La course de Montréal, qui en est à sa sixième présentation cette année, a toujours été la toile de fond de combats épiques qui poussent les pilotes et leurs machines aux confins de leurs limites.

Elle a fait connaître la discipline à de nombreux Québécois, ses particularités, sa culture émanant de l'Amérique rurale. Son originalité et sa simplicité séduisent et contrastent de l'environnement d'apparence froid et déconnecté de la F1. De plus, elle a toujours eu son assise sur une constante: son imprévisibilité captivante (cinq gagnants en cinq ans). Alexandre Tagliani le sait encore plus que nous.

Le pilote de Lachenaie n'est pas le plus expérimenté du plateau. Avec seulement trois courses de bouclées en série Nationwide dans sa carrière, il ne peut s'appuyer sur les kilomètres pour tenir tête aux habitués de stock-car. Difficile de ne pas dénoter les différences dans l'approche du sport. Les contacts, entre autres, sont répétés et stratégiques, chose qui serait impensable avec des bolides à roues découvertes.

Tagliani demeure néanmoins un pilote expérimenté qui cumule un nombre impressionnant d'épreuves à son actif, principalement en monoplace. S'il s'est fait remarquer en Formule Atlantique dès ses débuts en 1996, sa carrière dans les championnats de pointe a débuté en 2000 en série CART. Il s'implique maintenant à temps plein dans la série IndyCar.

»Une épreuve difficile»

Dans le cadre d'une conférence téléphonique en marge du NAPA 200, l'athlète a partagé ses observations sur la course de Montréal. Il croit avoir la bonne monture pour pouvoir partir avec les grands honneurs. «J'ai terminé deuxième en 2011, je me permets donc d'avoir de grandes espérances. J'ai également une très bonne voiture entre les mains, la même avec laquelle Nelson Piquet Jr. a remporté la course de Road America plus tôt cette année.»

Il souligne aussi les difficultés liées à la course et son aspect imprévisible. «On ne sait jamais ce qui arrivera. La course est très difficile, et les virages 1 et 2 peuvent être très déterminants du résultat», dit-il en parlant du «S» de Senna qui nous a donné de nombreux coups de théâtre et ce, dans toutes les disciplines qui se sont succédé sur le circuit Gilles-Villeneuve. La configuration générale du circuit multiplie les impondérables, selon le pilote. C'est l'évidence même: le poids de ces bolides conjugué avec de nombreux freinages appuyés met énormément de stress sur le système de freinage, qui est composé de matériaux moins résistants que ceux employés sur des Formule 1 ou IndyCar (les disques sont en acier). De bris et des surchauffes sont à prévoir tout comme pour les éditions antérieures.

Ardu donc, voire impossible de prévoir l'issue du combat. Ce qui n'a pas empêché Alexandre Tagliani d'avancer que Jacques Villeneuve, Ron Fellows et Michael McDowell seraient les plus sérieux prétendants.

Une fin de semaine, deux disciplines

En plus de concourir en série Nationwide, Tagliani exercera ses talents dans une autre discipline, la classe Daytona Prototype de la série Grand AM Rolex.

Pour lui, ce sera une toute nouvelle expérience alors qu'il n'a jamais conduit ces bolides qui n'ont que très peu en commun avec les engins de la série Nationwide. Il a été approché dès le dernier Indianapolis 500 pour prendre le volant de ces voitures affublées de nombreux appendices aérodynamiques. «Ça fait longtemps que je désire participer aux 24 Heures de Daytona. Bien évidemment, il fallait que j'aie l'expérience pour pouvoir aller courir là-bas, j'ai donc accepté. J'ai toujours eu une certaine curiosité devant ces voitures et je connais bien le circuit Gilles-Villeneuve.»