Les pilotes de F1 admettent rarement avoir tort et les aveux étaient aussi rares que les points chez Mercedes, au terme de la catastrophique collision qui a exclu Lewis Hamilton et de Nico Rosberg, du GP d'Espagne dès le premier tour.

Les deux pilotes ont rejeté tout blâme au terme de ce carambolage intra-équipe survenu quand Hamilton a tenté de doubler Rosberg par l'intérieur du virage No 4. Les deux voitures ont dérapé et terminé leur course dans le gravier, laissant la voie libre aux écuries Red Bull et Ferrari et leur permettant de réduire l'écart de points en vue des championnats des pilotes et des constructeurs.

Rosberg a dit être surpris que Hamilton tente de le dépasser, mais ce dernier a dit qu'il se devait de profiter de l'opportunité.

Hamilton, parti en pole position, a rapidement été doublé par Rosberg à la fin du premier droit.

Rosberg a «fermé la porte»

Quand Hamilton a tenté reprendre la tête après être bien sorti du virage No 3, Rosberg s'est déplacé vers l'intérieur pour lui bloquer le passage et les deux voitures se sont accrochées. La voiture de Hamilton s'est arraché la roue droite et a touché celle de Rosberg. «À ce moment-là, j'avais la victoire à portée de main, Lewis s'approchait alors j'ai décidé de faire un dépacement vers la droite tout de suite pour lui fermer la porte et lui montrer que que l'intérieur n'était pas une option», a dit Rosberg. «Lewis s'est avancé quand même. Quelques secondes plus tard, nous étions tous les deux dans le gravier.»

Si Rosberg allait moins vite, c'est que le bouton réglant le mode du moteur était dans la mauvaise position, le laissant durant un instant avec une puissance insuffisante, a-t-il expliqué. « Je suis super déçu, pas juste pour moi, pour l'écurie aussi. Pour un pilote, c'est la pire émotion. »

«Dans ce temps-là, un pilote de course fonce»

Hamilton, qui s'est fait sortir de la sorte par Rosberg durant le GP de Belgique en 2014, avait une perspective différente de l'accident. «Je rattrapais Nico à toute allure et j'ai visé l'espace libre, à droite. J'ai pu faire passer une partie de ma voiture, mais tout à coup, j'ai du me décaler dans le gazon. Il y avait un espace et dans ce temps-là, un pilote de course fonce. On a tous vu ce qui s'est passé ensuite. »

Il s'est dit « meurtri et déçu » pour l'écurie.

«Quand ma voiture s'est immobilisée dans le gravier, la seule chose à laquelle je pouvais penser, c'était ma déception pour l'équipe, c'est là que je ressens la douleur», a dit Hamilton. «Mais nous allons surmonter ça ensemble et revenir plus forts.»

Après avoir entendu les points de vue de l'équipe et des deux coureurs, les officiels ont statué que Rosberg «avait le droit de faire sa manoeuvre » (pour bloquer Hamilton) et que la «dépassement tenté par Hamilton était raisonnable».

«La convergence des événements fait qu'aucun des pilotes n'a totalement ou principalement tort», ont écrit les officiels après la course.

Lauda pas d'accord avec les juges, blâme Hamilton

Cette opinion n'est pas partagée par l'ancien pilote Nikki Lauda, qui est aujourd'hui président du conseil de l'écurie Mercedes. Selon lui, Hamilton porte le blâme principal de cet accident « complètement inutile» qui a fait perdre tous les points qui s'offraient alors aux deux Mercedes en première et en seconde places.

«Lewis a été trop combatif. Pourquoi Nico devrait-il lui donner de l'espace? Il est en tête. Je blâme Lewis plus que Nico.»

Informé des propos de Lauda, Rosberg a déclaré : «C'est lui l'expert.»

En tout cas, c'est Hamilton qui paie le plus grand tribut. Rosberg demeure en tête du championnat des coureurs, avec les 100 points acquis lors de ses quatre victoires cette saison. Mais Hamilton, tombe de la 2e à la 3e place, derrière Kimi Räikkönen, de Ferrari. L'avance de Rosberg passe de 43 points à 39 points.