«Le marché automobile est en pleine mutation, ce n'est un secret pour personne. Ces profondes modulations influencent les approches, les manières de faire. On vise une efficacité frugale dans toutes les classes de véhicules, un processus d'adaptation généralisé jusque dans l'insoupçonné. Même les sportives doivent s'y plier, comme pour montrer le bon exemple, détourner en partie leur raison d'être (les prestations dynamiques qui priment sur tout). Le véhicule concept d'Infiniti, baptisé Essence, respecte ce qui semble devenu une logique écoénergétique axée sur la performance (on n'a qu'à penser aux études e-Tron de Audi et le concept EfficientDynamics de BMW).

Les designers mandatés par Infiniti semblent avoir puisé dans les bases même du grand tourisme. En fait, latéralement, on serait tenté d'y voir une adaptation plus moderne de l'intemporelle Shelby Cobra Daytona Coupe, un bolide de course qui a concouru en championnat GT en 1964 et 1965. Le capot, d'une longueur éléphantesque, prolonge brillamment l'arc de toit très peu prononcé, pour former un tout infrangible, une harmonie fascinante. Les portières, quant à elles, sont d'une singularité magnifique avec, sur leurs sections supérieures, une partie proéminente rectiligne qui épouse la courbe naturelle de l'engin (que l'on peut voir seulement de face) pour aller s'achever sur les ailes de proue. L'avant suit indéniablement la ligne directrice imposée en fait de design. Sa grille très protubérante semble avoir été empruntée au FX37 et ses phares en pointe de flèche soutirées à la G37. Néanmoins, l'ensemble est d'une pureté gracieuse.

 

La motorisation implantée dans l'Essence est pour le moins particulière. En fait, il s'agit originellement d'un V6 d'une cylindrée de 3,7 litres gavé par deux turbocompresseurs. L'utilisation de la suralimentation est clairement légitime lorsque l'on s'attarde aux bénéfices qu'elle procure. Les constructeurs y ont de plus en plus recours afin de produire des groupes motopropulseurs plus puissants avec de plus petits moteurs, ce qui fait diminuer la consommation de carburant de manière importante. Seul, ce six-cylindres déposé à l'avant produit 434 chevaux, ce qui est tout de même remarquable.

 

Toutefois, afin d'optimiser l'utilisation de ce moteur à combustion, on lui a greffé un moteur électrique à aimants permanents. Appelé moteur 3D (parce qu'il est le résultat d'une étude en trois dimensions du champ magnétique qu'il produit), il est pratiquement plat et est logé entre la boîte de vitesses et le moteur V6. Selon Infiniti, cette nouvelle génération de moteurs électriques offre un couple deux fois plus élevé que sa devancière. Il puise son énergie dans une batterie au lithium-ion qui se recharge par l'entremise du moteur à essence. Lorsque ces deux organes mécaniques fonctionnent en synergie lors d'accélérations soutenues, l'Essence peut compter sur une puissance maximale ahurissante de 592 chevaux. En plus d'assister son «homologue» à essence, la motorisation électrique peut mouvoir le véhicule à basse vitesse de manière indépendante. L'auto ne produit donc aucune émission polluante durant cette phase.

 

Selon Didier Marceau, directeur principal des communications de Nissan Canada (et donc Infiniti), l'Essence ne sera jamais produite dans cette mouture. Concrètement, il s'agit d'un laboratoire exposant certains éléments mécaniques et esthétiques de la prochaine génération de voitures Infiniti. Les curieux pourront admirer l'oeuvre au prochain Salon international de l'auto de Montréal, qui se tiendra du 15 au 24 janvier 2010 au Palais des congrès de Montréal.