Avec 12 points d'avance sur son coéquipier Lewis Hamilton, à l'aube du dernier Grand Prix de la saison, Nico Rosberg a toutes les cartes en main pour être champion du monde de F1. Enfin, presque toutes. Car l'histoire et des impondérables nous rappellent qu'il peut perdre le titre.

UN COUP DE MAIN DE VERSTAPPEN

C'est le scénario le plus loufoque qui pourrait permettre à Lewis Hamilton de coiffer son partenaire sur le fil : demander à l'intrépide Max Verstappen d'envoyer l'Allemand dans un mur. Pas impossible quand on connaît le style agressif du jeune Néerlandais tant décrié par des pilotes cette saison. Sa détermination affichée à Interlagos pour arracher une place sur le podium conforte cette idée. Mais si jamais cela arrive, c'est que « Mad Max » aura fait l'erreur de pilotage de trop. Et non pas qu'il aura respecté un accord secret similaire à celui passé en 2009 au Grand Prix de Singapour entre Flavio Briatore et son pilote Nelson Piquet Jr. Cet accord avait consisté à provoquer un accident favorisant la victoire de son coéquipier Fernando Alonso. On n'ose pas parier sur pareil scénario dans la F1 d'aujourd'hui.

UN ACCROCHAGE À LA PROST-SENNA

Ce scénario est loin d'être impossible tant l'animosité entre les deux pilotes Mercedes n'a jamais été aussi grande qu'en cette saison. Leur amitié a volé en éclats et ils ne se sont pas faits de cadeaux cette année. Il n'y a qu'à penser au départ du Grand Prix d'Espagne. C'est justement au départ que pourrait se jouer le titre demain. Si Hamilton sort indemne d'un accrochage plus ou moins volontaire avec Rosberg, il filera vers le sacre mondial, laissant son coéquipier dans un bac à sable. Ce qui n'est pas sans rappeler Suzuka en 1989, lorsque, dans une chicane, Ayrton Senna attaque Alain Prost qui lui ferme la porte. Entrés en collision, le Français abandonne, le Brésilien repart. Vainqueur, Senna est finalement disqualifié pour être reparti avec l'aide de commissaires. Prost est champion du monde.

LE MOTEUR LÂCHE QUAND IL NE FAUT PAS

D'aucuns estiment que le championnat s'est joué en Malaisie quand Lewis Hamilton, premier, a vu son moteur le lâcher. Son avance au classement s'est transformée en un retard qui lui coûte pour l'instant le titre. Des problèmes mécaniques lui ont également fait perdre des points en Chine et en Russie notamment. Si le Britannique n'a pas été épargné cette saison, Nico Rosberg n'a strictement rien eu à déplorer. Jusqu'à ce dernier Grand Prix. S'il y a un moment dans la saison où la défaillance mécanique est interdite pour les ingénieurs, c'est bien demain... Et c'est ce scénario de perte du titre qui est le plus vraisemblable. Un souvenir relativement similaire en guise de rappel ? Nigel Mansell perd le titre en 1986, victime d'une crevaison au 64e tour du dernier Grand Prix. Il avait sept points d'avance...

LA FAUTE AUX AUTRES

Devant absolument gagner ce Grand Prix demain pour espérer être titré, Lewis Hamilton doit aussi compter sur les aléas de la course. Les choix des pneumatiques, les défaillances, les accrochages, la météo, les arrêts aux puits sont autant de facteurs qui influent le cours d'une course. Ce que fait l'un peut avoir des conséquences sur l'autre. Un exemple : la manière dont Felipe Massa perd le titre chez lui au Brésil, en 2008, après avoir franchi en vainqueur et en champion la ligne d'arrivée de cette dernière course. Sixième à deux tours de la fin, Lewis Hamilton voit la couronne lui échapper. Mais dans le dernier tour, le quatrième Timo Glock, victime de ses pneus, est doublé par Vettel puis Hamilton qui n'a besoin que de la cinquième place pour devenir champion du monde. L'effet papillon ?

L'EXPÉRIENCE FAIT LA DIFFÉRENCE

On aurait pu retenir ici une mauvaise stratégie d'arrêts aux puits ou un problème en qualification reléguant le pilote en fond de grille, on a préféré miser sur l'impact psychologique. Dans la peau du favori, Nico Rosberg a néanmoins la pression sur les épaules. Et Lewis Hamilton a les statistiques et l'expérience pour lui. Les statistiques montrent qu'à neuf reprises le leader du classement a perdu le titre à l'issue de la dernière course. L'expérience d'arracher un titre au dernier rendez-vous a été vécue à quatre reprises par Hamilton, une seule fois par son adversaire. Bref, le Britannique est dans la peau de celui qui n'a rien à perdre. S'il prend la tête de la course dès le premier virage demain matin, comment réagira Nico Rosberg ?

SI L'ON FAIT LES COMPTES...

Peu importe le résultat de Lewis Hamilton, il suffit à Nico Rosberg de terminer sur le podium pour être champion du monde. S'il est vainqueur, le Britannique devra compter sur une quatrième place de l'Allemand au mieux. Si Hamilton ne gagne pas à Abu Dhabi, l'égalité au classement est possible. Avec autant de victoires pour les deux (9), le nombre de deuxième place et de troisième place sera alors pris en compte pour les départager.