Notre dossier consacré la semaine dernière au «coup de pouce nécessaire» à la démocratisation de la voiture électrique au Québec a suscité énormément de réactions, des questions et des contestations parfois. En voici les doléances les plus pertinentes et les réponses qui s'y rapportent.

LES SUBVENTIONS NE SONT PAS POUR TOUS

Le programme provincial de subventions à l'achat d'un véhicule électrique et d'une borne de recharge ne s'adresse pas à tout propriétaire d'un tel véhicule. Charles DesBiens l'a appris à ses dépens lorsqu'il a acheté une voiture électrique d'occasion. «Ma demande de subventions pour une borne a été refusée, car une demande avait été faite par le premier propriétaire du véhicule», dit-il. Il est pourtant indiqué sur le site internet du programme qu'un «véhicule admissible ne peut faire l'objet que d'une seule demande d'aide financière» et que «le programme offre le remboursement d'une seule borne de recharge par véhicule admissible». M. DesBiens fait remarquer que «la revente d'un véhicule électrique risque d'être difficile, car une borne ajoute environ 1500$ au véhicule d'occasion». Étant donné qu'il s'agit d'un programme de subventions, on peut cependant comprendre que celles-ci soient attribuées par véhicule et non par propriétaire ou par foyer.

ÉCONOMIE D'ASSURANCES



Avec l'avènement des voitures électriques et hybrides branchables, les compagnies d'assurances se sont mis à la page en offrant des rabais à la signature d'un contrat d'assurance annuel. D'une compagnie à une autre, ceux-ci varient de 10% à 20%. Les rabais sont en général plus généreux pour une voiture électrique (20%). En se livrant à une petite séance de magasinage, on a constaté que les rabais variaient de 10% à 15%, dans le meilleur des cas, pour un véhicule hybride branchable. On a également constaté le manque de clarté de certaines offres alors que des assureurs permettent de cumuler ces rabais verts avec d'autres en vigueur.

 

CONTRE UNE HAUSSE DES TAXES



Parmi les mesures fortes évoquées il y a une semaine pour favoriser la présence de 100 000 véhicules branchables au Québec dans cinq ans, figurait la hausse de la taxation sur les carburants. Une idée qui fait plus que grincer des dents, si l'on en croit des lecteurs. «Trouvons des solutions pour le futur et arrêtons de toujours pénaliser l'automobiliste d'aujourd'hui. Les véhicules électriques commencent à peine à pointer et ne sont pas encore très intéressants. Partir de Montréal pour se rendre à Gaspé est au stade d'une excursion et nous voulons taxer d'avantage ce qui fonctionne et ce qui nous est proposé depuis plus d'un siècle. Ce n'est pas sérieux», résume l'un d'eux, Richard Trottier. «Ce n'est pas aux consommateurs d'être encore surtaxés sur l'essence. Moi, j'ai déjà choisi mon véhicule électrique et il ne sera sur le marché qu'en 2020», conclut un autre, André Tremblay.

DIFFICILE RECHARGE À DOMICILE



Des changements au Code de construction du Québec concernant les installations électriques sont entrés en vigueur en mars 2011. Le si peu qui concerne les véhicules électriques ne s'adresse qu'aux électriciens. Au quotidien, la recharge à domicile dans des quartiers urbains centraux pose problème et se heurte à des réticences légitimes. «Les trois quarts des habitants des grandes villes stationnent leurs voitures dans la rue à l'année. On fait quoi pour le branchement ? N'est-ce pas ce manque d'accès qui freine l'achat ? C'est du moins mon cas», interroge Patricia Riberdy, résidente du Plateau à Montréal. Même si des promoteurs immobiliers le font, l'installation de raccordements électriques et de bornes de recharge dans tout nouveau projet immobilier est seulement encouragée - par des certifications LEED ou Novoclimat - mais n'est pas imposée au Québec par quelque institution que ce soit.

ET LA BATTERIE?



Certains entendent «dire que la batterie coûte un prix de fou lorsque vient le temps de la changer», comme en témoigne Patricia Riberdy, intéressée à remplacer sa Toyota Echo par une voiture électrique. C'est plus ou moins une idée reçue. D'une part, car on ne sait pas encore avec certitude quelle est la durée de vie maximale d'un bloc-batterie étant donné la récente mise en marché des premiers modèles. D'autre part, car les constructeurs offrent habituellement une garantie de huit ans pour ces batteries. Une garantie réfère toujours à la durée potentielle du bien et à l'utilisation que l'on en fait. Est-ce que la facture d'un changement de batterie après l'expiration de la garantie peut être salée ? Rien ne le garantit...

TRANSMISSION INTÉGRALE DEMANDÉE



Le mot de la fin reviendra à ce lecteur de la région Chaudière-Appalaches, François Bergeron : «Deux problèmes majeurs demeurent à l'extérieur des grandes villes qui composent près de 50% du Québec. L'autonomie très limitée des véhicules (Il nous arrive régulièrement de faire plus de 600 km aller pour un voyage) et l'absence de traction intégrale pour presque tous ces véhicules, nécessaire en milieu rural très souvent. Enfin, il faut être riche pour pouvoir s'offrir un véhicule électrique. C'est certain que nous aimerions pouvoir obtenir un tel véhicule, mais pas sans autonomie, avec une traction intégrale et à un prix abordable.»