Il est facile de confondre en piste les voitures des équipes Williams et Sauber. Les deux équipes offrent également des performances semblables et même leur histoire n'est pas sans parallèles.

Certes, Williams a connu plus de succès - neuf titres mondiaux des constructeurs notamment -, mais Sauber a connu de belles saisons aussi. Et si Sir Frank Williams a acquis une notoriété considérable, Peter Sauber est tout aussi respecté dans les milieux du sport automobile.

Depuis son arrivée en F1, en 1993, l'équipe Sauber a toujours occupé sa place dans les paddocks avec le sérieux et la rigueur qui conviennent à une organisation suisse. Formée à l'école des courses d'endurance - les Sauber Mercedes ont remporté les 24 heures du Mans en 1989 et le championnat du monde de la spécialité en 1989 et 1990 -, l'équipe s'est montrée méthodique et patiente dans son apprentissage de l'univers complexe de la F1.

Malgré le soutien financier de Red Bull à partir de 1995 et le flair de Peter Sauber pour détecter des jeunes pilotes de talent comme Kimi Raikkonen ou Felipe Massa, les moyens n'étaient pas toujours suffisants pour rivaliser avec les grandes équipes.

Le Suisse a donc réalisé au bout d'une douzaine d'années qu'il n'obtiendrait pas de meilleurs résultats sans l'appui d'un grand motoriste. BMW souhaitait alors s'impliquer directement en F1 et a acquis 80% de l'équipe, rebaptisée BMW-Sauber à compter de 2006.

Peter Sauber, qui n'avait donc conservé que 20% des parts, s'est un peu retiré de l'avant-scène, laissant la direction à l'ambitieux Mario Theissen, directeur de BMW Sport. Les moyens techniques et financiers du grand constructeur ont permis de réaliser trois excellentes saisons, avec notamment une victoire de Robert Kubica au Canada en 2008, et une deuxième place au championnat des constructeurs en 2007.

La haute direction de BMW s'attendait toutefois à encore mieux et a annoncé à la fin de 2009 qu'elle entendait se retirer de la F1 et revendre ses parts de l'équipe. Fort de l'appui des autres écuries, Peter Sauber a sauté sur l'occasion de racheter son équipe tout en réalisant une belle opération financière.

Cette saison, l'équipe mise de nouveau sur deux jeunes pilotes talentueux: le Japonais Kamui Kobayashi et le Mexicain Sergio Perez. «Je me souviens que nous avions connu une excellente saison en 2001 avec une formation semblable, a rappelé Sauber à Monaco. Kimi Raikkonen débutait en F1 alors que Nick Heidfeld n'en était qu'à sa deuxième saison. C'est la même chose cette année avec un pilote recrue (Perez) et un «vétéran» de deux saisons (Kobayashi).

«Nous aimerions avoir de plus gros moyens et avoir la chance d'engager des champions du monde, a concédé Sauber, mais j'aime bien notre position actuelle. Être en F1 est un privilège. Je me suis vraiment ennuyé de la compétition entre 2006 et 2009. Être de retour depuis deux ans me permet de renouer avec ma passion.»

Les Sauber font bien jusqu'ici cette saison, avec notamment une cinquième place de Kobayashi à Monaco. L'épreuve monégasque a toutefois aussi été marquée par le grave accident survenu à Perez pendant les qualifications. Miraculeusement extrait de sa voiture avec un étirement musculaire à une cuisse et une légère commotion cérébrale, le Mexicain de 21 ans devrait recevoir le feu vert des médecins, ce week-end à Montréal.

Pour revenir à l'apparence des voitures, plusieurs noteront la présence de plusieurs commanditaires mexicains sur les Sauber. Outre Perez, le pilote de réserve est l'espoir mexicain Esteban Gutierrez et le milliardaire Carlos Slim - l'homme le plus riche du monde, selon Forbes - aurait acheté une partie de l'équipe à Peter Sauber.

Une autre belle affaire pour le «banquier» suisse?