mais nous l'avons fait aujourd'hui», a ajouté l'Anglais après sa 8e victoire de la saison, assortie du 8e doublé des Flèches d'Argent.

10e podium pour Vettel

«J'ai toujours eu du mal sur ce circuit (où il a pourtant déjà gagné trois fois, ndlr) et je voulais gagner. J'ai pris le risque au départ de dépasser Nico parce qu'il est très difficile de dépasser ici», a dit Hamilton.

«Ça se présente mal, car il fallait absolument que je gagne aujourd'hui», a constaté Rosberg qui pouvait espérer cette victoire en s'élançant de la pole position, pour la 17e fois de sa carrière.

«Lewis a juste pris un meilleur départ. Le virage 1 a donné lieu à une belle bagarre et au virage 2 il a pris l'intérieur et m'a passé. Je suis content de ma remontée et de la performance de l'équipe après Singapour», a dit Rosberg, 4e à la fin du 1er tour et bien revenu sur Vettel en fin de course.

Vettel, seul pilote à avoir battu les Mercedes cette année, trois fois, monte encore sur le podium, pour la 10e fois de la saison, et consolide sa 3e place au championnat, derrière l'intouchable duo Mercedes.

«Nous avons essayé. C'était intéressant de voir ces deux-là se battre au premier virage. Dans l'ensemble, je suis très content de ma course, a résumé le quadruple champion du monde allemand, quatre fois vainqueur à Suzuka. Nous allons dans la bonne direction. Nous sommes vraiment meilleurs que ce que les gens attendaient.»

Honda touche le fond

Une autre écurie prestigieuse a en revanche encore eu tout faux dimanche: McLaren, sur les terres de son motoriste Honda, 25 ans après les quatre titres mondiaux conquis à Suzuka par Ayrton Senna, encore lui, et Alain Prost, de 1987 à 1991.

À cause notamment d'un «moteur de GP2», selon le commentaire acerbe de Fernando Alonso à sa radio de bord. Il a terminé 11e, hors des points, après s'être fait doubler facilement par les Toro Rosso à moteur Renault, et Jenson Button, l'autre champion du monde de l'effectif, a fini 16e, devant les modestes Manor Marussia.

«C'est embarrassant de voir avec quels pilotes on se bat», a aussi dit le double champion du monde espagnol, moins positif que d'habitude. «Il a fait part de sa frustration, mais ces commentaires étaient inutiles. Ce n'était pas très constructif», a ensuite jugé le propriétaire de McLaren, Ron Dennis, interrogé par la BBC.

Les propos d'Alonso «sont une source d'embarras, mais je ne veux pas en faire plus», a ajouté Dennis. «Je ne les cautionne pas, mais je ne vais pas critiquer nos pilotes, je vais le gérer à ma façon et ça se fera en privé. J'ai dû mal à me souvenir d'une pire situation, mais nous n'avons pas oublié comment gagner», a conclu Dennis, ex-patron de Senna... et Hamilton, qu'il avait découvert.