Le Québec doit-il adopter une loi obligeant les propriétaires de vieilles voitures à faire inspecter leurs véhicules ? Voyons d'abord les arguments pour. Dans un article suivant, nous examinerons les arguments contre.

Lorsque Québec a voulu en 2011 instaurer un programme d'inspection et d'entretien des véhicules (PIEVA), il ciblait d'abord les voitures de huit ans et plus que leurs propriétaires voulaient revendre. Une cible en apparence minimaliste qui cachait des objectifs plus ambitieux.

Pour moins polluer

C'est l'argument premier des tenants d'un programme d'inspection : moins polluer. Les véhicules automobiles émettent un bon tiers de tous les gaz à effet de serre et autres polluants atmosphériques présents au Québec. Smog, pluies acides, détérioration de la couche d'ozone, réchauffement du climat sont les conséquences principales sur la qualité de l'air. Au milieu des années 2000, l'Institut national de santé publique du Québec estimait que cette mauvaise qualité de l'air était responsable d'environ 2000 morts prématurées chaque année dans la région de Montréal.

L'étanchéité de l'échappement, les teneurs en gaz, le bon fonctionnement du système antipollution sont entre autres examinés lors d'une inspection en bonne et due forme. De 1998 à 2012, l'AQLPA a inspecté 25 000 voitures de 3 ans et plus. Environ 15 % ne passaient pas le test environnemental, selon ses relevés. Avec l'âge des véhicules, ce pourcentage s'est avéré plus élevé : 33 % pour la moyenne des véhicules de 10 ans et plus.

Pour des véhicules en meilleur état

En ciblant initialement les véhicules de huit ans et plus à la revente, le projet d'inspection voulait protéger le consommateur. « Les acheteurs auront la garantie d'acquérir une auto en meilleure condition », argumentait le ministre de l'Environnement Pierre Arcand en 2011. C'est le volet mécanique d'un éventuel PIEVA qui devait permettre de passer au peigne fin l'état des freins, de la direction, de la carrosserie, de l'échappement, des suspensions et des amortisseurs, essentiellement. « Le contrôle qu'on peut appeler technique ou mécanique nous permet de voir beaucoup de choses », affirme Simon Matte, PDG de l'Association des recycleurs de pièces d'autos et de camions du Québec (ARPAC).

Pour des véhicules plus sûrs

Le but d'un programme d'inspection ne consiste pas seulement à protéger le consommateur contre d'éventuels vices cachés à l'achat d'un véhicule d'occasion, mais aussi à mieux le protéger physiquement. « Au sein de notre association, on recycle environ 200 000 véhicules par année. On voit dans quel état les véhicules terminent leur vie et on se rend compte qu'il y a beaucoup de gens qui mettent leur vie en danger ainsi que celle des autres », témoigne Simon Matte.

En septembre 2014, le coroner Martin Sanfaçon recommande à la SAAQ, dans un rapport d'investigation, d'instaurer « un programme d'inspection mécanique périodique obligatoire, débutant au renouvellement du certificat d'immatriculation de tout véhicule de 10 ans ou plus ». Le coroner souligne qu'il n'est pas le premier depuis 2003 à faire cette recommandation. « Entre 2006 et 2012, les coroners ont conclu que des défauts mécaniques avaient pu jouer un rôle dans 28 accidents ayant fait 31 morts », écrit-il.

Pour moins consommer

Le coroner Sanfaçon dresse également dans son rapport une liste des autres avantages liés à une inspection obligatoire, dont certains éléments ont été repris par le ministère de l'Environnement : « En plus de la détection des défauts mécaniques [...], un programme d'inspection pourrait permettre de diminuer les coûts d'opération : réparations moins coûteuses car défectuosités identifiées précocement, amélioration de la consommation d'essence, diminution potentielle des primes d'assurance. La valeur de revente pourrait s'en trouver améliorée tout comme la durée de vie des véhicules. »

En 2011, le gouvernement du Québec ambitionnait d'aller plus loin à terme en imposant une inspection tous les deux ans à tous les véhicules de six ans et plus.

Tout est au point mort aujourd'hui.