Le Britannique Lewis Hamilton, contraint à l'abandon sur casse moteur alors qu'il occupait la tête du Grand Prix de Malaisie, a regardé, dépité puis révolté, l'Australien Daniel Ricciardo offrir un deuxième succès à Red Bull cette saison, dimanche à Sepang.

Ricciardo a dominé la 16e des 21 manches du championnat, en devançant son équipier, le Néerlandais Max Verstappen, et l'Allemand Nico Rosberg (Mercedes).

Ce dernier a réalisé la bonne opération au Championnat du monde en consolidant sa place de leader. Alors qu'il reste cinq Grands Prix à disputer, il compte désormais 23 points d'avance (pour 8 au départ) sur Hamilton, pas loin de penser dimanche à un complot visant à lui faire perdre le titre.

Le Britannique, triple champion du monde, aurait-il perdu son sang froid, lâchant au micro de la BBC: « Quelqu'un ne veut pas que je gagne cette année » ?

« Ma question [s'adresse] à Mercedes: nous fabriquons tellement de moteurs mais seuls les miens ont des problèmes cette année... Quelqu'un doit me donner des réponses parce que ce n'est pas acceptable », a-t-il poursuivi, avant d'ajouter, découragé: « je ne sais pas si ma voiture va tenir les cinq derniers Grands Prix ».

Des déclarations qui n'ont sans doute pas plu à l'état-major de la marque allemande: le traditionnel point presse d'Hamilton après la course a été annulé. Une décision prise « mutuellement » par le pilote et l'écurie, selon un porte-parole.

Hamilton pense-t-il avoir perdu le championnat ce week-end ? « Il y a beaucoup de courses décisives, celle-ci en était une », a-t-il concédé.

« Douleur indescriptible »

Le pilote est ensuite revenu à de meilleurs sentiments sur sa page Facebook, en y publiant un message apaisant, assurant notamment avoir toujours « 100 % confiance » en Mercedes.

« Aujourd'hui, ma douleur est indescriptible. [...] Mais j'ai 100 % confiance en mon équipe. Ils ont travaillé tellement dur, à la fois sur la piste et à l'usine: je veux leur dire un grand merci », a-t-il écrit, avant de promettre de se relever: « Nous sommes des champions, nous allons aller de l'avant. Je ne vais, nous n'allons, jamais abandonner ».

En attendant, Rosberg peut jubiler, même si tout avait mal débuté pour lui.

Sur une piste à 52 degrés (32 degrés dans l'air), l'Allemand Sebastian Vettel a accroché son compatriote dans une manoeuvre audacieuse. Le pilote Ferrari, vainqueur à Sepang en 2015, a été contraint à l'abandon (bris de suspension avant gauche), tandis que Rosberg se trouvait relégué à la 17e place.

Dans une conversation radio avec son équipe, on a entendu le Néerlandais Max Verstappen, impliqué lui aussi dans l'accident, qualifier Vettel « d'idiot » et de « fou ».

Rosberg ne s'est pas démonté et est peu à peu remonté, jusqu'à atteindre le podium, profitant du coup de l'abandon d'Hamilton.

Le champion du monde en titre, auteur de la pole et qui occupait la tête après un début de course parfait, n'a pu que constater, impuissant, son moteur en flammes au 41e des 56 tours.

Le pilote est resté un long moment prostré en bord de piste, aux côtés de sa voiture fumante. « Non ! Non ! », a-t-il crié, se frappant le casque.

Mercedes qui pleure, Red Bull qui rit

Mercedes, qui pouvait remporter le titre constructeur dès ce dimanche, devra encore patienter.

Mercedes qui pleure, c'est Red Bull qui rit avec un doublé quasi inespéré, tant les bolides de la marque à l'Étoile avaient été intouchables durant les essais et les qualifications.

Ricciardo, qui a livré un combat spectaculaire pour contenir les assauts du très jeune Verstappen (19 ans depuis vendredi), a signé la quatrième victoire de sa carrière, sa première cette saison.

Pour Red Bull, c'est aussi un deuxième succès après le triomphe de Verstappen en Espagne, tous les autres GP de la saison ayant été dominés par Mercedes.

Six pilotes ont été contraints à l'abandon, notamment le Français Romain Grosjean, victime de problèmes de freins en début de course.

Le prochain Grand Prix est programmé dimanche à Suzuka, au Japon. Hamilton n'y aura pas droit à l'erreur s'il ne veut pas voir filer le titre. Il faudra que son moteur tienne...