Le préjugé est tenace: «Les vendeurs de voitures usagées sont des croches!» Cette affirmation est-elle justifiée ou la majorité des marchands de véhicules d'occasion pâtit-elle des agissements frauduleux de quelques petits malins? Réponses.

Au cours des dernières années, Richard Cliche en a entendu des vertes et des pas mûres au sujet des «vendeurs de chars». Aujourd'hui, il tord le cou à la croyance populaire qu'il juge «un peu folklorique».

«Il y a beaucoup plus de préjugés de la part des médias que de la part des gens. On sort dans les médias les travers d'il y a 20 ans d'un petit marchand du coin. Ces travers ne sont plus vrais. [...] On n'est pas une bande de cow-boys, même s'il y en aura toujours», se défend le directeur général de l'Association des marchands de véhicules d'occasion du Québec (AMVOQ).

L'association affirme avoir «d'excellents rapports» avec les représentants des consommateurs et dit collaborer pleinement avec l'Office de la protection du consommateur.

«Le bilan est bon et s'améliore depuis 2007. Les publicités sont plus exactes, les garanties améliorées, les produits mieux présentés», souligne George Iny, président de l'Association pour la protection des automobilistes (APA).

Deux dates importantes marquent un changement d'orientation chez la majorité des commerçants.

En 1989, devant la concurrence et les pratiques des grands centres de véhicules d'occasion, les commerçants se sont regroupés au sein d'une association, l'AMVOQ, pour défendre leurs intérêts et se démarquer sur le marché. «Les marchands se sont dotés d'une association relativement coercitive. Il y a eu une prise de conscience qu'ils sont des professionnels», explique M. Cliche.

L'AMVOQ représente actuellement la moitié des commerçants indépendants de la province qui détiennent un permis de vente de la Société de l'assurance automobile du Québec.

Le «décret de 2007 a fait le ménage» ensuite dans le commerce de l'occasion au Québec. Cette année-là, la loi permet une inspection du véhicule et l'essai de celui-ci sur route avant la vente, et impose la déclaration du kilométrage et du prix tout inclus dans l'affichage et les publicités. Il faudra attendre plus de trois ans avant que cette dernière mesure soit imposée aux concessionnaires.

«Mais il fallait plus qu'une loi, il fallait un engagement, un travail de l'AMVOQ et une prise en main des marchands», ajoute M. Iny. Résultat, l'AMVOQ estime que, dorénavant, les véhicules sont de meilleure qualité, les services plus transparents et l'approche client plus professionnelle.

Sur ses gardes

Le portrait n'est cependant pas complètement rose. Certaines pratiques ont la vie dure. Le principal problème qui subsiste, selon l'AMVOQ, est le maquillage des voitures: odomètre trafiqué, accident non déclaré, défauts de carrosserie camouflés.

Pour l'APA, les publicités qui annoncent des voitures qui n'existent pas en magasin sont un piège. Et une pratique interdite. Attiré, le client se présente en général dans un vaste centre qui ne possède qu'un seul exemplaire ou même aucun. Il est alors rapidement orienté vers un autre modèle habituellement plus cher...

Il faut également se méfier des campagnes d'affichage.

La mention «Vendu tel quel» est une pratique interdite au Québec. Un commerçant se doit de respecter la Loi sur la protection du consommateur qui l'oblige à accorder une garantie de bon fonctionnement du véhicule.

Les termes «encan», «liquidation de saisie», «directement du fabricant» que clament parfois les très grands vendeurs, ne sont que «de la publicité trompeuse», s'insurge Richard Cliche de l'AMVOQ. «Un encan, c'est une vente au plus offrant. Ici, ce n'est pas un encan, c'est un prix qu'on offre. Les autres termes, ce ne sont que des prix de détail.»

Ces termes sont eux aussi proscrits par la loi. À moins de pouvoir démontrer la provenance du véhicule. Le plus souvent, les véhicules en question sont simplement des retours de location qui viennent des constructeurs.

«Nous pensons qu'il y aura toujours des gens dans l'industrie automobile, comme dans toute autre industrie, qui auront des pratiques moins exemplaires. Mais le consommateur a aussi des devoirs à remplir s'il veut éviter les désagréments», indique Philippe St-Pierre, porte-parole du CAA-Québec.