En Occident, l'auto est beaucoup. Elle peut n'être qu'un objet utilitaire, une boîte qui ne sert qu'à transporter des gens avec une efficacité qui prête à discussion. Elle peut aussi servir de point de référence pour situer l'individu au sein d'une strate sociale précise de par son exclusivité, son opulence (qui se veut quelque fois plutôt illusoire, marketing oblige). Toutefois, dans de rares cas, elle peut être la résultante d'un égarement d'idées, de pensées qui échappent à toute raison, mais qui peuvent être matérialisées sans trop d'anicroches. La Zenvo ST1, dont il est question ici, est plus qu'une bagnole, elle est l'euphorie, cet égarement poussé à son paroxysme dans toute sa magnificence.

Le dessin de la ST1, premier supercar entièrement conçu et fabriqué au Danemark, déconcerte. L'orgie d'angles, tous cependant légèrement rebondis, conjuguée à un élancement extraordinaire de la chose contribuent à consolider la singularité de l'oeuvre. Le devant de l'engin, quant à lui, provoque de par son coup de crayon qui semble s'inspirer d'un fauve à la bouche entrouverte aux profondeurs abyssales. L'arrière s'édifie toujours autour d'une brutalité saisissante, fixant l'observateur au moyen de quatre yeux à demi couverts positionnés au-dessus de pots d'échappement très hauts et caractérisés avantageusement par une certaine simplicité.

 

Pour entrer dans le club sélect des supersportives, il ne faut pas seulement un engin au design dit «marginal», il faut une motorisation qui puisse rivaliser avec les concurrentes solidement établies. Zenvo a tout simplement voulu souffler ces dernières en dotant la ST1 d'un moteur très audacieux, pour ne pas dire inédit. Il s'agit, en fait, d'un V8 d'une cylindrée de 7 litres, partiellement inspiré de celui équipant la Corvette Z06 auquel on a greffé un turbocompresseur et un compresseur volumétrique, du jamais vu dans la classe. Le travail concerté de ces deux organes mécaniques permet, selon Jesper Jensen, cofondateur de Zenvo, de réduire considérablement le temps de réponse du moteur au moment d'accélérations franches (problème souvent associé aux motorisations suralimentées).

La puissance et le couple ainsi obtenus frisent le délire: 1104 chevaux à 6900 tours/minute et un couple de 1054 livres-pied. Elle a donc un avantage de 103 chevaux par rapport à la Bugatti Veyron, la mesure étalon de la gamme. Situé au centre, à l'arrière du cockpit, ce huit-cylindres est guidé par une boîte manuelle de six rapports (une boîte séquentielle sera offerte à sa mise en marché). Le couple est, par ailleurs, envoyé à l'arrière à d'immense bottines (335/30R20). En plus d'être puissante, la ST1 est légère (l'usage de la fibre de carbone pour façonner sa carrosserie peut certes l'expliquer): elle ne pèse que 1376 kg alors que sa rivale affiche une masse de 1888 kg. Les performances sont difficilement qualifiables tant elles sont loin de tout repère «normal»: un 0-100 km/h en 3 secondes et une vitesse de pointe bridée à 375 km/h!

La Zenvo ST1 sera mise en production au début de 2010. Seulement 15 ST1 seront produites. Pour mettre la main sur un exemplaire, il faudra débourser la somme de 850 000 (environ 1,3 million de dollars) et attendre quatre mois. La voiture sera offerte pour importation au Canada, selon M. Jensen.