En quoi ISAAC Instruments se distingue-t-elle dans un marché très compétitif ?

Fondée en 1999, l'entreprise de Chambly ISAAC Instruments est devenue le plus important fournisseur de télémétrie véhiculaire en Amérique du Nord. Recueillir des données pour optimiser le rendement du véhicule et du conducteur : voilà qui rappelle étrangement la course automobile, et c'est justement où le président Jacques DeLarochellière a fait ses premières armes.

En quoi ISAAC Instruments se distingue-t-elle dans un marché très compétitif ?

Ce que nous faisons est ce qu'il y a de plus élaboré dans le marché nord-américain. Grosso modo, notre plus proche compétiteur a 50 fois moins de données que nous. On extrait une quarantaine de données par seconde : vitesse, tours-minute, régulateur de vitesse, freinage et accélération, etc.

Pourquoi une telle longueur d'avance ?

Parce qu'on a commencé en fournissant des enregistreurs de données à 16 constructeurs de véhicules comme Chrysler, GM, Hyundai, Honda et BRP, par exemple. Décoder les langages propres à ces différents manufacturiers a eu comme résultat que lorsqu'un nouveau client nous arrive, on est tellement polyglotte que l'on se débrouille assez vite. C'est ce qui fait que l'on peut extraire considérablement plus de données que les autres.

C'est toutefois en abordant le secteur du camionnage que votre entreprise a réellement pris son envol. Pourquoi ? 

Ça s'est passé en 2008-2009, avec la crise économique. Le volume d'affaires a chuté partout, les entreprises de transport en ont évidemment fait les frais. Contraints de rationaliser leurs opérations, les propriétaires de parc se sont retrouvés à choisir quel camion et quel chauffeur ils devaient conserver. Pour nous ça a été une opportunité d'affaires, nous étions là pour leur permettre de faire les bons choix.

Comment, justement ? 

On prend par exemple un parc comme celui de Robert Transport avec ses 1000 camions. Il y a de 200 à 300 configurations différentes, selon que les camions sont équipés de moteurs Cummins ou Volvo, de freins Bendix, de transmissions Allison, etc. Nous, on peut décoder toutes ces informations et on démêle tout ça pour le client.

Mais les constructeurs proposent eux-mêmes des systèmes d'analyse de données. Est-ce que cela représente une menace ? 

Pas du tout. Il n'y a aucun parc qui est parfaitement homogène, ce n'est pas rentable. Tout le monde a une diversité d'opérations qui nécessite différents types de camions. Jamais un constructeur ne pourra concevoir un système comme le nôtre pour tous les véhicules d'un parc. Nous, on installe notre boîtier dans le camion et on extrait les données, peu importe le type et l'année du poids lourd.

À quel point recueillir autant de données permet-il d'améliorer le rendement d'un parc de véhicules ? 

On estime que la télémétrie permet des économies de 10 % pour nos clients. Bien des systèmes se concentrent uniquement sur les rendements en consommation d'essence. Mais le mille au gallon n'est pas une façon d'évaluer un chauffeur, parce que les circonstances peuvent être très variables. Ça prend la capacité d'extraire toutes les données de télémétrie, comme en course automobile, pour pouvoir dire si un chauffeur a fait les bonnes actions. Parfois, le problème relève de la cartographie du moteur, et on peut repérer ce genre de problème.

Le parallèle avec la course automobile n'est pas un hasard. C'est là que tout a commencé, au début des années 90 ? 

Oui. Je voulais mettre de vrais chiffres sur mes performances en piste, je voulais quelque chose d'objectif. À l'époque, ça existait seulement en Formule 1 et chaque écurie développait son propre outil. Quand je me suis pointé sur la piste avec un ordinateur portable, personne n'en avait jamais vu ou presque. J'ai arrêté de piloter et je me suis mis à coacher les gars. J'étais comme un gourou ! Mais j'ai réalisé que la course était un moyen efficace pour devenir millionnaire, si tu commences multimillionnaire ! Je me suis dit qu'il serait plus avantageux de développer de nouveaux marchés !