Le grand patron de la F1, Bernie Ecclestone, discute avec des gens d'affaires de Québec inc. dans le but de trouver un nouveau promoteur principal pour le Grand Prix du Canada. Depuis l'automne, Bernie Ecclestone s'est entretenu notamment avec le Groupe CH, Gilbert Rozon et Alexandre Taillefer de la possibilité de prendre la relève du Groupe de course Octane de François Dumontier comme principal promoteur du Grand Prix du Canada, a appris La Presse.

Dans ses discussions, Bernie Ecclestone cherche un nouveau promoteur principal aux reins plus solides sur le plan financier (M. Dumontier, qui a bonne réputation dans le milieu de la F1, pourrait rester comme actionnaire minoritaire). M. Ecclestone ne veut pas que certains fournisseurs soient payés en retard, comme ç'a été le cas l'an dernier.

Alors que François Dumontier ne se formalise pas de ces discussions - il fait valoir qu'il est aussi de son côté à la recherche de partenaires et que son contrat de promoteur du Grand Prix est valide jusqu'en 2024 -, les nouveaux interlocuteurs québécois de Bernie Ecclestone se butent toutefois à un obstacle commun: les conditions du contrat de promotion du Grand Prix sont très onéreuses sur le plan financier pour le promoteur. «C'est théoriquement impossible pour le promoteur local de couvrir ses frais», dit Gilbert Rozon.

L'automne dernier, le Groupe CH (propriétaire du Canadien de Montréal) et Formula One Management (FOM), la société dirigée par Bernie Ecclestone qui détient les droits sur la F1, ont discuté sérieusement sans toutefois trouver de terrain d'entente, selon nos informations. Le Groupe CH ne discute pas avec FOM en ce moment.

Gilbert Rozon, président-fondateur du Groupe Juste pour rire, a aussi rencontré M. Ecclestone à Londres l'automne dernier en compagnie de M. Dumontier. Le grand patron de la F1 a poursuivi ses démarches cet hiver: le mois dernier, Bernie Ecclestone s'est entretenu avec l'homme d'affaires Alexandre Taillefer (XPND Capital), cette fois-ci en l'absence de François Dumontier. M. Dumontier a confirmé les discussions de FOM avec M. Rozon ainsi que celles avec M. Taillefer.

François Dumontier, président et actionnaire unique du Groupe de course Octane, se dit «confortable» avec le fait que FOM discute avec des gens d'affaires québécois dans l'espoir de trouver un nouveau promoteur principal pour le Grand Prix du Canada.

«Dans la mesure où j'ai dit [publiquement] que je cherchais un partenaire, que M. Ecclestone rencontre quelqu'un, que je sois au courant, que ça pourrait marcher entre nous [avec ce nouveau partenaire], je n'ai pas vraiment de problèmes avec ça», dit François Dumontier, qui indique avoir été informé de toutes les rencontres de M. Ecclestone avec des gens d'affaires québécois et qui a participé à certaines d'entre elles. Lui-même discute de son côté depuis un an afin de trouver de nouveaux investisseurs au sein de son entreprise, que ce soit pour une participation majoritaire ou minoritaire.

«FOM et moi avons un contrat valide jusqu'au 2024. À ce que je sache, on a tous les deux l'intention de le respecter», rappelle François Dumontier.

Un contrat de promotion onéreux

Selon nos informations, les interlocuteurs québécois de Bernie Ecclestone en sont tous arrivés à la même conclusion: le contrat actuel est très onéreux sur le plan financier pour le promoteur. L'an dernier, le Groupe de course Octane a d'ailleurs fait un déficit en organisant le Grand Prix, avait confirmé l'entreprise à La Presse en décembre. L'entreprise de François Dumontier devait une somme dans les six chiffres (plus de 100 000 $) à des fournisseurs six mois après le Grand Prix (les sommes dues ont été payées depuis).

«Avec la situation actuelle, je ne vois pas comment M. Dumontier peut équilibrer son budget, dit Gilbert Rozon, président-fondateur du Groupe Juste pour rire. [...] J'ai peut-être été l'un des premiers à le [M. Ecclestone] confronter à la réalité: il ne reste aucun oxygène [pour le promoteur local]. Même s'il fait le meilleur travail au monde, il ne peut pas y arriver.» M. Rozon a rencontré Bernie Ecclestone à Londres dans l'idée de s'associer avec François Dumontier. «Je le ferais avec François, c'est un bon gars, mais il est coincé entre l'arbre et l'écorce. Je veux l'appuyer, l'aider au meilleur de mon expérience», dit-il.

Le président et actionnaire unique du Groupe de course Octane dit «travailler étroitement» et «être en communication constante» avec l'entreprise dirigée par Bernie Ecclestone. «Si on voit dans le futur qu'on a besoin de moduler des trucs [dans le contrat], on le fera, dit M. Dumontier. Pour l'instant, j'ai un contrat et j'entends le respecter et organiser le Grand Prix.»

Les finances d'Octane s'améliorent

L'an dernier, certains fournisseurs ont attendu six mois avant d'être payés, à la fin de 2015. Les sommes (plus de 100 000 $ au total) ont été payées, et pareille situation ne se reproduira pas cette année, selon François Dumontier. «Tout le monde a été payé, dit-il. On ne pense pas avoir le même enjeu [cette année], pour différentes raisons que je vais garder pour moi.»

François Dumontier confirme aussi que la situation financière de son entreprise s'est améliorée récemment. Comment? «Je n'ai pas à l'expliquer, dit-il. En tant qu'entrepreneur, je prends des moyens pour améliorer la situation.»

Pour l'édition 2016 du Grand Prix du Canada qui aura lieu en juin prochain, le Groupe de course Octane précise que la vente des billets est «nettement supérieure aux années précédentes». «La faiblesse du dollar canadien nous aide beaucoup», dit François Dumontier. Le Grand Prix n'a toutefois toujours pas de commanditaire en titre. «C'est plus long qu'on l'avait imaginé, mais on a toujours espoir de pouvoir l'annoncer avant le Grand Prix», dit-il.

Le Groupe CH n'avait pas de commentaires à faire sur le dossier du promoteur du Grand Prix du Canada, précisant n'avoir «aucune implication avec la F1». En 2013, le Groupe CH avait aussi discuté avec la F1 pour devenir promoteur du Grand Prix du Canada, avant que FOM ne s'entende à nouveau avec François Dumontier pour 10 ans en 2014. Formula One Management (FOM) n'a pas répondu à notre demande d'entrevue.