Disons-le tout de suite: si Donald Pilon se promène depuis si longtemps en Mercedes, ce n'est certainement pas parce qu'il est riche comme Crésus. «Il ne faut pas être millionnaire pour conduire une Mercedes. Il y en a qui ont un petit voilier; d'autres, un chalet à la campagne. Moi, mon argent, je le mets dans mon auto. C'est mon passe-temps», explique-t-il sur la terrasse du théâtre de Rougemont, où il partage l'affiche cet été dans la pièce Un peu, beaucoup, passionnément.

Le comédien, révélé par Gilles Carle en 1968 dans le film Le viol d'une jeune fille douce, ne comprend d'ailleurs pas pourquoi les Mercedes (et bien d'autres marques d'automobiles de prestige) sont encore trop souvent perçues comme des objets ostentatoires au Québec. «Je ne comprends pas la mentalité de certaines personnes. Il m'est arrivé, sur le Plateau, de me faire dire: «On sait ben, toé pis ta grosse Mercedes!»» relate Donald Pilon.

 

Peu importe, l'homme affirme se faire plaisir chaque fois qu'il prend le volant de son actuelle Mercedes, une E3504matic 2006. «J'adore conduire, lance-t-il. Encore la semaine dernière, je revenais de Kennebunk (dans le Maine) et je roulais dans le secteur des montagnes Blanches dans le New Hampshire. C'était fantastique.»

L'histoire d'amour entre Donald Pilon et la marque Mercedes a pris naissance lors du tournage d'une publicité de bière au début des années 70 avec... les Jérolas, le populaire duo composé de Jean Lapointe et de Jérôme Lemay. «Jean arrivait au tournage en Mercedes. Moi, je venais de m'acheter une grosse Mustang, dont le moteur était bien trop puissant. Il m'a dit: «Pourquoi tu n'achèterais pas une Mercedes? Tu ne voudras plus jamais conduire autre chose après.» Cette phrase m'est restée dans la tête», raconte M. Pilon.

L'année suivante, lors d'un tournage à la campagne, Pierre Lamy, producteur de films, notamment ceux de Gilles Carle, lui fait essayer sa Mercedes. Daniel Pilon tombe sous le charme et rêve de posséder sa propre voiture allemande. L'homme de théâtre entreprend donc une première incursion dans le mythique monde de Mercedes, incursion qui le laissera bouche bée.

«Je suis allé chez un concessionnaire près de l'ancien Forum, dit-il. Quand le vendeur m'a dit le prix de la voiture (9800$), je lui ai demandé si on pouvait négocier. Il m'a répondu, et c'est la première fois que j'ai entendu une chose pareille: "Si vous voulez négocier, c'est que vous n'êtes pas prêt à acheter une Mercedes!"» Vous avez dit pompeux?

La transaction a néanmoins eu lieu quelques jours plus tard; le vendeur était revenu à la charge avec des «petits cadeaux». Donald Pilon était l'heureux propriétaire d'une 280 de couleur crème. Un petit bijou qu'il a conservé jusqu'en 1979. Il a par la suite renouvelé ses voitures tous les trois ou quatre ans. Ne lui parlez pas de mécanique, de performance et encore moins de design. Il n'y connaît strictement rien. «Je ne suis pas un car buff», dit-il.

L'interprète de Bob Lamoureux dans Deux femmes en or a conduit des voitures un peu partout dans le monde, notamment en Europe et en Amérique latine. Peu importe où il se trouve aux États-Unis, il adore écouter les stations de talk radio. Né dans le Plateau-Mont-Royal, Donald Pilon a conduit pour la première fois - c'était un Jeep, dit-il - à l'âge de 15 ans. Sa première voiture à lui: un Ford des années 50 appartenant à son grand-père.

Donald Pilon n'est pas obsédé au point d'acheter tous les gadgets (serviettes de plage, beaux livres, casquettes, etc.) aux couleurs de Mercedes. «J'ai un petit sac sport et c'est tout», dit-il.

À ce jour, le père de Lyne-la-pas-fine dans Les Invincibles a toujours roulé dans des berlines, soit l'équivalent de sa E350 actuelle. Mais dès l'an prochain, il compte bien mettre la main sur la toute nouvelle Classe E Coupé 2010. «Elle est vraiment très belle», lance Donald Pilon avec une lueur dans le regard.

Comme quoi certaines passions demeurent inaltérables, même après 35 ans de concubinage.