Qu'on se le dise, Land Rover a longtemps été la risée du milieu automobile. Problèmes chroniques qui lui ont valu d'occuper pendant des années les bas-fonds des sondages de fiabilité, valeur de revente abyssale qui fondait comme du beurre dans une poêle dès que l'un des gourmands et patauds VUS quittait le concessionnaire.

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Ainsi, malgré les investissements importants de ses deux anciens propriétaires - BMW de 1994 à 2000 et Ford de 2000 à 2008 - il n'y avait semble-t-il pas moyen de secouer les puces de la néanmoins mythique marque britannique. Quand Ford a refilé sa patate chaude à Tata Motors, nombreux sont ceux qui croyaient que c'était la fin des haricots pour Land Rover. Qui aurait cru que le constructeur indien allait réussir où les géants BMW et Ford avaient échoué ? Après tout, Tata était connu pour sa Nano, microvoiture laide et sujette à la combustion spontanée...

Six ans après son achat, Tata a réussi l'impossible. JD Power, l'un des bourreaux notoires de Land Rover, vient de donner au constructeur le titre de marque s'étant la plus améliorée en 2014 pour la fiabilité à long terme. Ainsi, on a enregistré une baisse de 41 problèmes par 100 véhicules (PP100) pour les modèles Land Rover 2011, si bien que le constructeur a enfin cédé son bonnet d'âne, passant devant Mini et Dodge au classement. D'accord, son score de 179 PP100 est encore loin de la moyenne de l'industrie - 133 PP100 - mais il faut rappeler que 2011 était l'année de lancement de l'Evoque, séduisant VUS compact hérité des années Ford, et que les Range Rover et Range Rover Sport à nouveau châssis d'aluminium n'avaient pas encore été lancés.

Le plus récent sondage de qualité initiale de JD Power peut certainement être un indice de meilleurs jours à venir. Les Land Rover 2014 ont été victimes de 127 PP100 dans les 90 jours suivant l'achat, ce qui est sous la moyenne de 116 PP100, mais qui place néanmoins le constructeur britannique au 22e rang sur 32, une bouffée d'air frais pour une marque habituée de croupir dans les bas-fonds.

Land Rover, qui a toujours eu ses inconditionnels, n'en demandait pas tant pour l'aider à redevenir profitable. Depuis le creux atteint en 2009 au lendemain de la crise financière - 146 564 véhicules vendus -, Land Rover a vu ses ventes annuelles augmenter de 63 %. Le constructeur britannique lorgne ainsi plus que jamais le seuil des 400 000 ventes annuelles, du jamais vu.

Le phénomène est observable même chez nous et c'est particulièrement vrai pour le Range Rover Sport, incroyablement bien accueilli par la critique un peu partout dans le monde. À la fin août, les ventes au Québec du nouveau VUS sportif avaient doublé par rapport à la même période l'an dernier, selon les chiffres colligés par la revue Automedia pour la Corporation des concessionnaires d'automobiles du Québec. Le Range Rover Sport s'est même permis de doubler le Porsche Cayenne, son rival direct. Les performances de vente de son luxueux grand frère Range Rover sont similaires, avec 100 modèles vendus de janvier à août, comparativement à seulement 46 l'année précédente. Quant au Evoque, ses ventes sont restées relativement stables.

Avec le Discovery Sport fraîchement sorti de l'usine de Halewood la semaine dernière en remplacement du désuet LR2, de l'arrivée toute prochaine de nouveaux moteurs quatre-cylindres à essence et diesel particulièrement frugaux, et du renouvellement du Discovery LR4 d'ici 2017, rien ne laisse présager un renversement de tendance, bien au contraire.

LA TECHNOLOGIE À LA RESCOUSSE

Comment Land Rover a-t-il réussi un tel revirement en si peu de temps ? Notre visite des installations de Gaydon et Solihull, quoique beaucoup trop expéditive, nous permet de donner un début de réponse.

Au Centre d'innovation virtuelle de Gaydon, on a vu des employés vêtus de combinaisons de capture de mouvements interagir dans un environnement en trois dimensions reproduisant des véhicules pas encore construits. Ce qui permet d'analyser une foule de choses, des plus complexes aux plus simples, comme le simple fait de s'asseoir sur la banquette arrière sans se cogner la tête sur le montant de toit. « On envisage aussi de pouvoir utiliser cette technologie à distance via satellite pour montrer les progrès aux membres du conseil de direction aux moments cruciaux du développement d'un nouveau véhicule, explique Brian Waterfield, ingénieur-chef en réalité virtuelle pour Jaguar Land Rover. On peut aussi communiquer de l'information à nos concessionnaires un peu partout dans le monde. Notre technologie est au niveau de la concurrence allemande, et même un peu en avant. »

Avec un attrait historique qui s'est ragaillardi, une nouvelle gamme de véhicules qui reçoit sa part d'accolades, un design qui fait l'unanimité et une solide santé financière, Land Rover connaît ses plus beaux jours. Qui l'eut cru.

Les frais d'hébergement de ce reportage ont été payés par Décarie Motors.

En bref

Range Rover Evoque Convertible Concept

Contrairement à Nissan et sa hideuse Murano CrossCabriolet - qui a incidemment disparu du catalogue après seulement trois ans -, Land Rover a choisi de ne pas commercialiser la version décapotable de son Evoque, présentée sous forme conceptuelle au salon de Genève en 2012. Équipé d'un toit souple rétractable et d'un système de sécurité se déployant en cas de capotage, ce concept a été qualifié par Land Rover de « premier VUS haut de gamme décapotable ». Dommage qu'on se soit limité à analyser la réaction des gens, car le véhicule ne manquait pas de charme. Bien entendu, c'est facile quand la base est bonne, direz-vous.

Concept DC100

Dévoilé au salon de Francfort en 2011, le concept DC100 se voulait une interprétation moderne du premier Land Rover, soit un 4x4 compact et sans fioritures. Il a donc été pressenti comme le successeur du Defender, dont la production doit cesser dans un peu plus d'un an. Mais, selon la publication britannique Autocar, le robuste tout-terrain, attendu quelque part en 2019, aura une allure plus robuste et plus volontaire que le DC100. Il sera construit à partir de la structure du Range Rover, qu'on aura allégée et renforcée pour le rendre encore plus efficace hors route. Comme le Defender, il sera offert en versions trois et cinq portes.

Photo archives Bloomberg

Photo fournie par Land Rover

Concept DC100

Concept Discovery Vision

Dès l'an prochain avec l'arrivée du Discovery Sport, qui remplacera le Freelander/LR2, Land Rover entend établir l'appellation Discovery pour définir ses modèles destinés davantage au loisir que les luxueux Range Rover. Ainsi, on a présenté le printemps dernier au salon de New York le concept Discovery Vision, VUS pleine grandeur qui viendra fort probablement remplacer l'actuel Discovery/LR4. Le designer Gerry McGovern a volontairement marié les traits du Discovery - dont le large pilier C à la teinte harmonisée à celle de la carrosserie - à ceux du nouveau Range Rover, notamment pour les phares et la calandre. Parmi les trouvailles technologiques présentées lors du lancement du concept Vision, on peut notamment rabattre la troisième rangée de sièges en glissant simplement son doigt sur l'écran tactile. On peut aussi littéralement voir à travers le capot, merci à une caméra placée sous le pare-chocs avant dont l'image est projetée sur le pare-brise. C'est impressionnant et franchement pratique quand on veut franchir la crête d'une colline, mais parions qu'il faudra attendre encore quelques années avant de voir ce gadget dans un véhicule de production.

Photo fournie par Land Rover

Concept Discovery Vision