Kimi Raikkonen a signé le meilleur temps de la première journée d'essais au Grand Prix de Formule 1 du Canada, vendredi, mais le pilote Ferrari a assuré qu'il n'avait pas voulu envoyer un message à son coéquipier.

Raikkonen, qui avait signé sa première position de tête en 129 départs au Grand Prix de Monaco, il y a deux semaines, avait finalement abouti en deuxième place sur le podium, derrière Sebastian Vettel. À la télé, pendant que Vettel était tout sourire pour recevoir le trophée, le Finlandais affichait une mine déconfite.

Interrogé à savoir s'il y avait des frictions au sein de la «Scuderia» depuis cet incident, Raikkonen a assuré, avec son sang-froid légendaire, qu'il n'en était rien.

«Non, il n'y a pas de friction. C'est ça, la course automobile. Un pilote gagne, et l'autre doit finir deuxième. (...) Elle (ma motivation) n'est pas différente des autres courses. Les gens essaient de créer des polémiques, mais c'est une journée comme les autres. La routine du vendredi», a dit celui qu'on surnomme "Iceman".

Le Finlandais âgé de 37 ans a été le seul à franchir la barre d'une minute et 13 secondes (1:12,935). Le pilote Mercedes Lewis Hamilton a signé le deuxième temps, à 0,215 seconde, suivi de Vettel, à 0,265.

Le circuit Gilles-Villeneuve étant poussiéreux, de nombreux pilotes ont valsé pendant cette première journée d'essais. Vettel, Raikkonen, Valtteri Bottas (Mercedes), Romain Grosjean (Haas) et Stoffel Vandoorne (McLaren) ont figuré parmi les victimes, même si aucun dégât n'a été signalé.

«Nous ferons tout pour tenter de décrocher la pole samedi, a assuré Vettel, meneur au championnat des pilotes. J'ai commis quelques fausses manoeuvres - je me suis battu avec la voiture -, mais nous avons amassé toutes les informations que nous voulions (vendredi). Ç'a été une journée assez intéressante.»

Bottas a suivi en quatrième position en 1:13,310, tout juste devant le pilote Red Bull Max Verstappen (1:13,388). Ce dernier a provoqué un drapeau rouge alors qu'il restait environ 20 minutes à la deuxième séance, après qu'un problème technique l'eut contraint à immobiliser sa voiture en bordure de piste dans le virage no 1.

Fernando Alonso, qui connaît une saison cauchemardesque chez McLaren, a dû écourter sa séance en matinée en raison d'un problème de boîte de vitesses. Après des travaux intensifs sur sa voiture, il est retourné en piste dans la dernière demi-heure de la deuxième séance d'essais et a signé le 13e temps.

Lance Stroll, qui découvrait le circuit pour la première fois de sa carrière, a testé les limites de sa Williams et commis quelques erreurs de pilotage qui lui ont coûté d'importantes fractions de seconde. Le Québécois a finalement signé le 17e temps, à 2,305 secondes de Raikkonen.

En matinée, Hamilton avait été le plus rapide en 1:13,809.

«C'est une bonne journée pour tout le monde, pour les «fans, pour moi, pour le Grand Prix. C'est très spécial de rouler ici», a reconnu d'emblée le pilote recrue de 18 ans.

Et il a vite constaté que la réalité de la piste est quelque peu différente de l'expérience vécue sur la console.

«Comme prévu, il y a des moments où on se retrouve proche des murs. C'est comme ça ici. En matinée, c'était très glissant pour tout le monde. On a d'ailleurs vu plusieurs sorties de piste. C'était beaucoup mieux en après-midi.

«Je savais avant même de venir ici que la dernière chicane n'est pas facile à négocier. C'est un virage difficile à voir pour tout le monde. Mais la piste est le fun à conduire. Comme l'adhérence sera meilleure demain, ce sera encore plus cool.»

Maintenant qu'il s'est familiarisé avec les rigueurs du tracé, le pilote de Mont-Tremblant envisage de pousser un peu plus ses limites, samedi. Il est d'ailleurs l'un des rares pilotes à ne pas avoir roulé avec les gommes ultra-tendres, qui se sont révélées plus performantes que les super-tendres et les tendres.

«Nous avons encore les ultra-tendres pour demain. Nous avons choisi de ne pas les mettre aujourd'hui. Ce sera un autre grosse étape pour les performances. Je devrais avoir une meilleure idée après FP3 (les essais libres de samedi matin).

«Nous avons de petites choses à améliorer ce soir. C'est très possible d'avoir encore une meilleure voiture demain.»

Le représentant de l'unifolié tentera ce week-end d'inscrire son premier point de classement en carrière. Mais peu importe le résultat qu'il inscrira dimanche, le premier pilote canadien en F1 depuis Jacques Villeneuve en 2006 compte savourer le moment.

«C'est un rêve devenu réalité pour moi, a-t-il répété. J'ai grandi ici, et je me souviens d'avoir assisté aux courses ici, dans les gradins, alors que j'avais cinq ou six ans seulement. D'en faire enfin partie, c'est très spécial.»

Une sensation «d'engourdissement»

Ce n'est que la première journée d'essais libres, mais déjà une belle lutte semble se dessiner à l'horizon entre Ferrari et Mercedes. À condition que l'équipe allemande trouve une solution à ses problèmes de pneus.

«(Les ingénieurs de Pirelli) ont conçu des pneus qui atteignent un haut niveau de performance, avant de se dégrader très rapidement, a expliqué le directeur technique de Mercedes Toto Wolff vendredi matin. (...) Nous disposons d'une voiture très rapide, qui possède de bons appuis aérodynamiques, et lorsque les pneus entrent dans la fenêtre de performance, alors elle devient une véritable fusée.

«Mais lorsqu'ils ne sont pas dans la fenêtre, ou qu'ils ne sont pas en température, alors elle est totalement incontrôlable, a-t-il ajouté. Je ne connais pas la solution, et ça prendra du temps pour la trouver. Mais une équipe semble l'avoir trouvée, et c'est Ferrari.»

La plupart des pilotes ont chaussé des gommes ultra tendres en après-midi, comme ç'avait été le cas pour les six plus rapides en matinée. Pour l'instant, elles semblent être plus performantes sur le circuit montréalais que les super tendres et les tendres.

Avant les essais vendredi, Hamilton avait d'ailleurs décrit ce qu'il ressentait lorsqu'il se retrouvait derrière le volant de sa flèche d'argent.

«C'est très étrange, parce que nous chauffons toujours les gommes de la même façon, a-t-il expliqué. Parfois elles chauffent, parfois non. C'est comme si nous étions engourdis ("numb feeling"). Et c'est pareil pour toutes nos gommes.»

Photo Olivier Jean, La Presse

Lance Stroll