Acheter un véhicule est une dépense aux proportions parfois très importantes. Jusqu'à combien peut coûter une voiture annuellement ? Et quelle somme annuelle doit-on débourser pour rouler sur l'or ? L'Auto en a fait une évaluation en comparant le train de vie automobile de trois conducteurs dont les véhicules appartiennent à trois gammes de prix distinctes.

Pour établir les coûts annuels, nous nous sommes référés au dépliant Coût d'utilisation d'une automobile de l'Association canadienne des automobilistes (CAA). Contrairement à certains comptables agréés et planificateurs financiers, nous n'avons donc pas inclus les taxes dans la dépréciation et nous n'avons pas calculé le coût de renonciation. De même que nous avons considéré le permis de conduire, les infractions et le stationnement comme des coûts, contrairement à eux. Les taxes sont réparties annuellement sur la durée de vie du véhicule. Notons qu'il aurait été possible de répartir le coût des pneus sur une moyenne annuelle. Ces coûts sont basés sur l'année 2013, sauf avis contraire.

Dans le luxe

VOITURE À PLUS DE 100 000$

La tranche des prix des véhicules de luxe peut être large et la barre peut monter très haut. Que la voiture coûte plus de 100 000$ n'empêche pas de faire une bonne affaire. Notre premier exemple ici en témoigne. Mais rouler sur l'or au quotidien a un prix.

Premier constat

À plus de 35 000$ par année, Vincent Fortin débourse énormément pour rouler au quotidien en Porsche Cayenne. Invisible et ignorée de bien des automobilistes, la dépréciation gruge la plus grande partie de son budget. Ce n'est pas une surprise. Mais notre radiologue assume pleinement ce train de vie. «C'est un achat irrationnel, reconnaît-il. Je ne suis pas surpris par les coûts. C'est ce à quoi je m'attendais. J'assume mes choix, je ne regrette pas du tout.» Estime-t-il qu'il s'endette avec sa voiture? «Non.»

Les bonnes affaires

Débourser 138 000$ en août 2011 pour un Porsche Cayenne Turbo a représenté une bonne affaire... À l'époque, le huard valait un peu plus que le billet vert. M. Fortin est donc allé acheter son véhicule aux États-Unis. «Il avait 2000 km au compteur, tout équipé avec notamment des jantes Spyder Design de 20 po. J'ai épargné 30 000$.» Et notre automobiliste a choisi une marque qu'il savait fiable.

En matière d'assurances pour un tel véhicule, M. Fortin a apparemment fait «une bonne affaire», comme il le dit lui-même. Il a choisi un contrat annuel au coût relativement bas (800$) en contrepartie d'une franchise nettement élevée (3000$). Une éventuelle réparation importante sur la carrosserie dira si c'était le bon choix.

Dépenses importantes

Avec une consommation moyenne de 12 à 13 L/100 km, «l'essence n'est pas donnée», avoue Vincent Fortin (voir tableau). Il minimise néanmoins l'impact. Propriétaire de quelques cliniques privées, il déduit 50% de ses frais d'essence dans le cadre des déplacements relatifs à ses établissements.

Mais les pneus non plus ne sont pas bon marché. «Tous les trois ans, c'est 1200$ pour les pneus d'été et 1200$ pour ceux d'hiver», témoigne M. Fortin qui a remplacé cet hiver ses pneus de 20 po par des 19 po. Les jantes à elles seules ont coûté 3000$.

La surprise

Lorsqu'il a acheté sa Porsche, notre automobiliste n'a pas fait de découvertes en matière de coûts. À un élément près. «Ce qui m'a surpris, c'est le coût de l'immatriculation qui est proportionnel au coût de la valeur résiduelle de la voiture», dit-il. En fait, M. Fortin ignorait qu'en plus du tarif d'immatriculation de base (275,46$ pour un renouvellement), il devait s'acquitter, d'une part, du «droit additionnel sur les véhicules de forte cylindrée» (118$ pour un 4,8 L dans son cas) et, d'autre part, du «droit additionnel sur les véhicules de luxe» (420$ aujourd'hui pour lui).

