C'est à Tremblant que Lance Stroll est allé recharger ses batteries, cet hiver, avant de repartir pour une deuxième saison en Formule 1 avec l'équipe Williams.

« J'y suis retourné pour le Nouvel An avec ma famille et des amis, a confié le pilote canadien en entrevue exclusive, hier matin au circuit Catalunya. Pour moi, le Québec, c'est la maison, l'endroit où je suis heureux. Ça me rappelle mon enfance, l'endroit où j'ai grandi.

« J'aimerais y retourner plus souvent, mais je suis un peu occupé depuis quelques années... »

La carrière de Stroll l'a effectivement éloigné de l'hiver canadien et des pentes de ski qu'il apprécie. S'il a suivi avec intérêt les succès canadiens aux Jeux de PyeongChang, sa progression jusqu'au sommet de la pyramide du sport automobile lui a vite imposé un retour au boulot.

C'est quand même un pilote heureux de reprendre le volant que nous avons retrouvé, cette semaine, à Barcelone. « J'attends beaucoup de cette deuxième saison, a rappelé Stroll. Je me suis beaucoup préparé, aussi bien physiquement que mentalement, et l'équipe a travaillé d'arrache-pied pour produire une voiture plus performante que celle de l'an dernier. »

Après Gilles et Jacques Villeneuve, Stroll est le troisième pilote québécois que nous suivons en Grand Prix. Les époques sont évidemment différentes, et le pilote de 19 ans affiche des ambitions qui correspondent à la Formule 1 d'aujourd'hui.

« Chaque pilote est unique », estime Stroll, qui s'exprime avec le même aplomb en français qu'en anglais. « La Formule 1 est bien différente, avec une importance accrue du package voiture-moteur. Actuellement, j'essaie simplement de faire de mon mieux avec les moyens que j'ai à ma disposition.

« Je n'essaie pas de répéter les exploits de Gilles, de Jacques ou des autres pilotes de F1. Je veux être le meilleur pilote que je puisse être, et si ça ne donne que des résultats ordinaires, qu'il en soit ainsi ! J'aurai fait de mon mieux », dit-il.

PROGRESSER COMME PILOTE

Quoi qu'on dise des raisons qui l'ont amené en F1 - son père est milliardaire -, Stroll se targue d'être seul juge de son travail. « Je ne crois pas qu'on puisse penser différemment à ce niveau. Mon éthique de travail est fondée sur mes propres objectifs. Je connais mes forces, mes faiblesses, je sais ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas et je m'ajuste en conséquence.

« Cette saison, mon objectif est encore de progresser comme pilote. Tout dépendra évidemment du niveau de compétitivité de la voiture, mais mes premières impressions sont bonnes. Nous avons visiblement corrigé certains défauts de la voiture, dans les secteurs où il faut beaucoup d'appui, en particulier, et je suis convaincu que le potentiel de la FW41 est beaucoup plus élevé. Je crois que nous serons plus rapides, plus constants aussi, en qualifications en particulier, qui étaient en peu mon point faible la saison dernière. »

À 19 ans, Stroll est le plus jeune pilote du peloton et plusieurs soulignent l'inexpérience du duo qu'il forme avec le Russe Sergey Sirotkin, 22 ans, un débutant en F1. « Il y a beaucoup d'expérience autour de nous, parmi nos ingénieurs notamment, réplique le Canadien. Nous formons une grande équipe et tout le monde apporte sa contribution au succès de l'ensemble.

« De la même façon, je ne crois pas être le pilote "numéro 1". Pour moi, c'est un détail qui n'a pas d'importance. Je travaille dans ma partie du garage, je fais de mon mieux et nous nous concertons ensuite pour mettre tous nos efforts ensemble. C'est l'équipe qui compte et c'est en équipe que nous pourrons être plus compétitifs. »

L'AUSTRALIE, BIENTÔT !

Une journée d'essais est longue et harassante. Stroll y trouve toutefois du plaisir. « Ce n'est pas ennuyant, bien au contraire, assure-t-il. Tout le monde a travaillé très fort, cet hiver, et nous avons enfin l'occasion de réunir tous ces efforts et de bâtir l'ensemble, le package qui va nous permettre d'être plus compétitifs cette saison. C'est assez excitant, en fait, et je suis vraiment impatient de retourner dans la voiture, cet après-midi [hier], pour ma dernière séance de travail au volant. »

La Williams est restée en retrait jusqu'ici cette semaine, mais Stroll ne s'en inquiète pas : « En fait, je n'ai pas vraiment étudié les résultats des séances d'essais. Toutes les équipes travaillent de façon différente et les chronos ne veulent pas dire grand-chose. »

« Je crois que nous avons effectué du bon boulot et que nous allons dans la bonne direction », dit-il.

On saura rapidement si ce travail a porté ses fruits puisque le premier Grand Prix sera disputé dans à peine deux semaines à Melbourne, en Australie. Stroll est à la fois impatient et fébrile à l'idée de retrouver l'ambiance d'un week-end de course.

