Pour répondre aux nouvelles exigences de sécurité en vue du Grand Prix du Canada, l'été prochain, la Ville de Montréal a accordé un contrat de 4 millions sans appel d'offres pour des modifications au circuit Gilles-Villeneuve.

C'est le Groupe de course Octane, organisateur du Grand Prix, qui recevra cette somme pour effectuer les travaux requis avant le début de l'événement, le 9 juin.

Les nouvelles Formule 1 roulent maintenant 20 à 50 km/h plus vite. La Fédération internationale de l'automobile (FIA) exige donc des équipements de sécurité plus performants autour de la piste de l'île Notre-Dame.

Des changements sont nécessaires, notamment, au montage et au démontage de la zone «hospitalité» destinée aux pilotes (à l'arrière des «paddocks»), qui coûtera 1,7 million. 

Des barrières amortissantes de la société française Tecpro seront aussi installées dans certains virages, a déjà indiqué le président du Groupe Octane, François Dumontier. En cas de sortie de piste, une voiture peut percuter ce type de barrière à 130 km/h sans dommage majeur pour la voiture ni blessure sérieuse pour le pilote. La facture de ces équipements et d'autres mises aux normes de sécurité du circuit Gilles-Villeneuve s'élèvera à 2,3 millions.

Dérogation à la loi

Pour que la Société du Parc Jean-Drapeau (SPJD) puisse accorder ce contrat à Octane de gré à gré, plutôt que d'aller en appel d'offres, la Ville de Montréal a dû demander l'autorisation de Québec.

«La SPJD doit effectuer des correctifs dans un délai qui ne permet pas de respecter les dispositions de la Loi sur les cités et villes pour l'octroi de contrats. C'est la raison pour laquelle nous vous demandons une dérogation afin qu'elle puisse accorder à Octane (promoteur en titre) la responsabilité d'exécuter les travaux obligatoires», a écrit le directeur général de la ville, Alain Marcoux, dans une lettre envoyée au ministère de Affaires municipales. 

«La réalisation de ces correctifs est obligatoire à la tenue du prochain Grand Prix du Canada.»

«Chèque en blanc aux milliardaires»

L'opposition à l'Hôtel de Ville a dénoncé cette nouvelle dépense reliée à la tenue de la course de Formule 1.  

«La surenchère de dépenses pour la F1 est directement liée à l'empressement de Denis Coderre de signer un chèque en blanc aux milliardaires de cette industrie», s'est insurgé Alain Vaillancourt, porte-parole de Projet Montréal en matière de sports. «La question qu'on va devoir se poser, c'est: jusqu'où les contribuables montréalais et les Québécois sont-ils prêts à aller dans ce puits sans fond?»

Du côté de l'administration Coderre, on répond que le grand Prix de Formule 1 est une vitrine exceptionnelle pour la métropole. 

«La tenue d'un grand prix de F-1 à Montréal engendre des retombées économiques et touristiques majeures», souligne Marc-André Gosselin, porte-parole de Denis Coderre. «Il existe peu d'événements sportifs (ou non) offrant une visibilité internationale et des retombées économiques aussi importantes. En fait, le GP est la manifestation touristique qui représente les plus importantes retombées économiques au Canada.» 

La Ville de Montréal, Québec et Ottawa paient en moyenne 18,7 millions par an à Formula One Management pour avoir le droit de présenter le Grand Prix du Canada, mais reçoivent aussi en moyenne 4 millions par an en redevances sur la vente des billets.

En 2014, la Ville de Montréal s'est engagée à payer la construction de nouveaux paddocks, d'une tour de contrôle et d'infrastructures de soins, dont la facture est estimée à 48 millions. «La Ville est présentement en négociation avec le gouvernement du Québec afin qu'il soit partenaire à la hauteur de 18 millions», a expliqué Noémie Brière-Marquez, attachée de presse au cabinet du maire et au comité exécutif.

Rappelons que 46% des Québécois sont d'accord avec l'investissement de fonds publics pour la tenue du Grand Prix de Formule 1, selon un sondage CROP-La Presse publié vendredi.

Les travaux en vue du Grand Prix ainsi que le chantier de réaménagement de l'île Sainte-Hélène pour la tenue de festivals forceront la fermeture du circuit Gilles-Villeneuve pour tout l'été aux cyclistes, piétons et adeptes du patin à roues alignées.