Cette taxe sur les véhicules de luxe s'applique sur les voitures d'une valeur de plus de 40 000$ et de 7 ans ou moins. Fixée à 1%, cette taxe est calculée sur la valeur excédant 40 000$. Acheté (presque) d'occasion, le véhicule de M. Fortin est estimé par la SAAQ à «un prix de vente moyen en gros» de 82 000$. L'excédant de 42 000$ à 1% revient à une taxe de 420$. Ce montant diminuera avec les années.

À l'avenir...

«J'avais terminé mes études depuis deux ans quand j'ai acheté ma voiture, j'avais un bon salaire. Je voulais une voiture sportive tout en conciliant le transport en famille, j'ai deux enfants. Si je la change, ce sera peut-être pour une Tesla.»

Vincent Fortin entend limiter les coûts de la dépréciation. Il compte garder son véhiculejusqu'en 2017 au moins. Une échéance qui est sage. Plus on garde sa voiture longtemps, moins on subit la dépréciation. Néanmoins, si l'on se fie au Canadian Black Book, ce Porsche Cayenne Turbo acquis en août 2011 ne vaudra plus que 39 000$ sur le marché de l'occasion en 2017. C'est une estimation certes. Tout de même.

Lui

> Nom, prénom: Fortin, Vincent

> Âge: 36 ans

> Résidence: Québec (Cap-Rouge)

> Profession: Radiologue

Sa voiture

> Marque, modèle: Porsche Cayenne Turbo 2011

> Catégorie: VUS sport de luxe

> Transmission: automatique à 8 rapports

> Moteur: V8 de 4,8 L turbo

> Équipement: complet

> Achat: Août 2011

> Prix d'achat: 138 000$

> Remboursement: paiement comptant à l'achat

> Kilométrage annuel moyen: 21 200 km

> Kilométrage au 31 janvier: 53 000 km

ÇA N'A PAS DE PRIX? ...

(1) Un alignement des roues? 400$

(2) Un pare-brise avant dégivrant? 790$ (plus taxes, sans la pose)

(3) Quatre jantes «Spyder» pour des pneus de 20 pouces? 7000$

(4) Un disque de frein avant? 166,79$ (plus taxes)

(5) Un amortisseur avant? De 668$ à 1050$ (plus taxes), selon le modèle

Photo Pascal Ratthe, Le Soleil

Dans le haut de gamme

VOITURE À 40 000$

Des consommateurs mettent parfois le prix pour avoir la voiture de leurs rêves. C'est un peu ce qu'a fait notre deuxième automobiliste. Il a choisi un véhicule qui figure parmi les premiers prix des catégories haut de gamme.

Une folie... raisonnable

Normand Plourde a toujours voulu posséder une Ford Mustang décapotable. «Pour notre 25e anniversaire de mariage, ma femme et moi nous nous sommes payé une folie. Ce n'est pas la voiture la plus raisonnable», dit-il. Au regard de ses dépenses totales annuelles, on serait vite tenté de lui donner raison. Mais en y regardant de plus près, M. Plourde maîtrise bien ses dépenses et ne peut être plus économe qu'il ne l'est au volant d'une telle voiture. À plus de 40 000$ à l'achat, il peut difficilement avoir des coûts fixes et variables plus bas.

Conscient

Il faut dire que notre automobiliste sait calculer. Et pour cause. Sa Mustang est un outil de travail 30 à 40% du temps, selon les années. Il note scrupuleusement dans un registre toutes ses dépenses. Véhicule personnel avant tout, la Mustang décapotable roule beaucoup, été comme hiver. Avant de l'acheter, M. Plourde savait à quoi s'attendre en matière d'assurances et d'immatriculation. De même qu'il était conscient que la consommation de son auto précédente (8 L/100 km pour son Acura EL 2001) serait fort différente de celle de sa nouvelle acquisition. Sa consommation moyenne réelle l'an dernier a d'ailleurs été de 10,7 L/100 km. «La consommation d'essence de la Mustang ne m'a pas freiné, mais cela m'a empêché de prendre la version au moteur de 5 L», précise M. Plourde.

