Que faire lorsque bébé numéro 3 arrive? La mini-fourgonnette n'a pas la cote, en raison de son image pépère. Mais parfois, même les familles les plus récalcitrantes succombent à ses attraits. D'autres résistent et arrivent à se serrer les fesses dans une petite voiture. Quatre familles de cinq expliquent leur choix.

UNE PETITE VOITURE, SO WHAT?



Isabelle Ahmad et Enrique Garcia ne voient pas pourquoi ils posséderaient une grosse voiture. Même avec trois enfants. Faire du camping, ce n'est pas leur tasse de thé. Tout comme les longs déplacements en voiture. Leur priorité est de posséder un véhicule économique. Voilà pourquoi ils conduisent une Pontiac Vibe.

Parent de trois garçons, ce couple du quartier Ahuntsic, à Montréal, n'est pas dévoreur de bitume. En six ans, leur Vibe affiche à peine 65 000 km au compteur.

En 2005, la petite famille, deux enfants à l'époque, se promenait en Toyota Tercel, voiture dont elle était amplement satisfaite, sauf pour un point: l'espace. L'achat d'une nouvelle voiture est donc devenu inévitable.

Leur premier choix, se rappellent-ils, était la Mazda5 qui venait tout juste d'arriver sur le marché. Son apparence et sa conduite séduisaient grandement Isabelle, mais pas son prix. «Elle coûtait dans les 25 000$. Pour nos besoins, cet investissement ne valait pas la peine», dit Isabelle, 41 ans. Deuxième choix, la Matrix. «On est des inconditionnels des produits Toyota», précise Enrique.

Le hic, c'est que le couple veut la climatisation, mais pas les «autres gadgets», comme les vitres électriques, qui gonflent la facture. Il se tourne alors vers la Vibe, une voiture quasi identique, issue d'un partenariat avec Pontiac. «À 19 000$, on avait la climatisation, ce qui nous coûtait 2000$ à 3000$ de moins qu'avec la Matrix», dit Enrique, 41 ans, ingénieur dans le secteur biomédical.

Une fois les clés de leur Vibe en main, ils ne se doutaient pas qu'un jour, le petit Lou ferait son apparition. Pour les amis d'Isabelle et d'Enrique, c'était maintenant l'évidence: l'heure de la fourgonnette avait sonné. Mais le couple tenait mordicus à sa Vibe. «Avec le siège d'enfant et le siège d'appoint, c'est sûr que le plus vieux était à l'étroit sur la banquette arrière, mais pas assez pour s'en plaindre», dit Isabelle.

Ont-ils des trucs à partager pour réussir à tout entrer dans une petite voiture? Pour le problème du coffre plein à craquer, leur solution est des plus simples: ils voyagent toujours... en avion! «J'aime mille fois mieux ce mode de transport que la voiture», affirme Isabelle.

Les Garcia-Ahmad se qualifient de «beach bums». Leur destination de choix: l'Espagne, pour visiter la famille Garcia, et les Caraïbes, pour les plages ensoleillées. «Et quand on part, on prête toujours notre voiture à des gens, même si on ne les connaît pas beaucoup», disent-ils. À qui la chance!

Photo Marco Campanozzi, La Presse

Isabelle Ahmad et Enrique Garcia ne voient pas pourquoi ils posséderaient une grosse voiture pour transporter leurs enfants, Noa, Mael et Lou.

POUR PASSIONNÉS DE PLEIN-AIR

Dans son ancienne vie, Claude Lefebvre partait à la campagne aussi souvent que possible pour faire du trekking et de l'escalade. Charles Désy faisait de même pour s'adonner au vélo de montagne. Dans leur nouvelle vie de parents, le plein-air a pris toute une débarque. Avec leur Subaru Outback, ils souhaitent retrouver, à une autre échelle, leur mode de vie d'antan.

Charles, Claude et leurs trois enfants partiront au minimum deux fois en camping cet été. Pour ce faire, ils chargeront à ras bord le coffre surdimensionné de leur Subaru, rempliront leur boîte de transport et installeront deux vélos sur le toit. Avec l'expérience, ils savent qu'une fois rendus en camping, en enlevant la glacière, ils auront assez d'espace pour s'improviser une table à langer dans le coffre! «Les couches seront stratégiquement rangées dans l'un des multiples compartiments secrets de la soute», explique Charles Désy, 36 ans.

