« L'idée est venue à mon partenaire Jean-François Aussillou lors d'un séjour au Cameroun dans les années 90, s'est rappelé le président Jean Poulin. Deux chauffeurs conduisaient exactement le même camion, mais un seul arrivait à revenir avec de l'essence dans le réservoir. Il y avait donc un problème avec le deuxième chauffeur. »

Ingénieur mécanicien de formation, Jean Poulin est séduit par l'idée, à tel point qu'il vend son entreprise personnelle pour démarrer RM2J avec M. Aussillou.

« On a donc développé un outil électronique installé entre l'accélérateur et le module de contrôle électronique du véhicule qui permet d'intervenir de façon proactive, et non réactive », ajoute le président de l'entreprise.

Ainsi, la gestion de l'accélération est modulée selon la charge du véhicule. « Notre dispositif e-Copilot est branché aux capteurs de la suspension pneumatique de la remorque, ce qui nous permet de déterminer la charge active du véhicule, a expliqué Bernard Péloquin, vice-président aux ventes et marketing chez RM2J . Comme la pédale d'accélérateur envoie un signal électrique au module de contrôle électronique du moteur, on réduit le voltage du potentiomètre si on détecte que la charge est délestée. On va ainsi couper entre 8 et 20 % de la puissance. » Sans que le chauffeur s'aperçoive de quoi que ce soit, car l'application est complètement imperceptible.

Le dispositif e-Copilot module l'accélération selon la charge du véhicule. Photo André Pichette, La Presse

Économies de carburant de 5 % à 11 %

Breveté en Amérique du Nord, le dispositif e-Copilot a reçu le sceau d'approbation du Groupe PIT avec des économies moyennes de carburant évaluées à un peu plus de 5 % - elles peuvent aller jusqu'à 11 % selon l'application. Jusqu'à maintenant, quelque 5000 unités ont été vendues à des flottes comme Bourret, SLH et Praxair. Depuis la mise en marché de l'e-Copilot en 2009, RM2J  affiche une croissance annuelle de 20 à 30 %. Mais Jean Poulin caresse des ambitions beaucoup plus importantes : « Le marché nord-américain de véhicules moyens et lourds représente près de 15 millions d'unités. On aimerait équiper 10 % du marché, s'est-il enthousiasmé. D'accord, c'est peut-être beaucoup, mais avec la grosseur des flottes américaines, on peut être à 150 000 unités vendues avec cinq ou six clients importants. Bref, de façon plus réaliste, 1 % du marché d'ici cinq ans serait déjà une bonne marche. »

Intelligence artificielle

Si l'e-Copilot représente près de 90 % des ventes de RM2J , un second dispositif commence à attirer l'attention des flottes.

L'e-Smartdriver fonctionne à partir d'un téléphone intelligent et peut limiter la vitesse du véhicule en fonction des limites en vigueur dans un endroit donné. Paramétrable par les propriétaires de flotte, ce dispositif permet à la fois de réaliser des économies d'essence et d'éviter les contraventions, coûteuses pour le chauffeur, mais aussi pour les flottes, qui peuvent ultimement être mises sous tutelle en vertu du Registre des propriétaires et des exploitants de véhicules lourds. « Au début, les chauffeurs étaient réfractaires, a rappelé en rigolant Bernard Péloquin. Un moment donné, un gars est arrivé avec deux contraventions ; il a dit à son patron qu'il n'était pas responsable parce qu'il n'avait pas l'e-Smartdriver ! »

Jean Poulin montre l'e-Smartdriver, qui se télécharge comme une appli sur un téléphone intelligent. Photo André Pichette