Il assume

Résultat des courses, un peu plus de trois ans après, cet automobiliste ne regrette aucunement son achat, «même si c'est plus cher que [son] Acura précédente». «Quand on achète une Mustang comme celle-ci, c'est sûr que cela va coûter plus cher qu'une Acura ou qu'une Civic. Mais il faut l'accepter. C'est le véhicule le plus cher qu'on s'est permis à ce jour», précise Normand Plourde. Ce dernier sait évidemment qu'il s'expose à des réparations à terme. Et il assume qu'il lui faudra vivre avec une fiabilité qui n'est pas aussi légendaire que celle des voitures japonaises qu'il a eues jusqu'ici. On notera au passage qu'il n'a pas eu à remplacer de pneus encore.

Sensible à la dépréciation

Coût annuel le plus important d'un véhicule, la dépréciation n'est pas ignorée de M. Plourde - au contraire de la plupart des automobilistes. Et cela se reflète dans son comportement. Il compte ainsi conserver sa Mustang jusqu'en 2020. Garder sa voiture 10 ans permet de minimiser autant que possible cette perte inévitable qu'est la dépréciation. Il fait là le meilleur geste. «Je calcule la dépréciation dans mes déclarations de revenus. On ne garde pas nos voitures deux ou trois ans seulement avant de les revendre, on garde nos autos très longtemps. C'est pour ça qu'on prend des garanties prolongées.»

Lui

> Nom, prénom: Plourde, Normand

> Âge: 54 ans

> Résidence: Boisbriand

> Profession: responsable des affaires réglementaires pour une entreprise

Sa voiture

> Marque, modèle: Ford Mustang décapotable 2011

> Catégorie: Voiture sport

> Transmission: automatique à 6 rapports

> Moteur: V6 de 3,7 L

> Équipement: complet

> Achat: septembre 2010

> Prix d'achat: 41 612,50$

> Remboursement: prêt sur 5 ans à un taux de 6,5%

> Total d'intérêts: 6258,50$

> Kilométrage annuel moyen: 22 300 km

> Kilométrage au 31 janvier: 75 160 km



ÇA N'A PAS DE PRIX? ...


(1) Un débosselage de l'aile avant droite? 950,96$

(2) Quatre pneus d'hiver avec des jantes sport? 2049,42$

(3) Coûts annuels moyens d'essence? 3000$

(4) Un pare-brise avant? 400$ (plus taxes, sans la pose)

(5) Un amortisseur avant? 133$ (plus taxes)

Photo Olivier Pontbriand, La Presse

À un prix classique

VOITURE À 20 000$

Le commun des mortels débourse plus ou moins 20 000$ pour acquérir une voiture neuve. Bien évidemment, cette somme varie selon son budget et ses besoins. Notre troisième automobiliste a fait le choix d'une camionnette compacte à un prix relativement abordable.

Calcul

Après avoir collectionné «un paquet de minounes à 500$», François Vaillancourt a fait le saut, il y a un peu plus de deux ans, en achetant un véhicule neuf. «Je venais d'acheter une maison que je rénovais. J'avais besoin d'un véhicule pour cela. J'ai calculé que ce n'était pas beaucoup plus cher d'acheter un véhicule neuf que d'acheter un véhicule d'occasion, en tenant compte que j'aurais beaucoup moins de problèmes avec un véhicule neuf», explique-t-il. C'est ainsi qu'il a déboursé moins de 23 000$ pour un Chevrolet Colorado, bénéficiant au passage de trois rabais. S'il a bien calculé son coup, M. Vaillancourt n'a peut-être pas misé sur le meilleur cheval. Fidèle aux voitures américaines, il ne bénéficiera pas de la fiabilité d'une japonaise et, surtout, son acquisition va se déprécier plus rapidement qu'une auto asiatique.

