La marque Lada, objet de raillerie et souffre-douleur du marché automobile canadien durant des décennies, représentait très mal sa mère patrie. Ses voitures, bribes d'une époque communiste marquée par l'austérité, n'avaient qu'un seul argument pour se faire désirer: leur prix.

Mais voilà, cela fait près de 19 ans que le bloc soviétique a sombré, assez d'années pour voir éclore l'antithèse de la Lada utilitaire et rustique. Elle s'appelle Marussia B2 et se présente comme une voiture aux manières éclatées.

 

L'engin a même le nom, sans que l'on sache si le lien est voulu, d'un bombardier furtif de l'armée américaine, le B-2 Spirit.

 

 

Traits acérés

 

Le constructeur moscovite Marussia, fondé en 2007, affirme être la première entreprise russe à s'attaquer au marché des voitures sport.

 

Pour donner suite à ses aspirations, il a doté sa B2 d'une toilette d'une excentricité bien dosée.

 

D'une hargne quasi glauque, son design recèle plusieurs éléments singuliers. Ses flancs formés de trois sections clairement délimitées, où se logent des buses de refroidissement aux proportions imposantes, en sont un bel exemple.

 

L'autre chose qui frappe est la surface vitrée de l'habitacle, dont le découpage fragmenté et les dimensions réduites ne sont pas sans rappeler le cockpit de l'explosive Jaguar XJ220, très affaissée.

 

L'arrière, toujours aussi façonné d'angles, puise son originalité, entre autres, dans ses pots d'échappement haut perchés, situés au centre en lien direct avec le capot moteur prolongeant le coup de crayon de son toit.

 

Dire qu'elle n'a été dessinée qu'en 36 jours... D'une beauté sauvage.

 

Un coeur, gracieuseté de Cosworth

 

En observant la bagnole, vous devez vous douter qu'elle jouit d'un moteur d'une véhémence incorrigible, quelque chose comme un gros V12 débordant de couple ou un V8 biturbo laissant échapper à l'occasion le sifflement de ses soupapes de décharge. Il n'en est rien.

 

Sous le couvercle arrière, on découvre un V6 atmosphérique d'une cylindrée de 3,5 litres placé au centre du châssis, un moteur somme toute très commun. Ce moulin, préparé par la maison Cosworth, peut cependant produire, dans sa version la plus olympienne, 420 chevaux.

 

C'est puissant, mais est-ce assez pour créer émoi et frayeur à Maranello? Pas si sûr. Néanmoins, et le bémol est de taille, la B2 ne pèse que 1100 kg et sa version la plus svelte, dont la carrosserie est modelée d'aluminium et de kevlar, 850 kg. À l'exécution, le chiffre du 0-100 km/h ne peut mentir: il est abattu en 3,2 secondes!

 

Un tarif exotique

 

La B2 sera offerte de base, dès son entrée européenne (dont la date reste indéterminée), à 117 000 (150 000$). Ce prix, très optimiste et situé entre celui d'une Audi R8 et d'une Porsche 911 Turbo, la positionne en concurrence directe avec des constructeurs aux moyens astronomiques.

 

L'addition comprend, entre autres choses, un système multimédia (donnant l'accès à l'internet, à la télévision et à la téléphonie IP) ainsi qu'un programme projetant sur le pare-brise des données sur l'auto.

 

Si elle vous intéresse, Khasan Ganiev, directeur des relations publiques de Marussia, nous a confirmé que l'entreprise souhaite exporter ses modèles au Canada et aux États-Unis, sans toutefois pouvoir donner de date de lancement. Qui sait, cela déclenchera peut-être une ouverture du marché russe pour la performance?

 

C'est Lénine qui doit se retourner dans sa tombe.