Quadragénaire depuis septembre, Juan Pablo Montoya a touché à quasiment tout ce qui peut se faire en matière de course automobile, mais a trouvé avec l'Indycar, cousine nord-américaine de la F1, un véritable moteur à sa passion: le fun.

Dimanche, le Colombien s'élancera de la 17e place sur la grille de départ de la 100e édition des 500 Miles d'Indianapolis, cette course mythique dont il est le tenant du titre.

Vainqueur au GP de Monaco, malchanceux à Montréal

Montoya, c'est l'un des rares pilotes à avoir touché à presque toutes les catégories du sport auto: Indycar, Nascar, Formule 1, endurance.

Seul le rallye n'a pas été coché sur la liste par l'ex-pilote Williams et McLaren, dans les années 2000. 

Il a évidemment couru à Montréal, au Grand Prix du Canada. Les Montréalais se souviennent du GP 2005, quand il filait vers la victoire. En fin de course, une voiture de sécurité est entrée sur la piste, lui faisant perdre son avance. Entré aux puits au tour suivant, il en est ressorti le pied au fond en ignorant un feu rouge et a été disqualifié, comme l'année précédente. À une autre occasion, il a embouti sa voiture dans le célèbre «Mur des champions», au bout du même virage ou Jacques Villeneuve, Damon Hill, Michael Schumacher, Nico Rosberg et Ricardo Zonta ont planté les leurs. Mais il y a vécu un podium en 2003, finissant troisième.

A la question: «Où vous amusez-vous le plus?». «Ici!», répond-il du tac au tac, sans réfléchir, en montrant la piste de St. Petersburg en Floride, le circuit en ville qui a ouvert mi-mars la saison d'Indycar.

«Toutes les voitures sont équivalentes. Donc ce n'est pas si important de savoir dans quelle écurie on se retrouve. On a la garantie d'être compétitif», clame-t-il. Facile à dire toutefois, lorsque l'on évolue dans la plus prestigieuse de toutes: Penske, qui fête ses 50 ans en Indycar cette année (il court sous les couleurs du commanditaire Verizon).

«En Indycar, il y a beaucoup de paramètres qui entrent en considération, pas uniquement la vitesse de la voiture. Il y a beaucoup de stratégie à gérer dans la course pour le pilote», ajoute-il.

Montoya au GP de Montréal en 2005. Il été disqualifié dans la controverse. Photo : Écurie McLaren

Petit bedon, chevelure poivre et sel

Montoya a disparu des radars européens focalisés sur la F1, l'endurance et les rallyes, mais il n'est pas pour autant un retraité du sport automobile, loin de là!

S'il affirme trouver du fun en Indycar, il n'y est pas pour amuser la galerie, avec sa chevelure poivre et sel, signe des années qui passent, son teint halé de toujours et un embonpoint bien visible dans sa combinaison, chaque fois qu'il sort de sa Penske No 2.

Tête d'affiche de Penske à partir de 2014, le Colombien a aussitôt pris la 4e place du championnat, avant de remporter l'année suivante les 500 Miles pour la deuxième fois de sa carrière, 15 ans après son premier succès comme recrue. Une victoire qui lui permit à l'époque de se faire un nom sur la piste et en dehors: il est devenu une vraie star en Colombie à la suite de ce succès en 2000.

Juan Pablo Montoya célèbre sa victoire aux 500 milles d'Indianapolis l'an dernier. Photo : AP

Concilation course-famille

Son passage en F1 a été rapide (94 GP disputés entre 2001 et 2006, 7 victoires et 30 podiums), suffisant pour remporter le plus prestigieux des Grand Prix, Monaco en 2003. Mais pour ce père de famille de trois enfants, la vie de globe-trotter exigée par la F1 n'était pas idéale. Il a alors décidé de se concentrer sur le sport auto en Amérique du Nord.

Nascar, endurance, avec au passage une victoire de prestige aux 24 Heures de Daytona en 2008, puis finalement retour à l'Indycar où il apprécie également la proximité avec les spectateurs: «Ici, c'est fait pour les fans. C'est du sport !».

Photo : AP

Du caviar aux corn dogs

A la question de savoir s'il regrette la F1, là encore la réponse fuse: «Non ! Il y a trop de politique. Quand j'étais gamin, c'est ce que je rêvais de faire, j'y ai gagné des courses, mais c'est une honte, il y a tellement de politique. Vous ne pouvez pas détruire ce que représentait la F1 dans le passé», explique le Colombien.

Les intéressés réunis à Monaco ce week-end, pour le GP de F1 le plus «glamour» et le plus suivi de la saison, apprécieront le message.