Le 2e Grand Prix de Russie de Formule 1, dimanche à Sotchi, sera la course la plus importante de l'année pour le héros local Daniil Kvyat (Red Bull), bien décidé à suivre le rythme infernal des pilotes Mercedes.

C'est l'une des questions du week-end: qui montera sur le podium aux côtés de Lewis Hamilton et Nico Rosberg, si tout se passe normalement aux avant-postes ? Sebastian Vettel (Ferrari) pour la 11e fois de la saison, ou Kvyat pour la 2e fois de sa jeune carrière en F1, après la Hongrie fin juillet.

«J'ai dû donner des centaines d'interviews avant ce GP. Mais c'est normal, car la course à domicile est toujours la plus chargée, pour chaque pilote», résume Kvyat, 21 ans, véritable révélation de cette saison 2015.

Le jeune Russe est né à Oufa, dans la république de Bachkirie. Ce n'est que sa 2e saison de F1, après un apprentissage accéléré chez Toro Rosso en 2014, et donc la première dans une équipe de pointe. Après des débuts hésitants, il fait désormais souvent jeu égal avec son excellent coéquipier australien Daniel Ricciardo, trois fois victorieux l'an dernier.

Cinquième sur la grille de Sotchi l'an dernier, dans sa modeste Toro Rosso, Kvyat s'était fait remarquer. Mais la course n'a pas été à la hauteur de ses espérances: «Nous avons eu des problèmes de consommation d'essence et c'était une journée décevante», se rappelle-t-il. «J'espère que je pourrai faire plus plaisir à mes admirateurs cette fois-ci.»

Il n'y a que sept points d'écart entre Ricciardo, 7e du classement provisoire, et Kvyat, 8e, donc ce sera un match dans le match, à armes égales, entre les deux pilotes Red Bull. Avec dans le dos un moteur Renault en progrès, même s'il est encore un peu juste en puissance par rapport aux blocs Mercedes et Ferrari.

L'autre match aura lieu entre les pilotes des Flèches d'Argent, comme souvent depuis le début de la saison dernière. Leader plus que jamais détaché du championnat, avec 48 points d'avance sur Rosberg, Hamilton a préparé cette 15e manche de 2015 en se faisant photographier en charmante compagnie dans un parc de Moscou.

Rosberg espère «un peu de chance»

Pendant ce temps-là, Rosberg donnait une interview exclusive à la chaîne cryptée Canal Plus, à Paris, avant d'embarquer pour les rivages de la mer Noire. Le vice-champion du monde allemand ne compte pas laisser filer son ex-ami d'enfance vers un 3e titre mondial.

«Je me sens bien. Je suis un peu derrière en termes de points, donc ça ce n'est pas top, mais c'est quand même une bonne saison. L'écart est grand, il me faudrait un peu de chance, mais on a déjà vu dans le sport que tout peut arriver», a rappelé Rosberg.

Le résident monégasque a aussi répondu sur ses récentes difficultés au départ, comme quand il a gâché, tout seul comme un grand, sa pole position de Suzuka, il y a 15 jours au premier tour du GP du Japon.

«Les règles ont changé. Maintenant on a beaucoup plus de choses à faire nous-mêmes lors du départ et notre équipe a eu du mal à s'adapter. Avant, tout était parfait. Maintenant, c'est plus difficile: pour les ingénieurs qui doivent régler ma voiture avant le départ, pour moi une fois que je suis en place sur la grille.»

Dans la bagarre permanente contre son coéquipier anglais, au championnat et sur la piste, il y a désormais un troisième larron, son compatriote Sebastian Vettel. Le nouveau leader de la Scuderia a pris un abonnement au podium (déjà 10 en 2015, dont trois victoires) et tire la quintessence d'une Ferrari SF15-T en progrès constants.

Rosberg est même prêt à considérer Vettel comme un allié éventuel dans la course au titre, même si le quadruple champion du monde ne pointe qu'à 11 points de sa 2e place provisoire: «Il y a toujours les Ferrari, c'est important pour moi qu'elles soient entre nous deux». A condition bien sûr que Rosberg remporte la course, dimanche, et que Hamilton termine loin derrière.