Le groupe Liberty Media du milliardaire et magnat des communications américain John Malone a pris mercredi le contrôle de la Formule 1, mettant fin à plusieurs années d'incertitude sur l'avenir de la gestion de ce sport au rayonnement mondial.La nouvelle, ébruitée lors du GP d'Italie dimanche dernier à Monza, est maintenant confirmée.

Chase Carey, jusqu'à présent vice-président de 21st Century Fox, qui appartient lui au magnat des médias Rupert Murdoch, va prendre la direction de Formula One Group, l'organisme qui gère la F1, avec le titre de président.

Oncle Bernie reste... mais pour combien de temps ?

Bernie Ecclestone, considéré comme le «père» de la Formule 1 moderne, en restera le PDG, selon les termes de l'accord annoncé mercredi.

Dans un premier temps, Liberty Media va prendre une participation de 18,7% pour 761 millions de dollars US (981 millions CAN) au sein de Formula One Group. Puis elle va acquérir la totalité du holding Delta Topco, par l'intermédiaire duquel le fonds d'investissement CVC Partners contrôle la Formule 1.

Au total, Liberty Media déboursera 4,4 milliards US (5,7 milliards CAN), la valeur de Formula One Group étant évaluée dans le cadre de cette opération à quelque 8 milliards de dollars (10,3 milliards CAN).

Cette transaction met fin à plusieurs années de supputations sur la gestion du Championnat du monde de Formule 1, administré de manière quasi-dictatoriale par Bernie Ecclestone. Ce dernier, âgé de 85 ans, est toutefois parvenu à rester au volant et a salué mercredi «l'arrivée de Liberty Media et de Chase Carey au sein de Formula One».

L'ancien bras droit de Rupert Murdoch

«Je suis un grand admirateur de la Formule 1 qui est une franchise sportive unique qui attire des centaines de millions de fans chaque saison dans le monde. Je vois de grandes opportunités pour aider la Formule 1 à continuer à se développer pour le bien du sport, des fans, des équipes et des investisseurs», a déclaré Chase Carey cité dans le communiqué.

Longtemps considéré comme le bras droit de Rupert Murdoch, M. Carey s'était récemment éloigné d'un rôle opérationnel au sein de 21st Century Fox.

L'opération permet aussi à John Malone d'ajouter à sa palette l'un des sports les plus regardés au monde avec 400 millions de spectateurs à la télévision en moyenne par course. Il possède déjà dans le secteur sportif l'équipe de baseball américaine des Atlanta Braves et un intérêt dans la Formule E qui fait courir des bolides électriques.

Le montage de l'opération est passablement compliqué et doit aboutir au contrôle effectif de Formula One Group par Liberty Media d'ici la fin du premier trimestre 2017.

Montage financier compliqué

Le reste du capital demeurera aux mains d'actionnaires actuels parmi lesquels figurent plusieurs fonds d'investissement, comme le géant américain Blackrock, mais aussi le fonds souverain de Norvège. Ils seront représentés au sein du conseil d'administration de Formula One Group. Bernie Ecclestone possède environ 13 % des actions de Formula One Management.

Gérée par Bernie Ecclestone depuis le milieu des années 1980, la Formule 1 s'est révélée une véritable vache à lait pour ses promoteurs, dégageant des revenus de plusieurs milliards de dollars par an.

Le Championnat du monde compte actuellement 21 courses autour du globe et tant les organisateurs des courses que les médias télévisés doivent acquitter des sommes importantes auprès de Formula One Group pour avoir le droit de les organiser et de les retransmettre.

Les écuries de Formule 1, au nombre de onze actuellement, reçoivent également une part des revenus aux termes d'un accord qui court jusqu'en 2020 et dont la renégociation s'annonce difficile. On compte parmi elles des noms aussi prestigieux que Ferrari, Mercedes, Renault, mais aussi McLaren et Red Bull.

Grâce à son implication dans la Formule E (électrique) par le biais de Liberty Global et de la chaîne de télévision Discovery, d'autres entreprises qu'il contrôle, John Malone n'est pas complètement étranger au monde des sports mécaniques. Conformément à son habitude d'investisseur puissant, mais extrêmement discret, son nom n'apparait pas dans la transaction annoncée mercredi.

L'arrivée de capitaux américains pourrait également annoncer pour la Formule 1 des jours meilleurs aux États-Unis où elle n'est jamais arrivée à s'imposer face à d'autres disciplines comme le NASCAR ou l'IndyCar.