La voiture électrique gagne en popularité, irrémédiablement. Même si les chiffres des ventes restent très en deçà des prévisions trop optimistes établies par le passé par les autorités publiques. Mais pour que les nouveaux objectifs, toujours ambitieux, soient atteints, les gouvernements devront légiférer. À commencer par celui du Québec.

POUR UNE LOI ZÉRO ÉMISSION

«Vous voyez chaque année plus de constructeurs arriver avec des voitures électriques. Même s'il n'y a pas encore une forte demande des consommateurs, tout le monde arrive à la conclusion qu'on ne peut pas respecter les normes d'émissions à l'avenir sans une portion significative de ventes de véhicules à zéro émission. [...] Je pense que l'électrification n'est pas une question de "j'y crois ou je n'y crois pas". L'électrification est en cours. [...] Le risque est de ne pas y participer, ne pas y contribuer ou ne pas la comprendre.»

Au dernier salon de Detroit, Carlos Ghosn a encore détonné. Fidèle à ses habitudes, le président de l'Alliance Renault-Nissan n'a éludé aucune question des médias, notamment sur l'électrification des transports. Et s'est fait de nouveaux alliés du côté des convaincus de l'électrique. Tout comme du côté des gouvernements, sans doute. Ceux qui imposent ou qui envisagent d'imposer une loi dite « zéro émission », destinée à réduire les émissions de GES dues au transport et à être beaucoup moins dépendants du pétrole. Autant dire que la voiture est dans le collimateur des législateurs.

Une loi «zéro émission» consiste à obliger tout constructeur automobile à vendre une quantité appréciable de véhicules électriques et hybrides branchables sur un territoire donné sous peine de sanctions financières.

« Selon le nombre de véhicules à essence qu'il vend, un constructeur doit atteindre un nombre de crédits zéro émission qui correspond à un pourcentage de ventes annuelles de véhicules branchables. Produire un véhicule électrique ou hybride branchable qui va être chez un certain nombre de concessionnaires et qui va être vendu dans une certaine quantité va donner un certain nombre de crédits », explique Mario Langlois, vice-président de la Coalition zéro émission Québec.

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Plus les efforts sont conséquents, plus on a de crédits. On peut même les accumuler et les utiliser les années suivantes. Soit dans le but d'éviter des sanctions financières, car on a moins d'offres électriques, soit dans le but d'en vendre à d'autres constructeurs qui seraient en retard en matière de développement électrique et qui ont donc besoin d'éviter une sanction.

Dans son « Plan d'action en électrification des transports 2015-2020 » dévoilé en octobre dernier, le gouvernement du Québec a timidement glissé que son approche « pourrait éventuellement se traduire par l'adoption d'une norme Véhicule zéro émission ». « Notre volonté est d'aller de l'avant avec la mise en place d'une norme zéro émission », a ensuite tweeté le ministre de l'Environnement, David Heurtel.

Pour plusieurs, c'est la mesure phare dont ont besoin les voitures électrique et hybride branchable pour stimuler l'offre sur les marchés. Et donc la demande. Ce projet de loi doit également servir le gouvernement québécois lui-même, qui a fixé la cible de 100 000 voitures du genre immatriculées dans la province d'ici 2020.

On compte un peu plus de 8300 véhicules branchables au Québec en date du 1er janvier dernier. Le temps presse.

Beaucoup s'accordent à dire que c'est un objectif «très ambitieux» dont «on est très, très loin». Et les dates évoquées - 2017 voire 2018 - pour adopter une loi zéro émission ne réjouissent pas les tenants de l'auto branchée.

«Il faut profiter de l'arrivée des nouveaux véhicules électriques ayant plus d'autonomie et étant plus abordables», appuie Simon-Pierre Rioux, président de l'Association des véhicules électriques du Québec.

Un projet de loi est en cours d'élaboration. Au cabinet du ministre Heurtel, on se fait évidemment discret. « Nous annoncerons nos intentions en temps et lieu », se contente de dire Mylène Gaudreau, attachée de presse du ministre.

«La tendance est à la hausse, tranquillement, dit Chantale Guimont, présidente de Mobilité électrique Canada, association qui promeut ces voitures. C'est sûr que la voiture électrique va percer. D'ici ces deux à trois prochaines années, il va y avoir une tendance lourde. On ne parle plus d'intentions, on est en mode production chez les constructeurs.»

Les tout électriques en vente au Canada

• BMW i3

• Chevrolet Spark

• Ford Focus

• Kia Soul

• Mitsubishi i-Miev

• Nissan Leaf

• Smart ForTwo

• Tesla Model S

À venir



• Chevrolet Bolt - Début 2017

• Hyundai Ioniq - Début 2017

• Tesla Model X - Printemps 2016

Les hybrides branchables en vente au Canada

• Audi A3 Sportback e-tron

• BMW i8

• Cadillac ELR

• Chevrolet Volt

• Ford C-Max

• Ford Fusion

• Ford Transit Connect

• Hyundai Sonata

• Porsche Cayenne SE

• Porsche Panamera SE

• Toyota Prius

À venir 

• Chrysler Pacifica - Automne 2016

• Hyundai Ioniq - Fin 2017

• Mitsubishi Outlander PHEV - Printemps 2016

• Volvo XC90 - Hiver 2016

• VIA Vtrux - Automne 2016