Prévoyant

Notre automobiliste est à ce point prévoyant qu'il a fait évaluer son véhicule - par deux concessionnaires! - à peine deux ans après l'avoir acheté neuf. Résultat, son Colorado vaudrait moins de 13 000$ aujourd'hui. «Je tiens compte de la dépréciation dans mon budget.» Peut-être par déformation professionnelle, M. Vaillancourt note toutes ses dépenses, à l'ampoule près. Et il a établi son budget pour les deux prochaines années. «Ça va être un vrai petit tracteur, cette voiture. Le moteur n'est pas assez fort pour briser la mécanique. Je pense qu'il va être très fiable. C'est un véhicule de base non sophistiqué», juge-t-il. Notons qu'il n'a pas encore changé de pneus.

Mais surpris

S'il y a une chose que François Vaillancourt n'avait pas réellement prévue, c'est sa consommation d'essence. «GM dit que l'on fait du 9 L/100 km avec ce véhicule. Je n'ai jamais été en dessous des 10 L/100 km.» Au volant, il passe 75% de son temps en milieu urbain, le plus souvent coincé dans la circulation. Par conséquent, en hiver, pour se rendre au travail, il consomme 15,5 L/100 km dans des conditions urbaines. Si son véhicule est un glouton, il ne lui a pas réservé d'autres mauvaises surprises jusqu'à présent.

Avec le recul

En optant pour la version quatre cylindres à deux roues motrices, M. Vaillancourt reconnaît qu'il a peut-être fait une erreur. «Avec le recul, à budget égal, je prends le même modèle mais tout équipé, d'occasion, et âgé de un ou deux ans», dit-il. Pourquoi avoir opté pour cette version du Colorado, alors? «J'ai choisi cette voiture car c'était aussi l'avant-dernière année de production. Mon hypothèse de départ était que j'aurais de bas coûts de maintenance.» Pour respecter son barème de coûts, M. Vaillancourt assure lui-même une bonne partie de l'entretien de son véhicule. Il a l'intention de le garder deux autres années.

Lui

> Nom, prénom: Vaillancourt, François

> Âge: 29 ans

> Résidence: Saint-Eustache

> Profession: analyste financier

Sa voiture

> Marque, modèle: Chevrolet Colorado 2011

> Catégorie: camionnette compacte

> Transmission: automatique à 4 rapports

> Moteur: quatre-cylindres de 2,9 L

> Équipement: version deux roues motrices

> Achat: décembre 2011

> Prix d'achat: 22 845,11$

> Remboursement: prêt sur 7 ans à un taux de 5,5%

> Total des intérêts: 4721,51$

> Kilométrage annuel moyen: 25 000 km

> Kilométrage au 31 janvier: 55 000 km

ÇA N'A PAS DE PRIX?...

(1) Facture totale d'essence (en 2013)? 4388$

(2) Un pare-brise avant? 200$ (plus taxes, sans l'installation)

(3) Un disque de frein arrière? 68,99$ (plus taxes)

(4) Quatre pneus d'hiver? 600$ (plus taxes, sans l'installation)

(5) Un amortisseur avant? De 80$ à 150$ (plus taxes), selon le modèle

Photo Martin Chamberland, La Presse

Méthodologie

Pour établir les coûts annuels, nous nous sommes référés au dépliant Coût d'utilisation d'une automobile de l'Association canadienne des automobilistes (CAA). Contrairement à certains comptables agréés et planificateurs financiers, nous n'avons donc pas inclus les taxes dans la dépréciation et nous n'avons pas calculé le coût de renonciation. De même que nous avons considéré le permis de conduire, les infractions et le stationnement comme des coûts, contrairement à eux. Les taxes sont réparties annuellement sur la durée de vie du véhicule. Notons qu'il aurait été possible de répartir le coût des pneus sur une moyenne annuelle. Ces coûts sont basés sur l'année 2013, sauf avis contraire.