S'ils ont jeté leur dévolu sur une Outback d'occasion (2002), c'est beaucoup en raison d'une heureuse expérience antérieure avec ce constructeur japonais. Claude a possédé, durant ses études, une vieille Subaru. «Au prix dérisoire que je l'ai achetée, ç'a été mon meilleur investissement à vie. Elle m'a été fidèle jusqu'à son dernier souffle», raconte Claude, vétérinaire-urgentologue.

Les deux conjoints aiment la traction intégrale de leur Outback - «Avec trois enfants à bord, on n'a pas le goût de pelleter pour dégager la voiture», dit Charles -, sa capacité de chargement phénoménale, sa réputation de fiabilité et, avouent-ils, l'image que projette cette marque. «Les Subaru, c'est vraiment des voitures pour les amants de plein air», disent-ils. Comme quoi le marketing, ça marque les esprits.

Avant de signer un pacte avec le constructeur nippon, Charles devait s'assurer que cette voiture à traction intégrale pouvait contenir trois sièges de bébé. «La première chose que j'ai faite en l'inspectant, j'ai mesuré la banquette arrière. On avait besoin d'un minimum de 51 pouces», dit-il.

Le couple sait parfaitement que ce véhicule très lourd consomme beaucoup d'essence. Pour cette raison, ils l'utilisent au minimum. La plupart du temps, ils effectuent leurs déplacements urbains, dont les allers-retours quotidiens vers la garderie (à huit minutes en auto) au volant de leur seconde voiture, une Madza Protegé 2002.

Résultat: leur Subaru ne roule que 5000 km par année. Et pour brûler moins d'essence, Charles utilise une panoplie de petits trucs. Par exemple, il mesure mensuellement la pression des pneus. «C'est devenu une routine pour moi de le faire en faisant le plein», dit-il. En bichonnant sa voiture utilitaire, le couple souhaite prolonger sa durée de vie. Pour en profiter au maximum.

Photo Marco Campanozzi, La Presse

Claude Lefebvre, Charles Désy et leurs enfants Danaë, Yohan et Matéo partent en camping avec leur Subaru Outback.

FAMILLE COMBLÉE AVEC LA 5

Un spacieux habitacle intérieur, la possibilité d'asseoir confortablement trois enfants et une tenue de route impeccable, voilà les raisons qui ont poussé Alain Long et Julie Cloutier dans les bras de la Mazda5. Le seul désavantage de cet amour, la dimension réduite du coffre qui les oblige, lors de leurs fréquents voyages de camping, à jouer à Tetris avec leurs bagages !

Pour rien au monde, ce couple du quartier Villeray, ne serait devenu propriétaire d'une fourgonnette familiale. La raison: Alain, 46 ans, voulait retrouver le plaisir de conduire, après des années de sacrifice comme chef de famille. «Je voulais absolument une voiture à transmission manuelle, qui se conduit comme une voiture normale», dit-il. Avec la Mazda5, il croit avoir trouvé le juste équilibre entre agrément de conduite et vie familiale.

C'est l'arrivée d'Alice, qui a aujourd'hui un an et demi, qui a poussé cette famille reconstituée - Alain a deux ados en garde partagée - à magasiner une plus grosse voiture. «On adore faire du camping et l'on voyait bien, avec notre ancienne Mazda Protegé, qu'on n'arriverait pas à rentrer tous les bagages avec le siège de bébé», raconte Julie, 34 ans.

Le couple avait le coup de coeur pour la Mazda5. Mais une fois chez le concessionnaire, le doute les a envahis. «Quand on a vu la taille minuscule de la soute à bagages, lorsque la troisième rangée de sièges est déployée, on est retourné à la maison pour y réfléchir. Il a fallu une deuxième visite pour nous convaincre d'acheter», dit Julie. Pour pallier le coffre trop petit, ces professeurs au cégep ont installé des barres de toit et une boîte de transport pour partir en voyage.

Les Long-Cloutier ne sont pas des passionnés de conduite. En 2010, ils n'ont parcouru que 12 000 km, ce qui comprend un voyage en Gaspésie et un autre jusqu'à Baie-Comeau. À l'extérieur de la période des vacances, leur véhicule peut rester garer pendant des jours dans leur espace de stationnement.

