Le salon automobile de Detroit est-il en train de perdre de son influence? Cette année encore, certains constructeurs font l'impasse sur le rendez-vous. Ford n'y présente même pas sa Focus électrique. Pendant ce temps, Montréal peut s'enorgueillir d'accueillir une quarantaine de marques au cours de son prochain salon qui commence vendredi.

Est-ce la sinistrose qui a touché les acteurs du milieu automobile au cours des deux dernières années qui n'est pas révolue? Ou sont-ce plutôt des choix stratégiques qui expliquent des absences, parfois notoires?

Un peu de ceci et beaucoup de cela, répondront certains observateurs. À cette nouvelle édition du NAIAS qui débute aujourd'hui pour les médias, des constructeurs japonais sont absents. Une fois de plus pour certains. Nissan, Infiniti, Mitsubishi et Suzuki ne sont pas présents au Cobo Center. Et ils ne sont pas les seuls. Si Porsche y effectue son retour avec, en prime, une première mondiale, les marques de prestige brillent par leur absence. Les Aston Martin, Ferrari, Lamborghini, Lotus ou encore Rolls Royce ne sont pas là pour faire rêver les visiteurs. Pas la moindre voiture Saab non plus, soit dit en passant. Du côté des locaux, Fisker a préféré Los Angeles le mois dernier à Detroit cette année pour présenter en première nord-américaine sa Karma version production. Le Californien n'est pas à Detroit.

Nissan-Infiniti et Mitsubishi ont invoqué des raisons économiques pour expliquer leur absence. Le second a précisé à L'Auto que Detroit ne correspondait pas au lancement de ses produits.

Si l'on tient compte de l'unique présence chinoise, celle de BYD, le plateau de cette année regroupe 36 marques. Soit cinq de moins qu'au salon de Montréal qui ouvre ses portes au public vendredi.

Certes, Montréal n'a pas pu compter sur les présences de Tesla ou BYD qui ont choisi la capitale de l'automobile. Certes, ce sont des concessionnaires Rolls Royce et Saab, par exemple, qui sont au Québec et non les constructeurs eux-mêmes, ce qui est souvent le cas d'ailleurs pour la métropole montréalaise. Tout de même. Le salon de Detroit a perdu de sa superbe et de son influence.

«Le salon de Detroit est un salon de journalistes, contrairement à New York, Los Angeles ou Montréal. Detroit est révisé dans le positionnement marketing», ose avancer Denis Dessureault, directeur exécutif du Salon international de l'auto de Montréal. Detroit a, il est vrai, fort à faire avec ses «voisins» californiens et new-yorkais.

«À l'exception de Ford, il est le pâle reflet de ce que l'industrie américaine est devenue. Même s'il demeure un incontournable, on cherche à conquérir les marchés de la côte Ouest», estime notre confrère Éric LeFrançois, coauteur du guide annuel L'Auto.

La présence à un salon relève de la stratégie. «Il y a beaucoup de facteurs pris en considération quand vient le temps de décider d'une participation à un salon spécifique. Le moment où un modèle est lancé en fait partie. Dans le cas de Detroit, il n'y avait pas de produits qui coïncidaient avec la période du salon», explique Heather Meehan, conseillère en communication pour Nissan-Infiniti.

Même Ford fait l'impasse

Cette stratégie est primordiale quand vient le temps de décider de s'afficher ou non dans les salons qui, aujourd'hui, ne réservent plus de surprises de toute façon. Porsche a curieusement choisi Detroit plutôt que Los Angeles pour y présenter sa primeur mondiale? N'oublions pas que Lotus a précédemment débarqué en force sur la côte Ouest...

Autre exemple significatif qui pourrait s'apparenter à un camouflet pour Detroit: la décision de Ford de présenter en primeur mondiale sa Focus électrique au Consumer Electronics Show (CES) à Las Vegas, et ce, pas plus tard que vendredi dernier. Un choix loin d'être anodin. Le CES est le plus gros salon du genre au monde. Ford craignait-il de voir sa Focus noyée parmi les autres nouveautés à Detroit?

Les constructeurs essaient d'anticiper, de savoir qui sera sous les feux de la rampe, qui sera à la une. Oui, il faut avoir des nouveautés pour s'afficher. Mais nouveautés ou pas, certains se permettent à présent de faire l'impasse sur un salon comme Detroit.