Alexandre Tagliani l'avoue. À l'approche de la 98e présentation des 500 Milles d'Indianapolis, il se dit anxieux et sent le stress monter à mesure que la course approche.

«Les gens n'ont pas idée à quel point c'est rendu serré, a révélé le pilote que l'on a joint au téléphone à Indianapolis. C'est simple, l'an dernier il y a eu 80 dépassements pour la tête et il y avait 5 mi/h de différence entre les voitures en qualification. Cette année, pas plus de 2 mi/h séparent le premier du dernier pilote sur la grille. Le niveau de compétition n'a jamais été aussi relevé.»

En fait, il faut remonter à 1953 pour trouver un plateau aussi rapproché. Côté mécanique, tout le monde roule avec le même châssis et les mêmes pneus alors que les moteurs Chevrolet et Honda ont des performances plus que jamais comparables. «Il y a 25 pilotes qui ont une chance légitime de l'emporter, a soutenu Tagliani pour illustrer le niveau du plateau d'inscrits en 2014. Personne ne va s'échapper, c'est certain.»

Trente-trois voitures filant en grappes compactes à plus de 360 km/h pendant 800 bornes; ne voilà pas les ingrédients d'un désastre annoncé?

Pourtant, le pilote québécois n'a pas hésité une seconde quand on lui a proposé de prendre le volant de la deuxième bagnole de l'écurie de Sarah Fisher. «C'est sûr que si j'avais peur, je ne ferais pas de course, a dit le pilote de 40 ans qui en sera à son sixième départ à l'Indy 500. Bien honnêtement, les risques que l'on prend ne sont souvent pas proportionnels à la récompense promise, même dans le cas de l'Indy 500, qui est la plus grande course du monde. Mais on est tous des passionnés et personne n'est ici pour faire de la figuration.»

Pour Tagliani, il n'y a toutefois rien qui puisse justifier des risques inconscients. Mais il reconnaît que certains pilotes pourraient profiter de la tribune que leur offre l'Indy 500 pour tenter un coup d'éclat. «Tout le monde ici a les prérequis nécessaires. Mais ça ne veut pas dire que ça va en empêcher certains de prendre de gros risques, a averti Tagliani. Une chose est sûre, on va avoir droit à tout un spectacle.»

Vedettes invitées

Avec Kurt Busch, qui disputera le même jour l'Indy 500 et le Coca-Cola 600, à Charlotte, en série Sprint, Tagliani et Jacques Villeneuve sont les principales têtes d'affiche de la dizaine de pilotes pour qui les 500 Milles d'Indianapolis seront la seule présence en série IndyCar cette saison. Selon Tagliani, la clé du succès sera d'être patient, de compter sur un peu de chance et sur une bonne voiture dans la circulation lourde.

Tout comme Villeneuve, qui a indiqué à La Presse Canadienne avoir tout misé sur les réglages de course, Tagliani a sacrifié sa performance en qualifs pour être sûr d'avoir une monoplace parfaitement au point dans le trafic. Mais Tag compte aussi sur son expérience au Brickyard, à la différence de Busch, Villeneuve ou même Juan Pablo Montoya, titulaire cette année en IndyCar mais néanmoins peu expérimenté au Indy 500 - il a gagné à sa seule présence en 2000: «Montoya est revenu en IndyCar, mais il s'aperçoit que la série est une coche au-dessus de ce qu'elle était à l'époque, a dit le Québécois. Ce n'est pas facile, et ce n'est pas parce que tu as un nom célèbre que tu vas nécessairement rouler vite à Indianapolis.»