La seule réserve qu'ils affichent vis-à-vis leur Mazda5 est au niveau de sa consommation d'essence, plus élevée qu'ils ne l'envisageaient. «On dépasse allégrement le 10 litres aux 100 km», déplore Alain. Mais à l'inspection du véhicule avec le journaliste, Alain avoue que la boîte de transport Thule coiffe le véhicule en permanence. Cet équipement, estiment les spécialistes, réduit l'aérodynamisme du véhicule, haussant la consommation de 5 à 10%. D'où cette différence probable avec les statistiques de consommation fournies par le constructeur.

Photo André Pichette, La Presse

Alain Long et Julie Cloutier ont adopté la Mazda5 pour véhiculer leur petite famille composée de Francis, Pascal et Alice.

RÉSISTER, PUIS LUI TOMBER DANS LES BRAS

Jamais de la vie, ils conduiraient une fourgonnette. Un char de mononcles fait pour les stationnements de Wal-Mart. Voilà ce que pensaient Dario Iezzoni et Stéphanie Archambault jusqu'à l'arrivée de leur troisième enfant. À partir de ce moment-là, leur perspective a changé... Aujourd'hui, non seulement ils sont propriétaires d'une Dodge Grand Caravan, mais en plus ils en parlent avec passion!

«On était ouverts à toutes les possibilités, sauf aux véhicules utilitaires sport et aux fourgonnettes. À nos yeux, ces voitures émettent trop de gaz à effet de serre, ce qui était contraire à nos valeurs», raconte Stéphanie. Pour ce couple de Brossard, tous les deux 36 ans, déjà propriétaire d'une voiture (Ford Focus), il fallait réduire l'empreinte écologique.

Lorsque Stéphanie est enceinte du troisième, ils entreprennent leur magasinage en visitant pratiquement tous les concessionnaires du boulevard Taschereau. À chaque visite, ils trimballent leurs deux enfants, Ariane, 5 ans, et Clémence, 3 ans, leurs deux sièges d'enfant ainsi que la coquille pour le futur bébé. Le but: tester la banquette arrière de toutes les voitures pour voir si la marmaille peut y entrer. «Peu de voitures ont réussi le test, mais les vendeurs tentaient toujours de nous faire croire que ça marcherait», dit Dario.

La liste des prétendantes rétrécit, peu à peu. Au final, il ne reste que la Volvo Cross-Country - trop cher - et la Subaru Outback. Une mauvaise expérience antérieure avec le fabricant japonais élimine cette possibilité. Idem pour la Mazda5. «On avait un coup de coeur pour cette voiture, mais quand on a tenté d'entrer notre poussette double dans le coffre de la Mazda5, on a vite déchanté. Malgré ses qualités, elle était trop petite», dit Dario, qui travaille pour la promotion du café équitable chez Santropol.

Le couple se rend à l'évidence. Seule une fourgonnette répond à ses besoins. C'est la mine basse, racontent-ils, qu'ils se rendent chez le concessionnaire Chrysler, situé à cinq minutes à pied de leur maison, pour en faire l'achat au plus vite. Stéphanie, enceinte jusqu'aux oreilles, pleure dans la salle d'exposition. «Je me suis mise à chanter: En caravane, allons à la campagne...», raconte cette avocate. Ça ne s'invente pas.

Trois ans plus tard, la famille avoue qu'elle ne se passerait plus de son «autobateau» (surnom que les enfants donnent à la fourgonnette). Sa capacité de chargement continue de les épater. «Tout l'équipement de camping rentre dans la voiture sans l'aide d'une boîte sur le toit», s'étonne Dario. On vante aussi sa bonne visibilité, son agréable conduite, sa consommation d'essence inférieure à leurs attentes et sa capacité pour loger, en plus de leurs rejetons, les amis de leurs rejetons! En résumé, ils adorent leur véhicule mais espèrent qu'il ne sera qu'une étape dans leur vie...

Photo André Pichette, La Presse

Pour leurs trois filles Ariane, Clémence et Juliette, Dario Iezzoni et Stéphanie Archambault sont devenus propriétaires d'une Dodge Grand Caravan. Ils en parlent aujourd'hui avec passion!