En devenant le plus jeune vainqueur d'un Grand Prix de Formule 1, dimanche en Espagne, Max Verstappen, 18 ans et toutes ses dents, très longues, a déjà fait mieux que son père Jos, surnommé «Le Boss» quand il courait en F1 aux côtés de Michael Schumacher.

«Jos était très populaire aux Pays-Bas, même s'il n'a jamais gagné de GP. Et là avec Max, c'est de la folie dans tout le pays», racontait dimanche soir un journaliste hollandais bouleversé par la démonstration de Verstappen Jr, tout en contrôle et en maîtrise, à son 24e GP seulement, le premier dans une Red Bull.

Père bouillant, fils calme

En battant le record de précocité de Sebastian Vettel (qui avait gagné son premier GP à 21 ans), l'élève Max a dépassé le maître Jos. Son père était monté seulement deux fois sur le podium en 107 GP, de 1994 à 2003. 

Les dernières courses de Jos Verstappen avaient été disputées face à Kimi Räikkönen, ce Finlandais de 36 ans qui a mené la vie dure à Max dimanche : moins d'une seconde d'écart à chacun des 20 derniers tours, sans jamais l'opportunité de doubler, le fiston étant aussi calme que le père était bouillant.

Jos "Le Boss" Verstappen juste avant le départ du GP d'Australie en 2003. Photo : AFP

Héritiers aux dents longues

Des «fils de», il y en a cinq cette saison en F1, un record. Max est le plus jeune mais peut-êre aussi le plus doué. Depuis ses débuts en karting, le fils Verstappen est conseillé par sa mère belge et chaperonné par son père hollandais. 

Il y a aussi Carlos Sainz Jr, son ex-coéquipier chez Toro Rosso, fils du double champion du monde des rallyes.

L'autre surdoué est, bien sûr, Nico Rosberg (Mercedes), le fils de Keke Rosberg, vainqueur d'un seul Grand Prix, en 1982, dans une Williams. Nico en est déjà à 18 victoires et mène le bal en 2016.

Les deux autres sont chez Renault. Il y a Kevin Magnussen, dont le père, Jan, n'a disputé que 25 GP dans les années 90 (un seul point marqué), en même temps que Jos Verstappen, puis s'est reconverti en endurance. Et il y a Jolyon Palmer, champion 2014 de GP2, dont le père, Jonathan, n'a marqué que 14 points en 83 GP, dans les années 80. Jonathan Palmer a ensuite fait fortune en rachetant des circuits anglais, ce qui l'a bien aidé à financer la carrière de son fils.

Max Verstappen écoutant son père avant une course de Formule 3 en juillet 2014 au circuit de Zandvoort, en Hollande. Le jeune avait gagné la course avec une avance considérable. Photo: AFP

Jacques Villeneuve et Damon Hill, deux cas à part

Au palmarès de la F1, deux «fils de» sortent du lot car ils ont réussi à glaner une couronne mondiale, comme papa. Damon Hill, fils de Graham, l'a fait une fois, en 1996, puis Jacques Villeneuve, fils du regretté Gilles, l'a imité en 1997, dans une Williams aussi. Au total des victoires en F1, Damon bat Jacques 22 à 11. Ils sont toujours dans le paddock, comme consultants, et le Québécois à la langue bien pendue était très critique quand Max a été promu en F1, à 17 ans.

Dans les dynasties du sport automobile, il y a aussi les Prost et les Piquet Jr, aux parcours comparables. «Nico» le fils d'Alain, quadruple champion du monde de F1, n'a pas pu monter plus haut qu'un poste de pilote d'essai chez Lotus, en 2012. Puis il s'est renconverti en endurance et en Formule Electrique, dans l'écurie Renault e.dams co-dirigée par son père.

Jacques Villeneuve sur Williams avait terminé 2ième  lors du  Grand Prix du Canada en 1996. Il a été champion du monde l'année suivante. Photo d'archives : Bernard Brault, La Presse

Nelson Piquet Jr

«Nelsinho», fils du triple champion du monde brésilien, a eu sa chance chez Renault mais ne l'a pas saisie: 25 GP disputés en 2008 et 2009, un seul podium en Allemagne et une queue de poisson finale, à la suite du «Crashgate»: il s'est envoyé dans le mur de Singapour, à la demande de ses patrons, pour que son coéquipier Fernando Alonso gagne.

Le temps a passé, Prost Jr et Piquet Jr sont désormais coéquipiers dans une écurie suisse, Rebellion, qui vise le podium aux prochaines 24 Heures du Mans, face aux mastondontes Audi, Porsche et Toyota. Et ils sont rivaux en Formule E, cette nouvelle catégorie «branchée» dont le premier titre de champion FIA a été remporté l'an dernier par... Nelson Piquet Jr.