« Je vais encore passer quelques jours à Barcelone pour parfaire ma préparation physique, puis je me rendrai en Australie pour préparer le Grand Prix, explique-t-il. Ce sera intéressant de voir où nous en sommes par rapport à nos concurrents, excitant aussi de pouvoir rouler sur un circuit où j'avais disputé mon premier Grand Prix la saison dernière. »

Mais Stroll n'est plus le jeune pilote un peu intimidé qui s'était qualifié sur la dernière ligne avant d'abandonner au 40e tour. Il n'a peut-être encore que 19 ans, mais ce n'est plus un débutant.

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KUBICA IMPRESSIONNE

Robert Kubica n'est que pilote de réserve chez Williams, mais il a signé hier le temps le plus rapide réussi par la nouvelle FW41 depuis le début des essais de Barcelone. Le vétéran polonais a roulé en 1 min 19,634 s, soit près de deux secondes de mieux que le Russe Sergey Sirotkin. De son côté, Lance Stroll a continué d'évoluer « sous le radar » et il s'est classé au dernier rang des pilotes ayant pris le volant. Le Canadien s'est encore concentré sur des réglages de course, roulant surtout sur des pneus tendres, alors que Kubica a signé son meilleur tour sur des super tendres. Croisée dans le « motorhome » de Williams à l'heure du lunch, la directrice Claire Williams s'est dite satisfaite du travail de ses trois pilotes jusqu'ici, saluant notamment l'application avec laquelle Stroll s'acquittait de tâches plus ingrates, au détriment de ses performances. « C'est en Australie qu'il faudra être rapide », a-t-elle d'ailleurs insisté.

Autres nouvelles

Vettel fracasse le record !

Après Red Bull mercredi, c'est Ferrari qui a frappé un grand coup hier avec un nouveau record officieux du circuit de Catalunya. Sebastian Vettel a tourné en 1 min 17,182 s, près d'une seconde de moins que Daniel Ricciardo la veille. L'Allemand a aussi fait 188 tours, dont une simulation complète de Grand Prix. C'était la troisième fois cette semaine qu'il était le plus actif et il cédera le volant aujourd'hui à son coéquipier Kimi Räikkönen.

Mercedes et Red Bull ont roulé, roulé, roulé...

Contrairement à Ferrari, les équipes Mercedes et Red Bull ont privilégié l'endurance hier et elles ont fait respectivement 181 et 187 tours, sans jamais tenter d'égaler le temps canon de Sebastian Vettel. La fiabilité de la Mercedes est encore impressionnante cette saison lors des essais hivernaux, alors qu'on semble avoir réglé chez Red Bull les petits problèmes qui avaient perturbé les premières journées d'essais.

Haas et Toro Rosso étonnent

On a eu droit à quelques belles surprises, hier à Catalunya, avec notamment la deuxième place de la Haas de Kevin Magnussen et la troisième de la Toro Rosso du jeune Français Pierre Gasly. De plus, aucun incident technique n'a perturbé la séance et presque toutes les équipes ont fait leur plus grand nombre de tours. Demain, pour la dernière journée des essais, les équipes devraient profiter des meilleures conditions en deux semaines.

Une journée mouvementée à Barcelone

Comme dans toutes les grandes villes du monde, les Catalanes ont profité de la Journée internationale des femmes pour manifester et revendiquer leurs droits. Plusieurs grandes places de Barcelone ont été prises d'assaut par des groupes de femmes et d'étudiantes. Et comme on est en Europe, les ouvrières des transports en commun ont organisé des ralentissements de travail sur tout le réseau de Barcelone et de la région...

LE CLASSEMENT DE LA JOURNÉE

1. SEBASTIAN VETTEL, FERRARI: 1 min 17,182 s (188 tours), pneus hyper tendres

2. KEVIN MAGNUSSEN, HAAS: 1 min 18,360 s (153 tours), pneus super tendres

3. PIERRE GASLY, TORO ROSSO: 1 min 18,363 s (169 tours), pneus hyper tendres

4. NICO HULKENBERG, RENAULT: 1 min 18,675 s (79 tours), pneus hyper tendres

5. CARLOS SAINZ, RENAULT: 1 min 18,725 s (69 tours), pneus super tendres

6. STOFFEL VANDOORNE, MCLAREN: 1 min 18,855 s (151 tours), pneus hyper tendres

7. MARCUS ERICSSON, SAUBER: 1 min 19,244 s (148 tours), pneus hyper tendres

8. LEWIS HAMILTON, MERCEDES: 1 min 19,296 s (84 tours), pneus super tendres

9. VALTTERI BOTTAS, MERCEDES: 1 min 19,532 s (97 tours), pneus médiums

10. ROBERT KUBICA, WILLIAMS: 1 min 19,629 s (73 tours), pneus super tendres

18. LANCE STROLL, WILLIAMS: 1 min 20,262 s (67 tours), pneus ultra tendres