La saine rivalité entre les champions de Formule 1 Lewis Hamilton et Sebastian Vettel pourrait être mise à l'épreuve ce week-end lors du Grand Prix de Monaco, un circuit unique au monde qui pousse souvent les pilotes à la limite.

Après cinq courses, Vettel, le quadruple champion de F1, dispose d'une avance de six points au classement sur le triple champion du monde, Hamilton. Ils ont chacun signé deux victoires cette saison et savourent chaque instant de cette lutte - la première entre eux - au championnat des pilotes.

À l'époque où Vettel dominait chez Red Bull avec quatre titres consécutifs entre 2010 et 2013, Hamilton faisait ses marques derrière chez McLaren. Puis, lorsque Hamilton a commencé à dominer la F1 chez Mercedes l'année suivante, Vettel a entamé son lent déclin chez Red Bull. Après avoir fait le saut chez Ferrari en 2015, l'Allemand s'est révélé incapable de bousculer Hamilton et son ex-coéquipier chez Mercedes, Nico Rosberg.

Même s'ils totalisent 99 victoires en F1, c'est la première fois que Hamilton et Vettel doivent en découdre en piste.

«Il faut respecter le travail des autres, a évoqué Vettel. Nous sommes très différents (d'eux). Mais je crois que nous avons une très bonne chimie.»

Hamilton, à son tour, lui a aussi lancé des fleurs.

«C'est merveilleux de se retrouver dans une lutte avec un gars comme lui, qui est quadruple champion du monde, a souligné le Britannique. Ce sport a besoin d'une telle bagarre à chaque course.»

Les amateurs sont fébriles, et Hamilton ressent lui aussi une forme de soulagement de pouvoir affronter un pilote aussi réputé que lui qui, de surcroît, fait partie d'une autre écurie.

Au cours des trois dernières années, Hamilton s'est retrouvé dans une lutte intense avec Rosberg, et leur relation tendue a provoqué des frictions chez Mercedes.

Un vent de fraîcheur a balayé les garages de Mercedes à la suite de l'annonce de la retraite surprise de Rosberg l'hiver dernier, après qu'il eut conquis le titre de champion du monde. Pas parce que l'Allemand avait beaucoup d'ennemis, mais plutôt parce que l'équipe n'avait plus à composer avec une saga qui faisait les choux gras des médias.

«Cette saison, j'ai retrouvé ma passion pour mon sport, a admis Toto Wolff, le directeur des opérations chez Mercedes. Nous livrons une bagarre acharnée contre Ferrari.»

En d'autres mots, le champ de bataille a quitté les garages de Mercedes pour se retrouver en piste, contre la «Scuderia'.

Mais la saine rivalité entre les deux pilotes pourrait devenir plus agressive ce week-end. Il semble que la course au titre se fera entre Hamilton et Vettel, et ni l'un, ni l'autre ne peut commettre la moindre erreur.

La pression sera encore plus impressionnante sur le sinueux parcours de Monaco, en bordure duquel les amateurs de F1 côtoient les millionnaires, et qui est considéré par Wolff comme étant «le joyau de la couronne» du sport automobile.

La plus petite erreur au freinage sur ce circuit de 3,4 km qui traverse Monte-Carlo, en passant notamment devant son célèbre casino et son port où baignent de rutilants yachts, peut expédier un pilote directement dans les barrières de sécurité.

«Si tu veux être rapide à Monaco, tu ne peux éviter les risques», a déclaré le pilote Red Bull Max Verstappen, qui fut victime d'un accident lors de la course en 2016.

L'obtention de la position de tête devient extrêmement importante, compte tenu du fait que les dépassements sont quasi impossibles à réaliser. En conséquence, la séance de qualifications est cruciale, et les pilotes doivent pousser leur voiture à la limite, sans toutefois la franchir.

«C'est un week-end exténuant mentalement, a concédé le pilote Mercedes Valtteri Bottas. Une erreur peut être fatale.»

Les pilotes disposeront toutefois d'un mince avantage cette année, puisque les gommes Pirelli sont plus durables qu'auparavant, ce qui signifie qu'ils pourront passer plus de temps en piste et moins dans les puits.

Mais, d'autre part, les voitures sont plus imposantes que l'an dernier.

Les modifications aux règlements de la F1 adoptées cette année ont permis aux voitures d'être plus larges - et plus rapides. Sur une piste aussi étroite que celle de Monaco, ça signifie que les pilotes seront confrontés «à un défi gigantesque», croit Hamilton.

«Ce sera un véritable test, un étalon de mesure pour mesurer nos progrès, a-t-il ajouté. Tu dois être allumé et précis.»