Comme si la F1 avait besoin de ça, le premier Grand Prix de la saison a confirmé les craintes entrevues aux essais de Barcelone : les nouvelles voitures rendent difficiles, voire « presque impossibles » les dépassements, selon des pilotes. La course de ce week-end en Chine fera-t-elle mentir cette perception ?

LA NATURE DU PROBLÈME

À la fin du Grand Prix d'Australie, il y a deux semaines, quelques pilotes se sont plaints du comportement de leur monoplace dans le sillage d'un adversaire. Comme chacun l'aura remarqué, les F1 de cette année sont plus imposantes que leurs devancières : plus longues, plus hautes et surtout plus larges. Plus larges sont aussi le diffuseur arrière, le plancher et les pneus. L'objectif de ces modifications est d'obtenir plus d'appuis aérodynamiques pour plus de vitesse (surtout en virage). Cette configuration a un effet pervers : elle génère plus de turbulences à l'arrière de la F1. La voiture qui suit de trop près perd alors de l'adhérence. Suivre une voiture est plus délicat - notamment dans les virages rapides - tout comme s'en rapprocher. Dépasser devient plus difficile, pour ne pas dire périlleux. Sebastian Vettel a estimé à Melbourne que les effets des turbulences se ressentaient jusqu'à deux secondes et demie derrière une voiture !

CONSTAT AMER DE PILOTES...

Nico Hulkenberg s'est montré le plus vindicatif en Australie. Selon le pilote de Renault, il est « presque impossible de dépasser » avec ces voitures dans ces conditions. Esteban Ocon a estimé avoir été bloqué durant 30 tours derrière Fernando Alonso, profitant finalement d'une ouverture et d'une légère faute de l'Espagnol pour le dépasser. Le pilote de Force India a considéré qu'il était « impossible de se rapprocher ». En Australie, il est vrai, rares ont été les tentatives de dépassement. Et celui fait par le jeune Français à l'endroit de l'expérimenté Espagnol a été d'autant plus apprécié par les amateurs et les observateurs. Et bien honnêtement, ce fut sans doute le moment le plus spectaculaire de ce premier Grand Prix...

... À RELATIVISER

Mais pour reprendre les propos de Valtteri Bottas tenus récemment dans les colonnes d'Autosport, il ne faudrait pas tirer des conclusions hâtives. « Je pense qu'en général, ce sera un petit peu plus difficile [de dépasser], mais cela dépendra des pistes », a fait remarquer le pilote de Mercedes au magazine britannique. Si le circuit d'Albert Park à Melbourne est réputé rapide, son tracé bosselé et étroit n'offre pas beaucoup d'occasions de dépassement et de visibilité optimale pour les pilotes. Sans compter que les murets et glissières de sécurité sont proches de la piste. Rien à voir avec le circuit de Shanghai, constitué de très longues lignes droites dans lesquelles les F1 plus rapides de cette année vont profiter beaucoup plus du phénomène aérodynamique d'aspiration. Et donc, pouvoir dépasser plus souvent. Comme à Barheïn et en Autriche, par exemple.

S'EST-ON TROMPÉ DE VOITURES ?

S'est-on trompé de voitures, cependant ? La question est loin d'être saugrenue. Ironiquement, elle a été indirectement posée à Ross Brawn la veille des qualifications du Grand Prix d'Australie. Et si, après tous ces changements aérodynamiques, les courses ne donnaient pas satisfaction ? Changerait-on la réglementation ? Et le pourrait-on ? « Si l'on voyait que ce n'est pas bon pour le sport [...], nous définirions un virage. On continuera de travailler avec les écuries, avec la FIA, pour trouver une solution si on sent que les courses ne sont pas aussi bonnes qu'elles le devraient », a alors répondu à un parterre de journalistes le directeur général Sports motorisés de Formula One Group. Ross Brawn pense-t-il sincèrement que les écuries accepteraient de retourner à leurs planches à dessin avant même la fin de l'année, après tous ces changements majeurs coûteux ?

La Chine espère un pilote

Zéro, c'est le nombre de pilotes chinois à avoir pris ne serait-ce qu'un seul départ d'un Grand Prix de F1 dans toute l'histoire. Seuls deux pilotes ont effleuré du bout des doigts ce « rêve » en participant à une séance d'essais libres d'un GP. Tous les espoirs reposent aujourd'hui sur un jeune de 16 ans, Sun Yue Yang, membre de l'Académie Renault, qui débute cette année en Formule Renault 2.0.