Jock Clear est un habitué des paddocks de F1 depuis la fin des années 80. Il a travaillé avec plusieurs champions du monde, de Michael Schumacher à Lewis Hamilton, sans oublier Jacques Villeneuve.

En 1997, chez Williams, il avait été le complice indispensable du Québécois dans la conquête du titre mondial, avant de le suivre dans l'aventure de l'équipe BAR. Si l'étoile de Villeneuve a ensuite pâli, celle de Clear ne s'est jamais éteinte.

Après BAR et Brawn GP, l'ingénieur britannique s'est retrouvé chez Mercedes et occupe depuis 2015 le poste de directeur de course chez Ferrari, où il est particulièrement proche de l'Allemand Sebastian Vettel, un autre champion du monde. Cette semaine, au circuit Catalunya, il passe ses journées en bordure de piste, orchestrant le travail de la Scuderia sans rater une seconde de ce qui se passe en piste ou dans les paddocks.

Nous l'avons retrouvé mardi, sur l'heure du midi. Vettel venait d'achever la bagatelle de 86 tours, 20 de plus que la distance d'un Grand Prix, signant au passage le meilleur temps de la matinée en 1 min 20,396 s. Des chiffres qui n'avaient pas vraiment de signification pour Clear, trop habitué à ses essais hivernaux.

« Nous avons un horaire très chargé cette semaine et l'important est vraiment d'exécuter systématiquement chaque étape de notre programme, a-t-il insisté. Les 86 tours sont bien plus importants que le meilleur temps ! »

En plus d'apprivoiser la nouvelle SF71H, Vettel a amassé des informations précieuses sur les pneus Pirelli. La compétition est très vive entre les meilleures équipes et c'est souvent dans la gestion des pneus que se jouent les positions à l'arrivée.

« Toute la semaine, nous allons effectuer des sorties de longueurs variables, en roulant à un rythme plus ou moins soutenu, pour mesurer l'usure des pneus et évaluer jusqu'où nous pouvons aller en situation de course, a expliqué Clear. Qui sait si une information recueillie ce matin ne nous aidera pas à gagner une position en piste plus tard cet été ? »

PASSIONNÉ

À 54 ans et avec plus de 30 ans d'expérience en F1, Clear reste passionné par son métier. Ingénieur mécanique de formation - il a reçu un doctorat honorifique de l'Université Heriot-Watt d'Édimbourg, là où il a été formé -, il a un soin maniaque du détail et insiste pour que rien ne soit laissé au hasard dans l'équipe Ferrari.

Ce sera sa quatrième saison dans la Scuderia et il sait que les attentes sont très élevées dans une équipe qui n'a plus gagné un titre mondial depuis 2008. Clear ne veut pas encore se prononcer sur la nouvelle voiture, mais espère qu'elle sera aussi performante que celle de l'année dernière, dont le châssis était considéré par plusieurs comme le meilleur du plateau.

« Nous avions effectivement une voiture très efficace la saison dernière, mais cela n'a pas été suffisant pour battre Mercedes, même si nous étions très proches en termes de performance, a rappelé Clear. Cette saison, ce sera essentiel de bien gérer nos courses et d'aller toujours chercher le maximum de points à notre portée. »

Vettel a longtemps mené le Championnat du monde la saison dernière et il n'était encore qu'à trois points de Hamilton, au Grand Prix de Singapour à la mi-septembre, quand lui, son coéquipier Kimi Räikkönen et Max Verstappen se sont accrochés au départ.

Clear ne le dira pas ouvertement, mais la direction de la Scuderia s'attend à une plus grande discipline de ses pilotes cette saison. Et pour l'instant, ça consiste à accumuler les tours sur le circuit Catalunya.

VETTEL A DÛ REMPLACER RÄIKKÖNEN

Après Daniel Ricciardo chez Red Bull, mardi, c'est Kimi Räikkönen qui a forcé son équipe à revoir son programme, hier matin, quand il s'est déclaré « indisposé » au moment d'aller en piste. Sebastian Vettel, qui avait fait 171 tours la veille, a donc repris la piste au volant de la Ferrari et il a continué d'abattre sa large part de travail. Räikkönen avait apparemment repris des forces en début d'après-midi et il a pris la relève de son coéquipier pour boucler 49 tours. Un peu en retrait au niveau des performances par rapport à Mercedes et Red Bull, la Scuderia n'a visiblement pas encore montré tout ce dont la nouvelle SF71H était capable. Vettel sera à nouveau en piste aujourd'hui, alors qu'on espère que Räikkönen sera parfaitement rétabli demain pour la dernière journée des essais hivernaux.

Photo Bernard Brault, archives La Presse

Jock Clear et Jacques Villeneuve, en 2002