Depuis le début des années 2000, les recrues de la Sûreté du Québec (SQ) sont tenues d'aller suivre une formation de conduite avancée sur le circuit de course de Sanair, à Saint-Pie, en Montérégie. L'objectif est clair, il s'agit d'approfondir les connaissances acquises par les policiers au cégep et à l'École nationale de police du Québec.

«Ce n'est pas de la promenade, on ne part pas de zéro, assure le sergent Roberto Reggi, instructeur-chef en conduite automobile à la SQ. On veut amener les recrues au niveau de la Sûreté du Québec. Et notre territoire est vaste, il compte des milieux différents et des conditions climatiques différentes.»

Mais M. Reggi reconnaît que ses recrues sont de jeunes gens dans la vingtaine qui ont très peu d'expérience. De son aveu, 98% de la population ne possède pas de bonnes techniques de conduite. La formation a donc été introduite pour pouvoir améliorer les compétences des policiers et la sécurité de tous.

La configuration de la piste de Sanair permet aux recrues de rouler à des vitesses qu'ils n'ont jusqu'alors jamais expérimentées en formation. Sur la piste, ils peuvent atteindre plus de 140 km/h en ligne droite alors que les dérapages, déclenchés sur chaussée humide par l'instructeur assis dans le siège du passager, peuvent survenir à plus de 65 km/h. On s'exerce aussi à haute vitesse l'évitement d'obstacles au freinage au seuil, avec et sans ABS.

Tout ça en huit petites heures? Ça peut sembler court, mais l'encadrement est serré. Il n'y a pas plus de huit participants à chaque séance, et jamais moins d'un enseignant pour deux élèves. Aussi, des instructeurs sont présents à chaque virage, de façon à faire le point avec les recrues après chacun de leurs passages au volant.

Et ça porte des fruits? «Depuis la fin des années 90, on est passés de 3500 agents à 5500 avec la restructuration des corps policiers du Québec [NDLR: en 15 ans, le nombre de services de police a diminué de 130 à 30 au Québec]. Malgré tout, le nombre de collisions est resté le même, avec grosso modo de 800 à 850 rapports de collision par année, soutient Roberto Reggi. On est donc capables de voir la différence; on a de bons conducteurs et on se débrouille très bien.»

Cela dit, les policiers qui ont fait le programme de l'école de Nicolet avant les années 2000 ont dû apprendre leur métier sur la route, en patrouillant. Est-ce à dire que les jeunes agents arrivent mieux armés? Sans doute, mais les techniques ne se substituent pas à la sagesse. «Plus on vieillit, plus notre conduite d'urgence est rapide et efficace, soutient Alain [nom fictif pour préserver son anonymat], patrouilleur d'expérience à la SQ. Plus jeune, on a l'impression d'avoir un jouet entre les mains. Je vois les jeunes qui sont excités de passer sur les feux rouges en activant la sirène et qui sont anxieux d'aller sur l'autoroute pour «pousser» leur machine.»

Selon Alain, il s'agit donc moins d'une question de connaissances que de comportements. «On peut avoir un bon coffre à outils, mais on doit savoir comment s'en servir, souligne-t-il. Avant d'assurer la sécurité de tout le monde, on doit d'abord assurer la sienne. Mais c'est sûr que plus on est informé, plus on en sait. C'est clair que j'aurais aimé suivre une formation plus poussée.»

La SQ en chiffres

> 3300 véhicules

> 95 millions de kilomètres parcourus annuellement (2300 fois le tour de la planète)

> 1 667 441 km2 de territoire couvert