Assuré d'un 3e titre mondial en Formule 1, depuis sa victoire dimanche au Grand Prix des États-Unis, l'Anglais Lewis Hamilton rejoint au palmarès deux illustres aînés, l'Écossais Jackie Stewart et le Brésilien Ayrton Senna, en attendant mieux.

Originaire de Trinité-et-Tobago, Hamilton est né le 7 janvier 1985 à Stevenage, une petite ville anglaise, à une heure de route du circuit de Silverstone et de la Silicon Valley de la F1. Il a été couvé très tôt par Ron Dennis, le patron de McLaren, à qui il était aller proposer ses services alors qu'il n'avait que 10 ans et débutait en karting. Puis il a gravi les échelons, très vite.

Champion de GP2, l'antichambre de la F1, en 2006, Hamilton a débuté en F1 en 2007 et la réussite a failli lui sourire tout de suite: associé à Fernando Alonso, alors double champion du monde en titre, chez McLaren, il a terminé 2e du championnat, avec le même nombre de points que l'Espagnol et devancé d'un seul point par Kimi Räikkönen, qui a tiré profit de leur rivalité. Ce n'était que partie remise.

En 2008, Hamilton est devenu champion du monde... avec un point d'avance sur Felipe Massa, au bout d'un GP du Brésil rocambolesque terminé à la 5e place, en doublant Timo Glock dans le dernier virage. C'était un début de carrière façon conte de fées, alors la suite a été plus compliquée.

Statistiques impeccables

Toujours avec un moteur Mercedes dans le dos, Hamilton n'a pas réussi à récidiver, car McLaren a décliné. Et fin 2012, quand Niki Lauda, un autre triple champion du monde, lui a dit qu'il le voulait, à tout prix, pour remplacer Michael Schumacher dans le baquet d'une Mercedes complète, châssis et moteur, Hamilton n'a pas hésité longtemps: banco, malgré les critiques.

Trois ans et deux titres mondiaux plus tard, après une saison de rodage logique, normale, en 2013, le pari est plus que réussi. Hamilton est devenu, objectivement, le meilleur pilote du monde, car ses statistiques n'ont rien à envier, sur la durée, à celles de Senna ou même de Sebastian Vettel, le quadruple champion du monde allemand.

Nombre de victoires en F1: 43, soit une de plus que Vettel et deux de plus que Senna. Nombre des podiums: 84, en 164 GP disputés, soit une fois sur deux. Bientôt 50 pole positions, déjà 26 meilleurs tours, tout indique qu'Hamilton est à l'apogée de sa carrière, même s'il admet lui-même que Schumacher, septuple champion du monde, a mis la barre très haut pour certains records.

Hamilton-Vettel, duel au sommet

«Lewis n'est pas encore une légende», a estimé Sir Jackie (Stewart) cette semaine, avant le GP des USA, et Hamilton a éclaté de rire. Il a le plus grand respect pour ses aînés et quand il évoque Senna, son idole de jeunesse, parti trop tôt au paradis des pilotes, lors d'un funeste GP de Saint Marin, en mai 1994, il le fait toujours avec beaucoup de modestie, d'humilité.

Car Hamilton n'est pas forcément celui que décrivent les jaloux et les aigris, les mesquins et les moqueurs. Il remercie toujours ses fans, ne cache pas sa foi, et il rappelle à chaque occasion qu'il adore la course automobile, les bagarres sur la piste, comme à l'époque du karting, quand il se battait roue dans roue avec son ami Nico Rosberg.

«J'aimerais qu'en 2016 on se batte souvent avec Sebastian (Vettel)», a répété Hamilton à Singapour, Suzuka et Sotchi, en évoquant les progrès constants de la Scuderia Ferrari sous la houlette de son nouveau leader charismatique, qui le dépasse encore au total des titres mondiaux. Et Hamilton était sincère, car il n'a pas l'habitude de faire semblant.

Avec Hamilton et Vettel, la F1 tient un tandem de champions digne de son âge d'or, à l'époque des duels Lauda-Hunt ou Prost-Senna. Alors le promoteur de la F1, Bernie Ecclestone, ne tarit pas d'éloges sur ses deux leaders du moment, les seuls à pouvoir sortir de la crise la catégorie-reine du sport auto. La saison 2016, avec un Hamilton au sommet et un Vettel encore plus fort, va forcément doper son chiffre d'affaires.