La saison d'IndyCar, petite cousine américaine de la Formule 1, a commencé dimanche à Saint Petersburg, avec des budgets moins importants qu'en F1 et un nombre croissant de spectateurs, grâce au suspense engendré.

En 2015, les pilotes d'IndyCar ont poussé le vice à son paroxysme: les deux meilleurs pilotes, le Néo-Zélandais Scott Dixon et le Colombien Juan Pablo Montoya, ont bouclé la dernière manche, à Sonoma, à égalité parfaite de points: 556 chacun! C'est finalement Dixon au nombre de victoires (trois, dont la dernière manche, contre deux pour l'ancien pilote de F1), qui a été titré, pour la quatrième fois.

À la base de ce suspense, le choix du châssis unique, conçu par Dallara. Le même constructeur italien qui a développé cette année le châssis de l'écurie américaine Haas, débutante en F1. Conséquence de cette règle, les budgets de chaque écurie sont limités et sans commune mesure avec la F1.

Ainsi, l'écurie KVSH du Français Sébastien Bourdais dispose d'un budget de base de 4,2 à 4,5 millions de dollars cette année, selon Kevin Diamond, attaché de presse de l'équipe américaine.

La fourchette pour les neuf écuries varie de 4 millions à 15 millions pour les écuries les plus puissantes, comme la prestigieuse Penske, qui fête ses 50 ans cette année et aligne quatre voitures identiques.

«Tout le monde peut gagner»

L'ancien pilote de F1 Eddie Cheever, devenu commentateur de l'IndyCar pour la chaîne sportive américaine ESPN, pousse même la comparaison en affirmant que «le budget d'une seule écurie de F1 peut payer deux fois l'ensemble du paddock d'IndyCar».

En F1, les équipes de tête (Mercedes, Ferrari, Red Bull) dépensent plus de 500 millions par an, et les moins riches une centaine de millions.

«Ici, tout le monde peut gagner une course. Même si tu as la voiture la plus rapide, ça ne veut pas dire que c'est toi qui va gagner dimanche», explique de son côté le Français Simon Pagenaud, pilote Penske pour la deuxième saison d'affilée et candidat au titre.

Ce nivellement des performances attire un public plus vaste. Le grand patron de l'IndyCar, Mark Miles, espère ainsi voir son audience augmenter de 50% entre 2013 et 2016.

Le championnat est actuellement diffusé par deux chaînes de télévision aux États-Unis, ESPN pour cinq courses, dont les 500 Miles d'Indianapolis, et NBC pour les 11 autres courses. En moyenne, ESPN avance 2,36 millions de téléspectateurs par course, avec une pointe à 6,48 millions pour les 500 Miles, locomotive du championnat.

Pas de profit pour l'IndyCar

La moyenne globale de l'IndyCar, soit 1,5 million de téléspectateurs par course, reste certes en dessous du Nascar, le sport automobile le plus suivi aux États-Unis, avec 2 à 5 fois plus de téléspectateurs en 2015 (7,64 millions pour le final floridien de la saison, fin novembre à Homestead, avec un pic d'audience à 12 millions, pour le drapeau à damier).

L'Indycar est même bien plus suivie que la F1: chaque Grand Prix de 2015 a été regardé, en moyenne, par 535 000 téléspectateurs, sur NBC, avec le handicap du décalage horaire.

«Je n'aime pas la façon dont la F1 tient ses spectateurs à l'écart. J'ai beaucoup de respect pour Bernie Ecclestone (le promoteur historique de la F1, NDLR), mais c'est un plan différent», ajoute Cheever. Selon lui, si le sport automobile veut attirer les jeunes qui préfèrent jouer aux jeux vidéo, «voir et toucher les voitures est important pour les amener au circuit».

Cette proximité avec le public «a fait venir de nombreux commanditaires et de promoteurs», affirme Mark Miles, ancien responsable de l'ATP, l'instance dirigeante du tennis mondial. Mais malgré cela, Mark Miles reconnaît que les droits de télévision ne permettent pas encore à l'IndyCar de générer des profits, évoquant simplement «une situation gérable».